Alors que Paris respire au rythme des défilés, pourquoi ne pas s’offrir une plongée dans l’univers des plus grands noms du stylisme ? Pour se lancer, plus qu’à se rendre sur Prime Video, où les maisons de luxe dévoilent actuellement leurs coulisses à travers une flopée de documentaires. Florilège.
1. Jean-Paul Gaultier travaille
Silence, ça bosse ! Avec un enthousiasme aussi contagieux qu’à l’accoutumée, notre couturier vedette national révèle ses secrets de création à travers le bien-nommée Jean-Paul Gaultier travaille. Un format conçut par Loïc Prigent qui mêle images d’archives et séquences d’ateliers à l’ambiance pédago. “On ouvre le zip, on passe par la tête (…) ça c’est le haut du pantalon de marin, je l’ai accroché à une vareuse”, détaille le créateur qui retrace, avec force anecdotes, l’origine de chaque idée-clé derrière ses pièces iconiques.
La fameuse marinière, et ainsi que les non moins fameuses “jupes pour homme” par exemple. Au total, ce sont douze créations-phares (créées entre 1976 et 2015) que Gaultier recompose en live, devant la caméra. Avec une aisance déconcertante, le voilà qui découpe un jean, déchire du tissu, joue de l’épingle et – bim, boum, paf -, voilà une tenue culte qui naît. À nouveau.
2. Karl Lagerfeld se dessine
Autre nom majeur de la haute couture, autre approche documentaire avec Karl Lagerfeld se dessine. Ce n’est un secret pour personne : le regretté couturier aimait noircir des dizaines, des centaines de pages, de son coup de crayon. Alors c’est en bonne logique que Loïc Prigent lui a proposé de se raconter – lui, sa vie, ses créations – à l’aide de feutres, de pastels et même de maquillage pour femme. Quand on s’appelle Lagerfeld, on s’autorise.
Une cinquantaine de minutes et des dizaines de feuilles plus tard, on saisit mieux le parcours du styliste allemand. Dans l’intimité de son bureau, loin des flashs du catwalk, celui qui confie sans fausse modestie avoir toujours voulu “être différent de tout le monde” croque en direct, et sous nos yeux ébahis (forcément), la dureté du foyer familial. Les silhouettes qui ont fait sa gloire, son célèbre amant, Jacques de Bascher. Autant d’éléments ayant participé à faire du couturier disparut en 2019 l’indéboulonnable figure de la mode qu’il demeure aujourd’hui.
3. Le Testament d’Alexander McQueen
Encore un coup de Loïc Prigent. Cette fois, le réalisateur se penche sur l’éblouissant parcours du prodige anglais qui, en 2010, s’était ôté une vie qu’il qualifiait de “chaotique”. Pensé comme un hommage, Le Testament d’Alexander McQueen ausculte les trois derniers défilés du designer, ainsi qu’un posthume. Histoire de sonder à fond l’univers de “l’enfant terrible” de la mode.
Alors que Horn of Plenty évoque la crise financière de 2008, Plato’s Atlantis aborde les rivages alarmants de la crise climatique. Quant au macabre The Bone Collector, comment ne pas y voir une sorte de happening prémonitoire ? Véritable requiem à l’honneur du couturier, le documentaire s’attarde aussi sur Angels and Demons, un défilé “post mortem” saturé de motifs angéliques, comme hantés par la présence d’un mal. Celui qui rongeait Alexander McQueen depuis des années, sans doute.
4. Sur les pas de Christian Louboutain
Focus sur l’homme qui se cache derrière les fameuses chaussures à semelle rouge. “Je voulais dessiner des souliers, et qu’il plaise à des femmes. Qu’elles les portent. C’était mon ambition certaine, et la seule”, explique avec simplicité le créateur français, en intro de Sur les pas de Christian Louboutain. Un documentaire signé Olivier Garouste, qui accompagne notre designer adoré du star system dans sa préparation de l’exposition monumentale qui lui était consacrée au Palais de la Porte Dorée, en 2020.
Une porte d’entrée originale vers l’univers tout d’élégance, de féerie et de références historiques (cc, Marie-Antoinette) de celui qui, à travers le documentaire, se livre aussi sur son enfance. Sa “période Palace”, ses inspirations. Son rêve d’un soulier “devenu icône, qui fait rêver”, surtout.
5. La ligne Balmain
Gros plan sur la nouvelle génération. Avec La Ligne Balmain, Loïc Prigent (encore lui !) s’éloigne un chouïa des “monstres sacrés” de la mode pour se concentrer sur l’œuvre d’Olivier Rousteing, propulsé à la tête de la très, très prestigieuse, maison Balmain à seulement 25 ans, en 2011. Indépendante, la griffe à succès carbure à l’appui d’une équipe soudée – mais aussi de méthodes pour le moins détonantes.
En accompagnant la griffe durant ses préparatifs de défilé, le documentaire plonge au cœur de ce processus de création à part, où l’on “rectifie” les modèles sans aucun dessin préparatoire, à même les photos de la “pré-collection”. Une méthode en phase avec l’ère du numérique qui a su convaincre, jusqu’à Rihanna herself. La star avait accepté de devenir égérie, en posant pour la campagne printemps-été 2014 de Balmain. Excusez du peu.