Boulanger le matin, Hugo, 23 ans protège bénévolement les promeneurs des îles des Bés l’après-midi en leur rappelant de revenir sur le rivage avant de se faire encercler par l’eau.
A l’origine, il y a un coup de foudre pour Saint-Malo, ses petites îles qui font face à la ville et ses grandes marées qui comptent parmi les plus impressionnantes d’Europe. Puis il y a un déclic, celui du jour où il voit un homme de 70 ans emporté par le courant en tentant de rejoindre la plage. Il avait 17 ans. C’est ainsi que naît le sonneur des Bés.
Les Bés et les grandes marées
Lorsque les coefficients de marée sont importants, les îles du Grand et Petit Bé se séparent de la terre à la vitesse éclair. L’eau monte de 7 cm par minute, 1 mètre en 15 minutes. “Je fais du préventif, j’arrive à calculer à la minute près à quel moment il est temps de partir. Lors de mon dernier tour des îles, si certains restent bloqués, il ne faut surtout plus traverser car on ne se rend pas compte de la force des courants.” Deux options alors : attendre la fin de la marée pour revenir sur le rivage ou se faire secourir par bateau.
Sonner les promeneurs
Muni d’un mégaphone et d’une veste fluo floquée du mot “bénévole”, Hugo doit son nom de sonneur des Bés à une vieille dame qui lui avait demandé “Alors, c’est vous le sonneur pour les promeneurs ?”. Le moins que l’on puisse dire est qu’il ne passe pas inaperçu sur le sable.
“J’ai commencé avec une corne de brume mais les gens pensaient que ça provenait de bateaux et n’y prêtaient pas vraiment attention. Alors je suis passé à un niveau plus efficace avec le mégaphone, mais en civil, les gens me prenaient pour un fou. Encore plus concret, je suis avec mon blouson, mon sifflet et mon mégaphone.”
Originaire de la Mayenne, l’adolescent boulanger consacrait son temps-libre et un petit budget pour faire les allers-retours à Saint-Malo. “Je travaillais le matin et l’après-midi je regardais les marées.” La seconde étape fut l’obtention de son permis de conduire puis l’installation intra-muros dès qu’il le put.
Une petite notoriété
Il y a deux ans, alors qu’un de ses contrats de travail se terminait, Hugo propose un deal à la mairie : faire de la prévention et sonner les gens pour 300 euros par mois. Refus de la ville qui n’a pas le budget. Il prend la décision d’arrêter, très relayée sur les réseaux sociaux et dans la presse locale.