Pour peu, on l’aurait cru maudit. Le 28 février 2016, après plus de 30 ans de carrière et 4 nominations “Léo” terrassait enfin un signe indien en décrochant le Graal hollywoodien : l’Oscar du meilleur acteur pour sa performance dans The Revenant. Une libération attendue de pied ferme par la superstar, dont le parcours fulgurant a si souvent orbité autour de cette prestigieuse distinction – sans jamais pouvoir la toucher du doigt.
Épopée d’un frustré
Très tôt, l’Oscar lui passe sous le nez. Actif sur grand écran depuis le début des années 1990, Leonardo DiCaprio est révélé au public avec Roméo + Juliette, et explose grâce au Titanic de James Cameron en 1997. Cette romance fiévreuse devient l’un des plus grands succès de l’Histoire au box-office mondial, et fait carton plein à la cérémonie des Oscars de 1998 : meilleur film, meilleure réalisation, meilleure musique… Triomphe absolu.
Enfin, presque. Contrairement à son acolyte Kate Winslet, DiCaprio n’est même pas nommé dans la catégorie “meilleur acteur”. L’amertume est de mise. Mais après tout, Léo n’a que 24 ans, une gueule d’ange et du talent à revendre. Il cumule les succès sous l’égide de la crème des cinéastes US dont Spielberg avec la comédie Arrête-moi si tu peux, mais surtout Scorsese qui lui offre le rôle-titre, celui de Howard Hughes, dans Aviator.
Une partition torturée pour laquelle les Golden Globes lui décernent la récompense du meilleur acteur. Quant à l’Académie des Oscars, elle nomme pour la première fois Léo dans cette catégorie. Mais lui préfère finalement Jamie Foxx.
Pas démonté pour un sou, l’acteur enchaîne les plateaux de tournage à un rythme effréné. Il inquiète dans Shutter Island, horripile dans Django Unchained, rayonne dans Gatsby le magnifique. Et égaye avec Le Loup de Wall Street, le triomphe de Scorsese qui vaudra à l’interprète sa quatrième nomination aux Oscars de 2014. D’où il ressort bredouille, là encore.
Hugh Glass, un rôle taillé pour l’Oscar
Leonardo cumule les Golden Globe, Bafta et autres Saturn Awards. Mais toujours pas d’Oscar à l’horizon. La chose devient même l’objet de plaisanteries sur la Toile. Mais si, rappelez-vous. Tous les mèmes style “Give that man an oscar”. Bonne pâte par beau temps comme par météo capricieuse, DiCaprio s’était amusé sans aigreur de ces contenus viraux.
N’empêche. La précieuse statuette se fait attendre. Et lorsque l’acteur apparaît au casting de The Revenant dans le rôle-titre de Hugh Glass, l’authentique trappeur laissé pour mort par ses compagnons dans le Missouri du XIXe siècle, beaucoup le pressentent : cette fois, c’est la bonne. D’une part parce que l’interprète crève l’écran de A à Z dans des paysages majestueux, filmé sous la direction d’Alejandro González Iñárritu (fraîchement multirécompensé pour Birdman).
Mais aussi et surtout parce que le rôle avait tout pour séduire l’Académie, qu’on sait sensible aux performances extrêmes. Levé aux aurores, tournage par -25° C et à la lumière naturelle uniquement, durée inhabituellement longue du tournage – 9 mois au total. Voilà pour la galère commune de l’équipe. Et DiCaprio est allé encore plus loin. De lui-même.
Il a ainsi été répété à grand bruit dans les médias que l’acteur avait “vécu l’enfer”. Bon, l’enfer, peut-être pas. Toujours est-il qu’il s’est baigné dans des eaux glacées, a dévoré du foie de bison cru. Et s’est même couché dans une authentique carcasse de cheval. Un programme à la Man vs Wild, quoi. Mais le jeu en valait la chandelle, puisque le “pire tournage” de sa carrière lui a valu rien de moins que la plus prisée des distinctions d’interprétation. Et gare à celui qui crierait au vol.
Rebelote imminente ?
Après une pause de quatre ans, Léo a fait son retour sur grand écran en 2019 à l’affiche de Once Upon a Time… In Hollywood, signé par l’étoile pop du ciné US Quentin Tarantino. L’acteur y campe un comédien des 60’s à l’aura pâlissante. Et on vous le donne en mille : il a été nommé à l’Oscar du meilleur acteur pour ce rôle. Brad Pitt, avec qui Léo partage le générique, repart de la 91e édition des Academy Awards avec, au bras, la statuette du meilleur acteur dans un second rôle. Son collègue et ami, lui, reste à quai.
Il faut dire que rafler une seconde fois la récompense dans un laps de temps aussi court aurait relevé de l’exploit. Mais il est permis de rêver. Après tout, l’acteur pourrait bien rejoindre le cercle très select des deux fois primé (Jack Nicholson, Dustin Hoffman…) grâce à un rôle annoncé comme complexe et ambigu dans le très attendu Killers of the Flower Moon. Soit le dernier projet de Scorsese à propos d’une enquête menée par le FBI sur des meurtres perpétrés au sein de la communauté osage, dans l’Okhlahoma des années 1920.
Faites chauffez les paris, et rendez-vous en 2022 pour voir la performance qui vaudra à Léo sa prochaine statuette. Ou pas.