La place est toujours vacante. Depuis que Daniel Craig a tiré sa révérence – après quatre films de bons et loyaux services auprès de Sa Majesté, tout de même – nul ne sait qui sera la “septième personne” à endosser le costard de James Bond. Certains mentionnent Tom Hardy, d’autres Idris Elba. OK. Mais imaginons un instant que nous aussi, humbles mortels, puissions prétendre au titre. Aussi glamour paraisse-t-il, le poste d’agent “double zéro” du MI6 est-il vraiment enviable ? Arguments pour, arguments contre. Fight !
En prenant le relai de Mister Craig, vous pouvez…
1. Vivre la vie de star
Presque du niveau d’une Kim K. Eh oui, quand M vous envoie en mission, elle ne lésine pas sur les moyens. Tiens que voilà une Ashton Martin, tiens que voici un aller-retour en jet privé sur les Caraïbes (pour déjouer un attentat, bien sûr…). Faut-il le préciser ? La bouffe, le logement et tutti quanti sont aux frais de la maison. Raison pour laquelle “Bond, James Bond” a toujours un martini à la main – hips. Bonus : les gadgets à gogo que Q vous refourgue, à la manière d’un dealer enfiévré. Vous pouvez être certains que l’option “sous-marin” sur la bagnole, même la famille Kardashian ne peut pas se l’offrir. Cheh.
… Mais aucun proche ne sera au courant
Vous comptiez flamber sur les réseaux ? Pavaner devant les potes, en mettre plein les yeux à votre crush de toujours ? Râpé, râpé et… Râpé. Les cadres du MI6 vous l’ont assez répété. Dans l’expression “services secrets britanniques”, il y a le mot “secrets”. Donc on fait profil bas. On la joue quidam en évitant les sorties tape-à-l’œil, dans la vie de tous les jours. Officiellement, vous n’avez rien à voir avec le gouvernement britannique, et encore moins avec sa section “secret défense”. À vous de trouver une couverture pas trop honteuse. D’ailleurs, il y a urgence. Parce qu’à force de vous voir rater les soirées sous des prétextes douteux, et empiler les semaines sans faire la moindre stories ni publi’ online, votre entourage commence à croire que vous êtes sans emploi. Et dépressif. Et alcoolique. Et…
2. Avoir un quotidien palpitant
C’est sûr qu’entre une journée passée à taper des mails aux ordres de Mireille de la compta’, et barouder du Sahara à Moscou pour mettre une rouste au dernier super-vilain du crime organisé en date, y’a pas photo. Là, on vous a clairement pas arnaqué sur la fiche de poste. Y’avait écrit “profil aventureux requis”, et de l’aventure, vous aurez. Au point, parfois, d’avoir le sentiment de participer à un road trip touristique de l’extrême. Kite surf, descente de glacier en moto-ski et j’en passe.
… Mais en regrettant amèrement la “normalité”
Pas de repos pour les doubles zéros, selon le dicton du MI6 (c’est faux). M ne vous fout pas la paix, ne serait-ce qu’une petite semaine par an. Il faut toujours aller ici, ou là-bas. Et vite, par-dessus le marché. Une cadence infernale, qui use tant les nerfs que le corps. Votre dernière chute en parachute vous a laissé un vilain mal de genoux. E voilà six mois, déjà, que votre médecin vous prescrit des anxiolytiques à doses de cheval. Mais rien n’y fait : vous avez peur. Peur qu’on découvre votre couverture, et qu’un quelconque ennemi public ne s’en prenne à votre famille. Peur d’être torturé durant des heures, peur d’être abattu en rentrant chez vous le soir. Chienne de vie.
3. Empiler les conquêtes
Et sans forcer. Se glisser dans les chaussures de 007 semble déclencher un magnétisme fauve. Vous entrez dans une pièce, faites quelques pas, et voici que toute l’assemblée vous dévore du regard. À peine avez-vous besoin d’esquisser un “bonjour” que – paf ! – votre target s’est glissée sous vos draps. Pour se donner un ordre d’idées, à l’époque des Sean Connery, Roger Moore et George Lazenby, James Bond couchait avec environ trois partenaires par film. Un carton, quoi.
… Mais en disant “bye bye” au grand amour
Eh oui. Certains s’accommoderont, au moins un temps, d’une vie donjuanesque rythmée par les one shot sans lendemain. Mais pour les autres, plus fleurs bleues peut-être… Est-il besoin de rappeler le funeste destin réservé à Vesper Lynd (Eva Green, dans Casino Royal), pour ne citer qu’elle ? Qu’on se le dise : les “James Bond girls” ont une espérance de vie qui plafonne à 2 heures de film. Pour le projet maternelle, maison pavillonnaire, et adoption de chiots labradors, c’est poubelle. On frise un genre de malédiction, qui n’est pas sans rappeler le supplice de Tantale. Irrésistible charmeur, 007 est aussi celui qui est condamné à ne jamais voir ses amours s’épanouir, lorsqu’il ne précipite pas simplement leur passage de vie à trépas. Gore.
Conclusion : pas question de candidater
Ou alors, il faudrait vraiment être un fanatique de la couronne britannique. Alors là, oui, il y aurai tout le côté gloriole patriote, enthousiasme partisan etc. Mais étants français, il paraît improbable que nous nous sentions un devoir impérieux, à l’endroit du roi Charles III et sa clique. Dans cette configuration, autant dire que le poste ne fait pas franchement rêver. Certes, 007 mène une vie trépidante, toute de sport extrêmes et de voyages incessants. Mais à quel prix ? Voir ses proches périr, être passé à tabac. Puis frôler la mort à peu près 13 fois par jour.
On parle d’une profession dont la pénibilité fait exploser tous les compteurs. Ce, alors même que la paie n’a rien d’affriolant. Selon le portail professionnel Glassdoor, un agent secret du MI6 gagne environ 50 000 livres sterling par année, soit 58 000 euros. Une somme coquette par rapport au revenu moyen des français (21 760 euros par an en 2019, selon l’INSEE), mais dérisoire, eu égard aux risques pris. Bref, pas étonnant que Daniel Craig ai jeté l’éponge. Et bien fol celui qui serait prêt à reprendre le flambeau. Nous, on passe notre tour.
“Merci de l’intérêt que vous portez à notre profil, mais…”.