C’est une histoire dont les premières lignes ont été écrites il y a fort longtemps. Environ 400 000 ans, pour être (un peu) plus précis. À cet âge archaïque, nos hyper-arrières-grands-parents primates évoluent, évoluent. Au point d’esquisser les contours hirsutes d’une nouvelle espèce : homo sapiens, aussi présenté de nos jours sous l’appellation “homme moderne”. Pour la simple et bonne raison que nous – nos arts, nos cultures, nos civilisations – descendons d’eux.
Voilà l’extraordinaire épopée que retrace le documentaire narratif Homo Sapiens. Avec, à l’horizon, la grande question : mais comment diable ont fait nos aïeux, pour que nous en arrivions là ? Éléments de réponse en 5 points.
1. Une position debout, pour s’adapter aux conditions de la savane ?
C’est du moins la thèse défendue dans le doc. De nombreuses pistes explicatives existent, concernant la fameuse “station verticale” de nos ancêtres. Certains y voient la trace d’une bipédie originelle, d’autres l’acquisition d’une caractéristique liée à la lutte pour la survie. Homo Sapiens penche pour la seconde option, en présentant les australopithèques – dont cette bonne vieille Lucy – se mettre sur deux pattes afin de s’élever au-dessus des herbes de leur milieu naturel : la savane. Sans ça, bon courage pour repérer les prédateurs qui rôdent. Et puis être debout présente d’autres avantages : paraître plus menaçant face aux proies, récolter des baies situées en hauteur… Bref, c’est gagnant-gagnant.
2. Dans l’assiette j’ai : des baies, un fruit et… De l’humain
Eh oui. Longtemps cette réalité a été occultée par les spécialistes, en raison du tabou plusieurs fois millénaire qui pèse sur cette pratique, mais les fossiles l’attestent : le cannibalisme a existé chez les hominidés. Aujourd’hui, il ne s’agit plus de débattre du fait ; les paléontologues se déchirent plutôt sur les motifs possibles de ce “régime”. Homo Sapiens suggère que certains clans y ont été poussé par la nécessité, durant les périodes où la nourriture manquait cruellement. On parle alors d’anthropophagie plutôt que de cannibalisme, car il s’agit d’un acte non-intentionnel relevant de la logique de survie.
Mais dans le docu’, la consommation de chair humaine est aussi dépeinte comme faisant partie de la routine alimentaire de certaines espèces. Outre les deux pistes évoquées, les spécialistes font également l’hypothèse d’un cannibalisme “spirituel”, articulé autour de rituels religieux précis.
3. La peau des européens a blanchi suite à des migrations ulysséennes
L’hominidé “des origines”, apparu il y a 2 millions d’années, avait la peau foncée et couverte de poils. Ses descendant australopithèques vivant en Afrique avaient, eux aussi, la peau noire. Pour expliquer le blanchissement pigmentaire d’une partie de l’humanité, Homo Sapiens met en scène les migrations massives de nos ancêtres, depuis les terres africaines vers le Nord – en direction de ce qui était alors “l’Eurasie”. À nouveau climat, nouvelle pigmentation. Pour continuer à capter correctement la précieuse vitamine D, synthétisée à partir des rayons UV, la peau des premiers “Européens” a commencé à blanchir il y a quelque 8000 ans. Mystère résolu !
4. Neandertal enterrait déjà ses morts
Même combat pour homo sapiens. L’archéologie a démontré qu’il y a 100 000 déjà, au minimum, ces deux espèces orchestraient des rituels funéraires consistant à ensevelir les dépouilles sous la terre, avec ou sans objets commémoratifs. Car oui, à cette période ces hominidés étaient déjà capables d’un artisanat esthétique qui trouverait bientôt son point d’acmé avec l’art pariétal (ces fameuses peintures de bisous et mammouth, apposés sur les murs des cavernes à travers le monde) dont on date l’émergence aux environs de 64 000 ans avant notre ère.
5. Nous nous serions sédentarisé après un sacré coup de chaud
En – 12 000, le réchauffement brutal de la température entraîne la fin de la dernière ère glaciaire. Soudain, un tiers de la glace retenue aux pôles fond. Résultat : la hauteur des océans fait un bond de 120 mètres. La topographie terrestre s’en trouve changée, et les continents adoptent peu à peu les traits qu’on leur connaît. On bascule de l’ère Paléolithique à celle du Mésolithique, qui elle-même précède le Néolithique – soit l’âge des communautés sédentarisées, vivant grâce à l’élevage et l’agriculture. Exit les chasseurs-cueilleurs nomades, bienvenue dans la “modernité”. La vraie de vraie.