Minute, scarabée : Bruce Lee était-il (vraiment) le prodige d’arts martiaux qu’il prétendait être dans ses films ?

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Minute, scarabée : Bruce Lee était-il (vraiment) le prodige d’arts martiaux qu’il prétendait être dans ses films ?

Savoir chorégraphier des bastons devant la caméra est une chose, maîtriser le Kung Fu en est une autre...

On disait de lui qu’il était “l’homme le plus rapide du monde”. À juste titre, diront certains. Après tout Bruce Lee, aka “Petit Dragon”, avait la réputation de balancer des coups de poing à une vitesse si fulgurante que même les caméras n’arrivaient pas à en enregistrer le mouvement. Enfin ça, c’est bon pour la légende du cinéma. Dans les faits, l’acteur sino-américain méritait-il son titre de “maître” ? Penchons-nous sur la réalité de l’homme, derrière l’icône du grand écran qui aurait pavé la voie aux Jackie Chan, et autres Jean-Claude Van Damme. Be water, my friend”…

Bruce Lee : un fils à pôpa ?

La question mérite en effet d’être posée. Si vous pensiez – naïvement ? – que Bruce Lee était une sorte d’enfant terrible, pur produit d’une enfance den rue dont la brutalité lui aurait enseigné à la dure l’art de la castagne, eh bien, c’est râpé. L’acteur aux rôles de dur à cuire est en réalité issu de l’union entre une mère demie-nièce d’un célèbre business man hongkongais, et un père vedette d’opéra chinois. En bref : monsieur Lee est issu de bonne famille. Une famille proche du milieu culturel, plus précisément. Ce qui ouvre de sacrées portes.

La célébrité de pôpa permet au jeune Lee d’apparaître dans plusieurs films asiatiques durant son enfance, avec une première “performance” dès ses 3 mois dans le rôle… d’un bambin qui pleure. Eh oui, on a les débuts qu’on peut ! Les années passant, Bruce Lee délaisse peu à peu le côté gosse-trop-choupinou pour s’initier, à 13 ans, aux arts martiaux dans une école dirigée par une véritable légende du registre, Yip Man. Problème : l’ado ne s’applique pas aux entraînements pour la beauté des compétitions, mais plutôt pour dérouiller les gangs de rue voisins.

Vachement inquiète de la trajectoire quelque peu “cabossée” vers laquelle semble s’engouffrer son fils, Maman Lee envoie Bruce à Seattle. Il a 19 ans, et l’objectif est clair : l’éloigné de ces querelles de trottoir qui pourraient un jour – qui sait ? – lui coûter la vie. Bon. Le fait est qu’en effet, le jeune homme prend ses distances d’avec la culture du “street fight” en enseignant le kung fu, et… en poursuivant des études de théâtre. À croire que les spotlights lui manquaient ! 

Mais la castagne, la vraie de vraie, n’est pas loin non plus. À la suite d’un différend aux motifs demeurés mystérieux, Bruce Lee est défié par un pair chinois en combat singulier, Wong Chack Man. La légende veut que cette rencontre ai été un désastre. Malgré tous ses coups de pieds, directs du poing et feinte des jambes, Lee aurait été incapable d’infliger ne serait-ce qu’une égratignure à son adversaire. Ça paraît un peu abusé dit comme ça, mais peu importe. Le fait est que Bruce réalise à quel point sa technique est imparfaite : tout est à repenser. Et ça tombe bien, notre future légende est un homme de challenge, comme le relate fidèlement le biopic Bruce Lee : La naissance d’une légende, ou encore l’épisode de Trop Jeunes pour mourir dédié à l’acteur, tous deux dispos sur Prime Video.

Mollo Lee, tu vas lui briser la nuque !!

Obstiné, Bruce développe une technique bien à lui. Il s’agit du jeet kune do qui s’affranchit des règles du kung fu en piochant du côté de la boxe française (hehe), de la lutte européenne ou encore de l’escrime. Le résultat de ce style de combat hybride, pensée autant comme un système de “renforcement musculaire” qu’un moyen  “d’auto-défense” ? Un art de la castagne particulièrement visuel, qui déploiera tout le flamboyant de son esthétique, non pas à travers la fureur de règlement de comptes de rue, mais… devant les caméras.

Même si au début, ça rame. En deux mots : Bruce Lee enchaîne les petits rôles et les pépins de santé avant de trouver, enfin, la gloire au moment de son retour à Hong Kong. Il suffira de quatre films (dont son premier succès majeur sorti en 1971, Big Boss) pour donner à l’acteur le statut d’une icône – mais pas d’un combattant hors pair ? Ça reste à débattre.

De fait, les compagnons de tournage de Bruce sont à la fois les premiers à le dire, et les mieux placés pour le souligner : “petit dragon” était un monstre de la baston. Chuck Norris himself, qui avait collaboré avec le prodige sino-américain dans La Fureur du Dragon, l’admettait en ces termes cités par le site Far Out“La vérité est que Lee était un adversaire redoutable avec un physique et une technique aiguisés. Lee était rapide comme la foudre, très agile et incroyablement fort pour sa taille”. Voilà, voilà. Quant à savoir si Bruce Lee aurait pu, de son vivant et dans un combat “réel”, terrasser la vedette gros-biceps-gros-pec de la série Walker Texas Ranger… À l’intéressé d’éluder avec une certaine élégance : “vous me pardonnerez de répondre avec un “brucéisme” : la vantardise est l’idée que l’imbécile se fait de la gloire”. Une punchline aux accents d’hommage, sans doute adressée plus au prodige du combat qu’à la star de cinéma qu’était maître Lee.