Fraîchement auréolé du succès de Validé, Franck Gastambide délaisse le format série pour livrer un 4e long-métrage dopé à la boisson énergisante : Medellín. Un film d’action familial aux très, très gros moyens distribué sur Prime Video, dans lequel notre Vin Diesel national nous embarque avec un plaisir d’enfant au creux d’une Colombie interlope – celle des narcotrafiquants où plane, encore, l’ombre de Pablo Escobar.
Et parce que la fête ne serait pas épique en l’absence de ses partenaires historiques, le réalisateur invite au casting les indéboulonnables Ramzy Bedia et Anouar Toubali. Sans se priver de convier à la fête Mike Tyson, ex-star du ring passé maître dans l’art du caméo. De quoi offrir à son cinéma une envergure internationale ?
Il faut sauver le soldat Pablito
Tout commence en terrain connu. Façon Karaï et Pattaya, le film débute sur une intro’ à la voix off des protagonistes du film. Il y a d’abord Reda (Ramzy Bedia), le “grand du quartier”. Un type légèrement soupe au lait, qui fait des étincelles en coach de boxe ne sachant pas boxer, dont on apprendra vite qu’il a grand cœur : Monsieur a tendu les bras à son vieux pote, Stan (Franck Gastambide), après que celui-ci est tragiquement perdu sa famille. Ajoutons à cette brochette déjà haute en couleur Chafix (Anouar Toubali), une personne de petite taille mais à l’ego colossal, teinté dandy.
Mais surtout, il y a le petit frère de Reda, cet imbécile de Brahim , que tout le monde appelle “Pablito”. Pourquoi ? Mais parce ce forcené n’a rien trouvé de mieux, pour percer sur les réseaux, que d’imiter Pablo Escobar, légende noir du narco-trafic d’Amérique latine. Aveuglé par sa course aux likes, l’influenceur en devenir décide carrément de doper ses likes en allant faire un saut à Medellín, cœur battant du cartel du même nom qui était piloté par, vous l’aurez deviné, Escobar.
C’est là que les choses se gâtent. Si en France ce jeu du sosie n’était tout au plus perçu que comme une blague potache, dans le fief historique du baron de la drogue… On voit plutôt ça comme un infâme affront. De ceux qui méritent châtiment. Alors ni une, ni deux, l’ado se fait kidnapper par un groupe mafieux, histoire de montrer qu’on ne se moque pas impunément “del Padrino”. Avisé de l’évènement, Reda, plus échaudé encore qu’à l’accoutumée, décide illico de sauver son frangin, aux côtés de Stan et Chafix. Voilà le point de départ d’un périple à mi-chemin entre les excès de Very Bad Trip et l’absurde de La Chèvre.
Une comédie à portée mondiale ?
On aura tôt fait de retrouver dans Medellín la “patte Gastambide”, puisant autant dans la culture vanne que dans l’esthétique des clips R&B. Là où les habitués seront surpris, c’est plutôt par l’accent mis sur la dimension action movie XXL. Avec, au menu, des gunfights, une course poursuite en pleine autoroute et surtout – surtout – l’intervention de Mike Tyson, en vétéran de la lutte contre les narcos.
De quoi faire pencher le film vers un registre thriller ? Certainement pas. Gastambide assume d’A à Z un projet de comédie, pour la comédie. Scènes rocambolesques, usage cartonnesque d’effet spéciaux (mention spatiale aux effusions de sang)… Sans faire l’impasse, non plus, sur une ou deux séquences émotions bien senties. La nouvelle recette du réalisateur, pour viser une audience internationale, à l’appui de dialogues polyglottes (une louche d’espagnol, une pincée d’anglais…) ? On serait prêt à le parier.