Des milliers de CV circulent tous les jours sur Internet. Côté recruteurs, impossible de tous les consulter. Côté candidats, on croise les doigts pour ne pas passer à la trappe. La start-up Riminder, finaliste des Prix EDF Pulse 2017, a mis au point une plateforme innovante en pariant sur l’intelligence artificielle pour faire le tri. Embauche pertinente garantie !
Après avoir passé des heures à peaufiner votre CV, l’inquiétude d’avoir oublié un mot-clé ou d’avoir mal décrit une compétence prend souvent le dessus. Il y a aussi la peur de la concurrence, ces centaines d’autres candidats que vous pensez toujours plus doués ou mieux formés que vous. Quelle chance aurez-vous contre le fils du cousin du recruteur ? Sélectionnée par les Prix EDF Pulse 2017, dans la catégorie Smart Business (entreprise intelligente) – contribuant à la construction de l’entreprise et de l’industrie du futur – , Riminder met tout le monde sur un pied d’égalité grâce à l’intelligence artificielle.
Le service fourni aux entreprises par la jeune start-up se fonde sur un procédé en trois étapes. Cela commence par la centralisation de tous les CV sur la plateforme Riminder. Toutes les informations brutes – expériences professionnelles, hobbies, compétences, etc. – sont alors récupérées, que ce soit sous format PDF, texte ou image. Enfin, le tout est mixé et analysé en profondeur, à l’aide d’un algorithme qui compare le parcours du candidat avec des millions d’autres contenus dans la base de données.
Chaque étape, projet ou transition permet d’affiner le profil de la personne et de le faire remonter vers un éventuel recruteur. Ces deux niveaux correspondent à 95 % aux critères de sélection, basés sur une multitude de corrélations : c’est ce que l’on appelle le deep learning. Les 5 % restant s’intéressent aux besoins spécifiques de l’entreprise afin de comparer les nouveaux CV avec ceux des employés actuels. L’algorithme se concentre ainsi sur ce qui est intéressant, faisant gagner du temps à tout le monde.
De fan d’Iron Man à patron de start-up
Derrière cette innovation se cache un jeune Mauritanien de 25 ans, Mouhidine Seiv. C’est en parallèle de ses études à l’École Centrale de Paris, depuis sa chambre d’étudiant, qu’il développe son entreprise dont le but est d’identifier des talents grâce à une intelligence artificielle. Après avoir obtenu son bac à 16 ans dans son pays d’origine, il savait qu’il voulait intégrer une grande école française. Il enchaîne alors avec des classes préparatoires Maths sup/Maths spé au Maroc. “Mais le niveau n’était pas le même qu’en France. J’ai donc suivi trois mois de cours la deuxième année, puis je me suis préparé seul aux concours”, se souvient-il.
Le nombre de Mauritaniens à accéder à la prestigieuse École Centrale se compte sur les doigts d’une main. Passionné par l’électronique depuis tout petit, il se souvient de l’élément déclencheur qui l’a placé sur cette voie : “Je démontais les vieilles radios ou l’électroménager pour construire des hélicoptères. J’ai toujours voulu être ingénieur. J’étais aussi fan de Marvel. Un jour, un ami de mon père, ancien prof de l’ENA, m’a dit que si je voulais construire mon propre costume d’Iron Man, je devais faire une prépa. J’avais onze ans.”
Si tu ne décides pas de ton destin, Riminder le fera pour toi
Pour le moment, Riminder a pour mission d’accompagner les recruteurs dans leur mission. “Trop souvent, la recherche se fait par mot-clé et ne met par exemple pas en relation restauration et événementiel. Avec Riminder, on va aussi chercher les corrélations cachées”, explique le jeune patron de la start-up. Un candidat ayant travaillé trois ans dans un centre d’appel sera donc reconnu comme résilient et avec une expérience de relation clients, même si ce n’est pas indiqué mot pour mot dans son CV.
C’est ainsi que Mouhidine a recruté son dernier employé, un consultant en informatique ayant travaillé pour Ernst & Young. “Je l’aurais rejeté en voyant EY, parce que j’aurais pensé qu’il n’était pas adapté”, admet l’entrepreneur. Sauf que son propre système ne l’a pas mis de côté. Au contraire, il l’a placé en haut de la liste. “J’ai découvert pendant l’entretien qu’en fait cette personne s’était formée au machine learning en autodidacte, en suivant des MOOC [Massive open online courses, ndlr]. Sans ça, je serais passé à côté”, explique Mouhidine.
Riminder réussit à faire ressortir des profils et à les placer sur la route des entreprises. Après la France, Mouhidine a aussi lancé son projet en Afrique (notamment en Mauritanie). Il espère pouvoir bientôt s’attaquer au marché américain. L’armure d’Iron Man devra encore attendre un peu.