Symbole de la révolution industrielle, l’automobile a parfois quitté sa fonction originelle pour s’introduire dans le monde de l’art.
Comme nombre d’objets qui ont marqué le XXème siècle (on pense notamment à la boîte de conserve d’Andy Warhol), l’automobile a plus d’une fois été détournée passant du statut de simple véhicule à celui de véritable œuvre d’art.
Parce qu’elle incarne à la fois une certaine vision du design moderne et qu’elle a longtemps été le bien matériel ultime, la voiture a souvent constitué une source d’inspiration pour les artistes, qui ont vu en elle une matière fascinante, et parfois, aussi, un moyen de critiquer la société de consommation. Voici cinq œuvres d’art contemporain dont la voiture est le noyau.
Les voitures obèses d’Erwin Würm
Sans doute la série “Fat Car” est-elle l’une des plus notables de l’artiste autrichien Erwin Wurm. Initié au début des années 2000, ce projet propose des “sculptures bouffies, obèses et grandeur-nature qui se gonflent comme des sacs trop remplis” comme le décryptait en 2010 un journaliste du New York Times.
De prime abord amusantes, ces grosses bagnoles dégoulinantes sont surtout un moyen pour Erwin Wurm de critiquer le besoin irrépressible de possession matérielle dans nos sociétés de consommation modernes, critique qu’il a d’ailleurs débutée à travers ses “Fat Houses” (“grosses maisons”).
Les carcasses compressées de César
Le sculpteur français, à qui l’on doit le trophée de la cérémonie annuelle des César, a fait de la compression sa marque de fabrique. À partir des années 60, l’artiste que l’on a parfois surnommé “l’homme de fer” centre en effet son travail autour des automobiles, qu’il déforme et transforme grâce à une presse hydraulique.
Une technique qui fait la part belle au hasard, et qui contribue à élever ce véhicule au statut d’œuvre d’art. Dans une interview révélée par le site Art & Supercars, César affirmait d’ailleurs : “Les voitures anciennes deviennent des œuvres, n’est-ce pas ? C’est beau comme une œuvre d’art.”
Le “Car-Wash” de Bernard Joisten
Sponsorisée par Nissan, cette installation a été présentée dans le cadre de l’Union Creative Festival d’Hiroshima en 1999. Avec elle, le plasticien français Bernard Joisten revisite une invention bien connue des États-Unis : le car-wash.
Une œuvre néonisée qui transpose le système de lavage automatique dans une dimension futuriste, et parvient à sublimer le véhicule.
La sphère d’Ichwan Noor
L’édition 2013 du Art Basel de Hong Kong dévoilait une œuvre aussi fascinante qu’intrigante : la “Beetle Sphere”. Réalisée par l’Indonésien Ichwan Noor, cette sculpture jaune pâle de 183 centimètres cube se compose de véritables parties (portes, roues, rétroviseurs…) issues d’une Volkswagen Beetle de 1953, compressées pour se mouvoir en une sphère parfaite.
Dans la lignée de cette œuvre, Ichwan Noor a également créé la “Beetle Box”, un cube tout en aluminium de 140 centimètres cube, façonné à partir d’une Volkswagen Beetle de 1967.
La Porsche psychédélique de Janis Joplin
En 1968, la chanteuse américaine s’offrait une Porsche 356c Cabriolet pour 3 500 dollars. Désireuse de se l’approprier complètement, Janis Joplin décida de la recouvrir d’une véritable fresque psychédélique, réalisée par son ami Dave Robert, et baptisée “The History of the Universe” (L’Histoire de l’Univers).
“Janis allait partout avec, dans San Francisco ou dans Los Angeles, où elle enregistrait“, expliquait en 2015 Laura Joplin, la sœur de l’artiste, sur Sothebys.com. “Peu importe l’endroit où Janis roulait : ses fans la reconnaissaient.” La voiture, devenue iconique tant pour sa propriétaire que pour son apparence unique, a été vendue aux enchères l’année dernière pour 1,76 millions de dollars, devenant ainsi la Porsche 356 la plus chère de l’histoire des ventes aux enchères, comme le soulignait Fortune.
Dans le cadre du Mondial du Tatouage de Paris, le tatoueur Tin-tin se prêtera lui aussi au jeu du “art-car” en personnalisant un Nissan Juke White Edition, rejoignant ainsi la lignée de ces peintres ou sculpteurs qui ont fait de cette carcasse métallique un support d’expression inattendu et modulable, qu’ils ont tantôt peint, compressé ou complètement transformé.
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