On ne peut pas franchement dire que son nom fasse trembler les truands. Phénomène viral sur Internet plus que justicier de l’extraordinaire, Kick-Ass fait un peu pâle figure comparé à ses homologues de l’Univers Cinématographique Marvel (MCU). Certains seraient même tentés de dire qu’il ne leur arrive pas à la cheville, question castagne. Et dégaine. Et punchlines. Et pouvoirs… Etc.
De là à dire que le “héros” du film de Matthew Vaughn n’a pas l’étoffe, précisément, d’un “héros” ? Voire qu’il est le sauveur en costume le plus claqué qu’on ait jamais vu ? Pas si sûr. Car, au fond, ce défenseur improvisé de la veuve et de l’orphelin pourrait bien incarner les valeurs cardinales de tout vengeur qui se respecte. Un profil sur lequel serait peut-être bien avisé de s’inspirer ce gros rabat-joie de Batman, ou le plus crâneur des super-héros aka Superman. Voyons plutôt.
1. La fame, mais pas de melon
Dave Lizeweski (Kick-Ass) le dit sans honte, il est un “mec normal”, “nul au sport, pas surdoué en math, pas gamer pro”. Le genre un peu nerd, un peu looser. Façon Peter Parker, si vous voyez le style. Bon. Lorsque ce paumé explose sur la toile grâce à une vidéo de combat qui aura tôt fait de devenir la plus vue du monde, et que les ajouts Myspace s’additionnent à la pelle, il pourrait prendre la grosse tête – beaucoup l’auraient fait. Mais non.
Le type reste un monsieur-tout-le-monde. Contrairement à Clark Kent qui, lui, ne crache pas sur l’idée d’être adulé comme le quasi-Dieu de l’humanité et ne manque pas une occasion de montrer que oui, oui, il a de sacrés biceps et le don de lévitation, Dave se promène à pied, comme tout le monde. Il s’achète un rafraîchissement dans une enseigne de quartier – comme tout le monde. Et il ne snobe aucun appel à l’aide, même si ça concerne un chat perdu dans les rues de New York. Classe.
2. Toujours la banane
“J’ai la rage”, “j’incarne LA vengeance”, “ils pensent que je me cache dans l’ombre. Je surveille, attendant de frapper. Je suis l’ombre”… Oh la la, on a compris, Bruce. Ces citations extraites du Batman de Matt Reeves foutent un sacré blues. Le super-héros dépressif parce que – sniiiiif – Gotham ça craint, et c’est vraiment trop dur de combattre le crime, y en a assez.
On demande un modèle avec la liesse au cœur, le bonheur aux coins des lèvres. Quelqu’un comme, disons… Kick-Ass. C’est bien simple : ce vert secoureur de l’innocent a toujours la pêche. Il dodeline dans la rue, lâche des highfive aux passants, n’hésite pas à verser dans le “ouhouuuuuu” pour exprimer son excitation. De quoi nous redonner le sourire à tous.
3. Du courage à revendre en cas de baston
De la hardiesse, Kick-Ass en a. Des aptitudes à la castagne… Beaucoup moins, faut reconnaître. Il n’a pas le marteau enchanté de Thor, ni la vitesse supersonique de Flash. Il ne vole pas, ne peut pas se transformer en titan verdâtre et ne balance aucun rayon laser. En fait, il n’a que des bâtons jumeaux pour défendre l’humanité. Un peu léger. Surtout lorsqu’on sait que Dave ne sait pas les utiliser – ou si peu.
Reste que notre justicier a des tripes. La preuve, lorsqu’il aperçoit un homme se faire rouer de coups par trois autres, Kick-Ass intervient illico. Et se prend naturellement une belle raclée même si, notons-le, il parvient à tenir relativement en respect les assaillants. Geste proprement héroïque : au moment où l’un des malfrats dégaine un couteau et laisse une dernière chance au justicier de laisser tomber, Dave lâche qu’il “préférerait mourir” plutôt que de prendre ses jambes à son cou. Qui n’aimerait pas avoir un bonhomme de cette trempe pour veiller sur son quartier ?
4. Une âme si chevaleresque qu’elle rendrait jaloux un Lancelot du Lac
À l’origine de Kick-Ass il y a une appétence, un peu excessive peut-être, pour les comics. Mais surtout de l’indignation. Dave ne supporte pas que le mal puisse avoir libre cours sans que personne ne réagisse. L’injustice le révolte, un point c’est tout. Alors que faire ? Rester les bras croisés, comme tout le monde ? Pas question.
“Mettre un masque et aider les gens, qu’est-ce que ça a d’impossible ?”, interroge candidement cette tête brûlée avant d’ajouter : “Pas besoin de traumas ou de bague magique pour faire un super-héros, il faut juste la parfaite combinaison d’optimisme et de naïveté.” Derrière l’audace insensée de Kick-Ass il y a donc cette volonté très simple, très pure, faire le bien.
À sa petite mesure, modestement. Et toujours en mettant du cœur à l’ouvrage. Une détermination sans failles qui fait définitivement de Kick-Ass un authentique héros. N’en déplaise à la clique de la Justice League. Allez Batou, Superman, ravalez votre seum et faites-lui une place dans la team. L’humanité vous en saura gré. Promis.