Queer As Folk : la résurrection du show pionnier des séries LGBT+

Queer As Folk : la résurrection du show pionnier des séries LGBT+

Un reboot ultra glam' qui n’oublie rien de l’engagement politique original.

Chaud, chaud, chaud ! Près d’un quart de siècle après le légendaire show d’origine, et un premier remake paru en 2000, Queer As Folk revient sur Prime Video avec la vitalité et le punch d’un move de voguing. Des ingrédients rassemblés au crépuscule des 90’s par l’immense Russell T. Davies (Doctor Who, It’s a Sin…) pour concocter ce qui allait devenir l’une des plus sulfureuses séries de son temps, on retrouve plusieurs thèmes.

Les jeunes errances amoureuses, la parentalité, l’exploration de soi. La drogue, aussi. La fête, beaucoup. La fronde contre l’homophobie, surtout. Focus sur Queer As Folk mouture 2022 – avec détour obligé par la série originale, mère matricielle de tous les shows LBGT+ contemporains.

Cachez cette sexualité que nous ne saurions voir

C’est ce qu’on appelle “faire l’effet d’une bombe”. Alors qu’elle débute tout juste sa diffusion sur la chaîne britannique Channel 4 en 1999, Queer As Folk choque. Pour la première fois de l’histoire audiovisuelle, un show s’articule exclusivement autour d’hommes gays. Et montre avec crudité leurs ébats. My gosh !

Pire encore : la série met notamment en scène un personnage âgé de 15 ans (l’inoubliable Nathan, pour les connaisseurs). Ce, alors que la loi britannique interdisait à l’époque toute relation sexuelle aux mineurs en dessous de 16 ans. Si certains s’offusquent du “scandale”, d’autres en sont friands. Queer As Folk est l’une des séries les plus piratées des années 1990.

Un remake au goût du jour

Cette fois ce n’est plus à Manchester (Queer As Folk, 1999), ni à Pittsburgh (Queer As Folk, 2000) que se déroule l’action, mais du côté de la Nouvelle-Orléans. Plus précisément dans le quartier de NOLA où une communauté queer décomplexée a bien l’intention de vivre sa vie – et sa sexualité – au grand jour.

Du haut de ses 17 ans, Mingus décide de faire le grand saut. Dans le cabaret du Babylon (nom de l’iconique bar gay de la série originelle), l’ado non-binaire s’essaie pour la première fois à un concours de drag-queen. Flashs, applaudissements. Jusqu’à ce qu’un individu fasse éclater une fusillade. Un choix scénaristique rappelant inévitablement la tuerie de masse qui avait fait près d’une cinquantaine de morts le 12 juin 2016 dans Le Pulse, une boîte de nuit LGBT d’Orlando (Floride).

Le drame du Babylon (autour duquel s’articule toute la série) projette Mingus sur la route de Brodie et Ruthie. Le premier est venu en ville reconquérir le cœur de son ex. La seconde est en couple avec une femme, Shar, qui vient d’accoucher de jumeaux. Doit-on spécifier que Brodie en est le père biologique ?

À travers une mosaïque de personnages où l’accent est mis sur l’inclusivité (mention spécifique au personnage de Ryan O’Connell, atteint de paralysie cérébrale) Queer As Folk tisse, au fil de 8 épisodes, une intrigue pleine d’humour, de pop et de sensualité. Sans pour autant perdre de vue la complexité des enjeux auxquels est confrontée la communauté queer contemporaine.

Parentalité, transidentité et, bien sûr, homophobie. La mise en scène de la fusillade du Babylone rappelle avec violence – et urgence – que la haine envers la communauté LGBTQI+ existe. Qu’elle discrimine, qu’elle tue. En mai 2022 l’association SOS homophobie tirait la sonnette d’alarme dans son rapport annuel en faisant état, notamment, de plus de 2 100 crimes et délits recensés par la police française en 2021 contre des personnes lesbiennes, gay, bi et trans.