Jamais deux sans trois. Après Nine Perfect Strangers et Being the Ricardos, Nicole Kidman collabore avec Prime Video sur une nouvelle production originale : Les Expatriées. Une fresque dramatique, brossée par la réalisatrice sino-américaine Lulu Wang (The Farewell), qui retrace les vies cabossées d’une poignée d’expatriés. Des fortunés venu de l’autre bout du monde dans l’époustouflante mégalopole qu’est Hong-Kong, pour – l’espèrent-ils – donner une nouvelle impulsion à leur vie. Deux épisodes ont déjà débarqués sur la plateforme SVOD d’Amazon, les quatre autres suivront au rythme d’un par semaine, chaque vendredi. Focus.
Un enfant disparaît – la faute à qui ?
Margaret (Nicole Kidman) vit dans une résidence huppé, à Hong Kong. Elle a un mari, deux enfants et une femme de service Philippine qui s’occupe d’à peu près tout, à la maison. Une famille idéale en pleine ascension sociale, sur papier. Mais le rêve s’effondre lorsque, alors qu’une partie de la famille se promène dans un marché nocturne de Kowloon, le fils trompe la surveillance de Mercy (Ji-Young Yoo), une baby-sitter americano-coréenne, puis se volatise. Le drame forme un nœud, qui scellera les destins des protagonistes dont on suivra, pas à pas, les vicissitudes.
Plus précisément, la série suit à la loupe le parcours de trois femmes. Mercy et Margaret, donc, mais également la voisine de la seconde, Hilary (Sarayu Rao). Toutes trois sont emportées par le drame. Toutes trois devront, chacune à leur manière, “faire face” au deuil, à la culpabilité – à l’épaisseur du mystère qui entoure cette disparition, aussi. De sorte que, sans surprise, la série aborde frontalement la question de la résilience, et de la reconstruction.
Hong-Kong : la vraie star du show
Si Nicole Kidman est la tête d’affiche incontestée des Expatriées, c’est bien la “perle de l’Orient” qui crève l’écran. Lulu Wang ancre son récit dans le tumulte des manifestations populaires de 2014, dite “révolution des parapluies”. Soit le dernier sursaut de la jeunesse hong-kongaise face à l’emprise du régime de Xi Xiping. Un contexte propice à la mise en lumière d’une ville devenue l’un des bastions de résistance emblématique, contre les dérives autoritaires de la Chine, qui a aussi été, autrefois, l’épicentre de conflits coloniaux.
Cette métropole, plusieurs fois placée au carrefour de l’Histoire, se révèle dans la retranscription attentive – attendrie, presque – de ses verticalités. Mais aussi de ses effluves de street food, de ses éclairages de nuit – et de ses populations. Ici le pluriel est de mise puisque, sur ce point, Hong-Kong, qui fait ici l’objet d’une étude sociologique poussée, est présentée façon Janus. C’est-à-dire sous deux visages. Le premier est celui d’une ville accueillant à bras ouverts les expatriés les mieux dotés, en leur offrant des logements de luxe et des biens de pointe. Le second, moins glam’, arbore les traits d’une population précarisée, bien souvent contrainte de vendre ses services à auxdits nantis.
Les destins des différentes classes sociales qui peuplent la ville s’entrelacent – et parfois s’entrechoquent – pour former, pièce après pièce, l’éblouissante mosaïque d’Hong Kong. Un melting-pot à nul autre pareil.