XVIe siècle. Une dame d’Angleterre de sang royal se castagne à la dague, envoie paître ses pairs masculins et n’hésite pas à mater à la dérobée un bellâtre, lorsqu’il se lave dans l’arrière-cour d’un château. Tout ça, avec une gourmandise de gosse. Good God. Mais on est où là, au juste ? Dans la réinterprétation très pop, très sensuelle, de Prime Video autour du parcours de Jeanne Grey (Jane Gray, pour parler en Shakeaspeare), dite la “reine de neuf jours” pour la simple et bonne raison… qu’elle a été décapitée au bout de ce délai, sur fond de conflit de succession, après être monté sur un trône dont elle ne voulait pas. “Fuck that” comme le suggère de manière fleurie la voix off du trailer de My Lady Jane, qui transforme le destin funeste de cette Tudor en… Épopée rock’n’roll. Car oui, notre Jane nouvelle mouture, pas du genre à attendre le “prince charmant”, entend bien foutre le bordel dans la société so policée de l’aristocratie d’outre-Manche en vivant sa vie comme elle l’entend. Le geste téméraire, les amourettes à la pelle – et la tête sur les épaules, toujours. Focus.
La plus badass des reines
Dans la “vraie vie” Jeanne Grey, que les historiens s’accordent à décrire comme une femme d’une grande érudition, est choisie comme monarque sans qu’on lui demande franchement son avis pour éviter que Marie Stuart (aka “bloody Mary”) n’arrive au pouvoir. Parce que cette catholique notoire aurait, à coup sûr, voulut rétablir les vieux principes de l’Église dans une Angleterre alors était en transition vers le calvinisme. Bon. Le stratagème d’évincement échoue carrément puisqu’en 1553, Marie fera exécuter au bout d’une poignée de jours de règne Jeanne, alors âgée d’à peine 16 ans. Voilà pour l’Histoire.
Côté fiction inspirée du livre pour “jeune adulte” My Lady Jane, et vachement axé révisionnisme féministe, Marie (Emily Bader) déjoue ce triste coup du sort. Contre vents et marée (comprenez : complots et dangers), notre artistocrate, en vraie figure d’émancipation, se maintient vers le trône à – presque – la seule force de ses bras. Et la voilà qui doit composer avec les intrigues de cour, les passions du cœur et… une vie maritale nimbée d’un bien étrange mystère.
Punchy, érotique et résolument comique (mention spéciale à tous ces savoureux anachronismes, comme à la BO électrisante), le show propose en 8 épisodes une réinterprétation rafraîchissante, autour d’une dynastie royale dont les vicissitudes ont déjà été moult fois adaptées en grand, et petit écran. Pour donner encore plus de peps à cette recette déjà fort relevée, les showrunners n’ont pas hésité à ajouter, ça et là, des touches de fantastique. Et voilà que la série d’époque, toute de décors sublimes et de costumes tirés au cordeau, bascule avec impertinence vers… la fantasy. Clairement, on est dans le lâchez prise le plus total. Du kiff, rien que du kiff. Why not, darling ?