Rappelez-vous. Il y a quelque 35 000 ans, dans une “nature intacte et sauvage où les mammouths cohabitent paisiblement avec les chevalmouths, les poulmouths et les vermouths”, le premier assassinat de l’Histoire a ébranlé la (toute relative) harmonie d’un clan.
RRRrrr !!!, c’est le récit 100 % absurde de ce tragique événement, ainsi que celui de sa résolution… “policière”. Une épopée imprégnée de l’humour si caractéristique des Nuls (Alain Chabat est à la réalisation), portée par un casting de haute volée et surtout ponctuée de sketch devenu classiques. À tel point qu’on n’a pas résisté à l’envie d’en dresser un top. En toute objectivité, bien sûr.
L’appel
Début du film. Une voix off plante le décor tandis que la caméra promène son regard sur une terre de désolation habitée par de drôle d’enguenillés – “nos ancêtres, les premiers hommes”, à en croire ladite voix off. Et d’ajouter : “nous sommes à l’âge de pierre”. Précision d’importance puisque lorsque le chef de village checke la présence des membres du clan, force est de constater que tous s’appellent… Pierre. Voilà. Le film a commencé depuis 2 minutes chrono que c’est déjà du grand n’importe quoi.
Sur le même sujet...
La surprise du crime
Nuit maudite pour la tribu des “cheveux propres”. À la faveur de l’obscurité, le “guérissologue” a sauvagement (enfin, maladroitement, surtout) abattu un compère au gourdin. Stupéfaction générale. En découvrant le corps, chacun y va de sa théorie. “Bouffé par une bête”, avance l’un. La triste œuvre d’un “végétal” suggère l’autre, encore moins futé, sans doute, que ses compagnons.
Pour mettre fin à cet absurde déballage d’extravagances, c’est notre guérissologue (le meurtrier lui-même, donc) qui prouve que l’homicide peut n’avoir été commis que “de la main de l’homme”. “Mais jamais quelqu’un n’a tué un autre quelqu’un”, s’émeut alors le chef du clan. Tandis que nous, on se bidonne. Sans rancune.
“L’horreur a un visage”
Malheur. Un deuxième “crimé” secoue notre clan favori. À Pierre – le chef de clan, pas le préveneur de nuit, ni le blond ni… enfin, vous avez compris – de venir sur place constater l’étendue des dégâts. Pas joli à voir. Alors le voici qui s’enfonce dans la grotte, s’approche d’une cavité et commence à débiter, avec plan rapproché sur sa calvitie, des bribes de phrases un peu sibyllines du genre de : “mal… Cogner… L’horreur… L’horreur a un visage.”
Quésaco ? Cette séquence est un clin d’œil très, mais alors très, très, appuyé à un passage culte d’Apocalypse Now où Marlon Brando, dans le rôle du colonel Kurtz, livre l’un des plus célèbres monologues de l’histoire du cinéma où il est question, en gros, d’horreur. L’hommage est si marqué qu’on était obligé de le mettre sur le podium.
Le coup de fil…
Avant l’invention du téléphone. Alors que toute la tribu se réjouit d’avoir débusqué, au terme d’une investigation haletante, la “crimié” voici que – han, han –, un oiseau du bois voisin signale à Pierre (le chef) un appel. Au bout de ce qui devrait être un combiné, nul autre que le meurtrier qui, dans un échange complètement lunaire annonce façon Zodiac l’horaire et le lieu de son prochain crime. Le point d’orgue du trésor de WTF qu’est RRRrrr !!!. Ni plus ni moins.
“Ça va être tout noir !”
Alors ouais, on triche un peu. Il ne s’agit pas à proprement parler d’une séquence du film, mais plutôt d’un running gag. Et quel running gag. Chaque jour, le “préveneur de nuit” fait la tournée du camp pour, on l’aura compris, annoncer que le soleil s’apprête à se faire la malle. Ressort humoristique suprême : sans que l’on comprenne bien pourquoi, chacun de ses interlocuteurs lui rétorque immanquablement (quoique avec une agressivité variable) : “ta gueule”. Big up à l’humour de répétition, médaille d’or de notre top.