“1, 3, 5 Zone, on est 10, on est 100 devant le 46”. C’est comme ça que démarre le dernier titre du collectif 135, “135 Zone”. Des paroles reprises ensuite dans le refrain et qui donnent le ton : c’est un collectif, qui s’appelle 135, et ils sont nombreux. OK, mais alors, derrière ça, il y a quoi ?
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Plusieurs médias musicaux et spécialistes rap ont partagé ce week-end sur X/Twitter le dernier clip du groupe réalisé par Nino Rec, remuant ainsi le controversé réseau d’Elon Musk, tout nouveau membre du gouvernement trumpiste. En même temps, on pouvait s’y attendre tant le profil est identifiable, commentable. Une ride à vélos, du rap sur de la house, la force d’un collectif fourni, un potentiel nouveau boys band, bref pas mal d’ingrédients permettant la viralité. Certains parlent du “revival de 1995”, de l’Entourage ou encore du Panama Bende, d’autres mettent en avant le mélange des genres musicaux, rap et musiques électroniques. En effet, 135 se définit comme créateur de la Dry Music, mélange de “clubbing, rap de rue (étrange formulation cela dit), house, techno et trap”.
Un autre point a fait du bruit, bien loin des sentiers artistiques qui nous intéressent, la récupération de compte clairement identifiés de la fachosphère. Et ce après l’apparition de critiques de certains internautes mettant en avant le fait que le collectif n’est quasiment composé que d’artistes blancs. 135 a depuis répondu sur le réseau social, coupant court à la polémique et ne s’affiliant en aucun cas à ce genre de pensée.
Revenons à la musique, le collectif issu du XIIIe arrondissement de Paris veut imposer sa patte sans se mettre de barrière. Un bon point entaché par un résultat en demi-teinte pour le moment avec des morceaux qui n’apportent au final que peu de changements/évolutions et tombent parfois à plat. À ce jour, ils n’ont que quelques singles à leur actif ainsi qu’un projet de cinq titres dévoilés en 2022, le temps nous fera-t-il mentir ? La maturité à gagner, dans les textes notamment, permettra peut-être de fédérer d’autant plus derrière leur univers. Quant à l’imagerie, très bien travaillée par ailleurs, elle ressort assez clichée.
La force du nombre est une vraie plus-value sur laquelle 135 peut s’appuyer, d’autant plus lorsqu’on sait que les 12 artistes sont des amis d’enfance ayant autant grandi avec la MZ et Mister You qu’avec “les mixes des Daft Punk” et qu’ils comptent dans leur rang non pas que des rappeurs, mais également des beatmakers, vidéastes et graphistes. Une plus-value qui connaît son revers de la médaille en ne permettant pas aux rappeurs de se différencier, ou peu, se noyant dans une masse compacte dans laquelle il peut être difficile de s’extraire. Passé l’apparence tape à l’œil d’un large collectif qui peut attirer le regard des auditeurs comme des professionnels qui voit là une belle opportunité de se rapprocher d’un crew parisien nouvelle génération, il faut ensuite réussir à concrétiser.
C’est là que 135 peut apparaître comme brûlant les étapes, se tirant finalement peut-être une balle dans le pied en passant par des canaux de promotion direct avant d’arriver à nos oreilles de manière organique. Inouïs du Printemps de Bourges, un set d’une heure avec Rinse France et Jeune à Jamais, non, le collectif ne sort pas de nulle part mais pâti d’un cercle médiatique sûrement trop ambitieux ou arrivant encore un peu tôt. Alors qu’on vient à peine de mettre des visages sur ce nom, la bande sera également en live aux Transmusicales le 5 décembre et au FGO Barbara le 13 février, le bon moyen de prouver sur scène en faisant les travaux, ils ont le nombre pour.