Jurassic Park est-elle la destination touristique la plus flinguée de tous les temps ?

Scandale

Jurassic Park est-elle la destination touristique la plus flinguée de tous les temps ?

L'arnaque du siècle, hein Spielberg ? HEIN ?

Flambée des festivals, retour de la teuf en plein air, apéros à gogo… Pas doute, ça sens l’été. Et qui dit été, dit loisirs. Distractions, excursions atypiques – aventures extraordinaires, si possible. Pour creuser à fond ce registre, imaginez qu’on vous offre une virée dans le plus sensationnel des parcs à thème : Jurassic Park. Oui, oui, celui imaginé par Steven Spielberg himself, avec ses vélociraptors, son T-Rex et tout le tintouin. Excursion alléchante, pour sûr. À moins que… Oui, à moins que l’île de Isla Nublar, sous ses airs de carte postale, ne se révèle être l’adresse touristique la plus pourave de 2023. Voire de la décennie – voire du siècle ? Étudions la question, point par point.

En faisant un saut au Jurassic Park…

1. Tu pourrais exaucer ton rêve d’enfant…

Étant môme, qui n’a jamais caressé le fol espoir de voir des dinosaures “en vrai de vrai” ? Parce que les lions, autruches et autres otaries du zoo d’à côté c’est bien, mais un diplodocus, c’est mieux. Principe élémentaire qui te paraîtra d’autant plus évident que si t’es d’une génération d’après 1990, ton enfance a forcément été bercée, un moment ou l’autre, par l’univers de Steven Spielberg. Qu’il s’agisse de la trilogie originelle débutée en 1993, de l’héritage Jurassic World ou de l’adaptation animée signée Lego. Forcément, ça fait rêver.

… Mais ça souillerait ton âme d’adulte

Eh oui. Pour rappel Isla Nublar, l’île fictive qui sert d’écrin au Jurassic Park, est située au large du Costa Rica. À l’ère d’une crise écologique majeure, qui songerait à s’offrir un vol France-Amérique centrale pour voir des animaux en captivité ? Ajoutons à cela que si ce parc existait, sa politique du loisir-avant-tout et ses tarifs qu’on supposerait prohibitifs s’adresserait, à coup sûr, à une population d’ultra-privilégiés n’ayant que faire de la 6 extinction de masse, et autres catastrophes naturelles. As-tu vraiment envie de partager ton été avec ces énergumènes ?

2. Tu ferais exploser ton Insta…

100, 200 – non, 300 abonnés en plus ! Le tout grâce à un simple selfie, où ton visage épanoui apparaît aux côtés d’un tricératops à la mine, elle, pour le moins circonspecte. Quel triomphe, quelle gloire. Pas si étonnant, lorsqu’on connaît le succès toujours florissant, jamais démenti, des post animaliers sur les réseaux. Exit les si conventionnelles stories de plage au sable fin et tutti quanti – t’es là pour révolutionner le game, ni plus ni moins. À toi la place du premier dino-influenceur au monde. Vite, une vidéo du prochain show de vélociraptors !

… Mais tout risque d’être fake

Le climat tropical paradisiaque, la nature vierge – du pipeau, rien que du pipeau ! Tu te rappelles de ta déception, en voyant débarquer sur ton plateau un burger de fast food rachitique, après être tombé en pâmoison devant sa présentation – gourmande – sur un encart publicitaire ? Eh bah là, c’est pareil. En lieu et place de la parenthèse enchantée escomptée, te voilà à crever de chaud sur une île 100 % artificielle, ravagée par le tourisme de masse où circule (dans Jurassic World) plusieurs milliers de visiteurs par jour. Des ordures partout, une promiscuité asphyxiante. Les dinosaures, dans tout ça ? Trop effrayés par le boucan pour pointer le bout de leurs museaux. Question stories en or, on repassera. 

3. Tu pourras dire “j’y étais”…

Ça, personne ne pourra te l’enlever. Que Jurassic Park soit une débâcle à la Fyre Festival ou non, y faire un tour fait logiquement partie des dingueries-à-faire-au-moins-une-fois dans sa vie, aux côtés du plus traditionnel saut en parachute. Emballé ou déçu, ta visite sera une vraie poule aux œufs d’or, question anecdotes pour briller en société. Avec des punchlines du niveau de : “le T-Rex, on en fait une montagne, mais une fois que vous l’avez en face, vous réalisez que ça n’est jamais qu’un gros lézard”. Classe.

… À moins que tu ne laisses ta vie sur place

Sur l’échelle des loisirs à la plus forte dangerosité, il y a le sky surfing, la “traque à la tornade” et puis, en première place du podium, Jurassic Park. Celles et ceux à la mémoire courte l’auront peut-être déjà oublié, mais on parle d’un véritable scandale, aux manquements sécuritaires multiples révélés dans la franchise ciné’. Coupures criminelles des systèmes de protection, évasion massive de super-prédateurs… Le tout à plusieurs kilomètres de la civilisation – et donc sans possibilités d’intervention militarisée rapide. Le cauchemar, quoi.

Conclusion : on n’y fout pas un pied

Ou alors il faudrait nous payer très, très cher. Motif ? Jurassic Park, derrière ses atours d’équipée fantastique, a tout d’une arnaque XXL. Dernière lubie d’une société de loisirs débridée, ce “divertissement” représente peu ou prou tout ce qui déconne dans notre époque, lancée dans une course aveugle au “toujours plus”. Exemple : pour redonner un coup de fouet à l’attractivité du lieu, dans Jurassic World, des scientifiques s’improvisent docteurs Frankenstein en créant carrément une nouvelle espèce (Indominus Rex, de son petit nom) plus brutale, plus féroce que les spécimens que Dame Nature avait eu soin d’inventer, il y a quelques millions d’années.

Conséquence de cette hubris, fruit monstrueux d’une humanité prête au pire pour engranger toujours plus de bénéfices ? Un drame dont les proportions auraient viré au dantesque, n’était l’intervention salutaire d’Owen Grady (Chris Pratt). Le problème, c’est que si Jurassic Park existait, il n’y aurait pas de héros fictifs façon Owen Grady, Ellie Sattler ou Alan Grant. Nadaniet. Juste le carnage provoqué par un énième ego-trip de l’espèce humaine. Laquelle, au lieu d’inventer des business aussi rapaces que périlleux en se rêvant faiseuse de miracles à coup de manipulation d’ADN, notamment, ferait bien de se focaliser sur l’urgence. Genre réduire sa consommation de viande.

Bref, Jurassic Park c’est d’évidents problèmes de sécurité, une énième plaque tournante d’un tourisme massif dont on connaît les ravages. Aussi et surtout, y séjourner, ce serait nourrir un business charognard, tristement obnubilé par le profit. Next.