Au tout début des années 2000, peu de séries remettaient en question la masculinité ou tentaient une approche différente de l’amitié entre “bros”. C’est d’ailleurs toujours aussi rare aujourd’hui. J.D. (Zach Braff) et Turk (Donald Faison), respectivement internes (au début de la série) en médecine et en chirurgie à l’hôpital fictif du Sacré-Cœur étaient le couple emblématique de Scrubs. Deux amis pour la vie, complices depuis la fac, qui s’aiment en dépit (la plupart du temps) de ce que leurs collègues peuvent bien penser. C’est d’ailleurs surtout J.D. et sa sensibilité qui sont le plus souvent moqués, en particulier par son supérieur, le Dr Cox.
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En réaction, ils ont parfois le vieux réflexe du “no homo”, comme si deux hommes ne pouvaient pas s’aimer sans que cela fasse d’eux des “gays refoulés” (et quand bien même, ça ne devrait pas être un problème tout court). On leur pardonne ce petit instinct viriliste, l’époque n’était pas vraiment propice à faire avancer les mentalités sur ce terrain. Ce qu’on retient en revanche de leur indéfectible amitié, ce sont les nombreuses démonstrations d’affection, leurs délires en commun, les petits noms qu’ils se donnaient entre eux…
Scrubs a connu une mort discrète et en demi-teinte avec la saison 9, dont la majorité du cast originel était absente, en 2010. Mais tout ce qu’il y avait avant cette dernière saison valait son pesant de cacahuètes ! Et les meilleurs morceaux, évidemment, c’est à J.D. et Turk qu’on les doit. Il faut dire que les deux acteurs sont aussi BFF dans la vraie vie. Ça aide !
#1 Quand ils ne sont pas ensemble, ils sont en manque
Sans doute l’une des scènes qui représente le mieux leur amitié. C’est le tout premier épisode de la saison 4, nous ne les avons pas vus depuis des mois, et eux, ne se sont pas serrés dans les bras depuis des jours. Insoutenable. Alors, quand Turk revient de sa lune de miel avec Carla, les retrouvailles avec J.D. sont à l’image de leur relation : enthousiastes, bruyantes, trop mignonnes mais ultra bordéliques ! Évidemment, l’effusion est, comme souvent, stoppée par le Dr Cox qui assène d’un ton méprisant : “Hey, les jeunes mariés… et Carla”. Mais qu’importe, c’était beaucoup trop chou pour nous gâcher un moment si pur.
#2 Le gag le plus con du monde
Parmi les nombreux jeux auxquels s’adonnent régulièrement J.D. et Turk, il y a le “Docteur le plus géant du monde”. C’est un gag purement visuel, aussi vieux que les dessins animés, et qui est devenu un véritable trope de la pop culture, appelé le Totem Pole Trench. On l’a même vu, plus récemment, dans BoJack Horseman avec le personnage de Vincent Adultman. Traditionnellement, il s’agit d’un enfant qui monte sur les épaules d’un autre, et qui, cachés sous un trench-coat, se font passer pour un homme adulte. Mais nos deux héros étant de grands gamins, ils reprennent ce jeu à leur compte et se planquent, évidemment, sous une blouse de toubib.
#3 Une passion commune pour la sitcom The Brady Bunch
Elle n’est pas connue en France, mais elle est culte de l’autre côté de l’Atlantique. The Brady Bunch est de ces sitcoms familiales qui ont façonné toute une génération de quinquas et de quadras. J.D. et Turk n’échappent pas à la règle et partagent une vraie passion pour cette inoffensive comédie des années 70. Le premier a même acheté deux colliers “hommage” pour lui et son BFF. La série se paye même un caméo qui a dû ravir les fans américain·e·s en la personne de Barry Williams, qui jouait le petit Greg Brady dans la sitcom. On découvre aussi dans cette scène la salutation que notre irrésistible duo tente de perfectionner. Il y a encore du boulot côté choré…
#4 Leur chien empaillé Rowdy
Jamais, durant les neuf saisons qui composent la série Scrubs, nous n’avons vu Rowdy courir dans les herbes folles. Le labrador empaillé de J.D. et Turk, acheté dans une brocante huit ans auparavant, a pourtant un quotidien bien rempli. Nos deux compères lui parlent et s’occupent de lui comme s’il était en vie et s’en servent pour jouer des tours à leur pauvre voisin, ou au malheureux Ted, l’avocat raté du Sacré-Cœur. N’importe qui, en dehors du duo, trouve la présence de Rowdy carrément creepy, mais nos deux BFF refusent de s’en séparer. C’est un peu l’enfant qu’ils n’ont jamais eu ensemble. Et qui leur sert aussi d’ouvre-bouteille à l’occasion.
#5 Quand ils jouent les pimps
Parmi les innombrables rêves éveillés de J.D., l’un des plus drôles est celui où il fait une entrée triomphante aux côtés de Turk, les deux habillés en mac très bling-bling des années 70. Ce fantasme qu’ils partagent à deux reprises est censé illustrer leur confiance en eux et leur statut de demi-dieux. Cadors dans leurs domaines respectifs, ils ont toutes les filles à leurs pieds. Et pour plus d’équité, la seconde fois où J.D. fait ce rêve, c’est lui, et non Turk, qui est torse nu. Il admet que, puisqu’il a fait du sport depuis la dernière fois, il avait envie de montrer un peu le fruit de son dur labeur. Le gag est peut-être d’un goût douteux, mais il est drôle !
#6 J.D. est l’éternel sidekick de Turk, et ça lui va
On le sait, les rêveries de J.D. peuvent partir de rien, et aller loin, très loin. Ici, il suffit que le Dr Kelso les présente comme son “dynamic duo” pour qu’il s’imagine Turk et lui dans la peau de Batman et Robin. Mais, cruelle épiphanie due à un sentiment d’infériorité, il comprend aussi qu’il se donne le rôle du sidekick dans ses propres fantasmes. Le voilà affublé du rôle de Robin. Turk lui rétorque alors : “Ça pourrait être pire Robin, tu pourrais être Alfred le majordome”. Et, foutue imagination, J.D. se change aussitôt en Alfred. On pourrait tout mettre sur le dos d’un manque d’estime du jeune médecin, mais la faute est partagée : c’est aussi parce qu’il met son meilleur ami sur un piédestal. Et ça, c’est beau.
#7 “Guy Love”, l’hymne à leur amitié
Dans l’épisode six de la saison six, intitulé “My Musical”, une patiente atteinte d’un mal mystérieux débarque au Sacré-Cœur : devant ses yeux, tout le monde chante. Les numéros de music-hall s’enchaînent alors, telle une super production de Broadway, dans les décors de l’hôpital. Et forcément, J.D. et Turk ont droit à leur hymne, “Guy Love”, qu’on pourrait traduire par “amour de mec”. Et, si ça n’était pas évident jusque-là, nos deux BFF divergent quand il s’agit de montrer ou non les sentiments qu’ils se portent. J.D., le sentimental du duo, aimerait pouvoir crier au monde entier son amour pour Turk. Ce dernier, en revanche, précise qu’il éprouve la même chose, mais préférerait garder ça pour lui, bien enfoui. La série a souvent mis en exergue la toxicité de l’environnement professionnel de Turk, le service de chirurgie étant un vrai boy’s club.
#8 The Final Eeeeeaaaaaaggle
Ça n’est plus à prouver, J.D. est un enfant dans un corps d’adulte. Un de ces trucs préférés, c’est qu’on le fasse virevolter au-dessus du sol. Cette manœuvre, qu’il baptise lui-même “l’aigle”, apparaît à plusieurs reprises dans la série. Et à chaque fois, le jeune médecin crie “EAGLE !” Il le pratique avec Turk, bien sûr, mais lui fera quelques infidélités selon les opportunités, comme lorsque Ben Sullivan (Brendan Fraser) le soulève dans l’épisode 23 de la saison 1, ou lorsqu’il se retrouve sur le toit de la Porsche du Dr Cox dans l’épisode 20 de la saison 5. Mais naturellement, c’est avec son “ours en chocolat”, comme il l’appelle affectueusement, qu’il a perfectionné sa technique. Aussi, dans l’ultime épisode de la saison 8, quand J.D. fait ses adieux au Sacré-Cœur avant de partir vers de nouvelles aventures, Turk le surprend avec… le “Final Eagle”.
#9 Ils célèbrent des anniversaires un peu particuliers
Il y a les couples qui se souviennent, avec émotion, de leur premier baiser, leur première balade en amoureu·ses, leur premier “je t’aime”… et puis il y a Turk et J.D. qui n’oublient jamais la fois où ils ont rencontré David Caruso, l’acteur des Experts Miami, sur une grande roue. Et chaque année, comme nous l’apprend le jeune interne, ils célèbrent ça avec un bon vieux “Eeaaaagle !” Mais cette fois c’est différent : pour les cinq ans de cet anniversaire, pas de “Eeaaaagle !” en vue, mais une confrontation de leur vision différente de la “bromance”. Un terme que Turk abhorre pour les raisons citées plus haut. Il demande alors à J.D. d’y aller mollo sur les “PDA”, soit les “démonstrations publiques d’affection”. Masculinité toxique, quand tu nous tiens ! Heureusement, l’amour entre ces deux ressort toujours victorieux et nos BFF de série préférés ne peuvent enfouir très longtemps leurs sentiments.
#10 Leur connerie est parfaitement synchronisée
Comme on l’a vu ici, malgré leurs nombreuses divergences d’opinions et de caractère, J.D. et Turk sont complices à la vie à la mort. Et par-dessus tout, ce qui les unit, c’est aussi leur connerie. Des bêtises parfaitement synchronisées, au grand désespoir de Carla, ces deux-là en font à la pelle. Qu’il s’agisse de torturer leur voisin en plaçant Rowdy sur son palier, ou de fourrer sa main dans des endroits incongrus et d’y rester coincée. Les enfantillages de J.D. et Turk sont l’un des piliers de Scrubs. Sans eux, et sans l’affection incommensurable qu’ils se portent l’un l’autre, la série n’aurait tout simplement pas été la même. Cœur sur eux.
Les neuf saisons de Scrubs sont disponibles sur Disney+.