Infiltrer le Ku Klux Klan via une annonce dans un journal ? Ron Stallworth, jeune policier afro-américain l’a fait dans les 70’s. On vous raconte son histoire, qui a inspiré Spike Lee pour réaliser BlacKkKlansman, en salles aujourd’hui.
Ron Stallworth : premier flic noir de Colorado Springs
En octobre 1978, le détective Ron Stallworth intègre le service des renseignements dans la deuxième plus grande ville du Colorado. Chaque jour, l’une de ses tâches consiste à lire la presse locale pour repérer des affaires douteuses. “Je suis tombé sur une annonce de recrutement du Ku Klux Klan avec une adresse postale et j’ai décidé d’y répondre”, explique-t-il dans son livre Black Klansman: Race, Hate, and the Undercover Investigation of Lifetime. Seule erreur : il signe la lettre avec son vrai nom, mais aucun membre du Klan ne fera le lien. Deux semaines plus tard, Ken O’Dell, responsable du KKK à Colorado Springs l’appelle – opération réussie.
Sept mois d’enquête périlleuse
Ce personnage charismatique ne compte pas en rester là et se met en tête d’infiltrer le clan du “Grand magicien” et de ses amis blancs. Pour cela, il n’hésite pas à jouer le raciste blanc au téléphone et finit par obtenir la confiance des chefs du Klan après de longues heures d’entretien. Chaque semaine, le détective décroche des informations précieuses sur les actions du groupe et déjoue plusieurs incendies dans la région. Mais le téléphone ne suffit plus, Ron Stallworth doit trouver un subterfuge pour échapper à la rencontre physique. Il finira par demander à un de ses collègues (Chuck) de se rendre au rendez-vous à sa place, équipé d’un micro. Il a la même corpulence que lui, sauf qu’il est blanc… Désormais, Chuck assurera toutes les rencontres avec le KKK, Stallworth les conversations téléphoniques.
Une rencontre décisive en janvier 1979
Le 10 janvier 1979, David Duke, chef du Ku Klux Klan, débarque à Colorado Springs pour une réunion nationale. Chose incroyable, le détective qui s’entretient chaque semaine par téléphone avec lui est chargé d’assurer sa protection lors d’un déjeuner organisé dans un Steakhouse. Pas simple… Ron Stallworth doit faire attention à sa voix pour ne pas être démasqué. Au cours du déjeuner, Stallworth tente l’impensable : prendre une photo volée de lui et du chef du Ku Klux Klan bras dessus bras dessous. Le cliché a été perdu depuis…
Ron Stallworth n’ira pas au bout de son enquête
C’est au moment où le Ku Klux Klan lui propose un poste haut placé que Stallworth reçoit l’ordre de ne plus investiguer. “L’enquête est close”, lui signale-t-on, sans explication. Si son travail n’a abouti à aucune arrestation, il aura néanmoins permis de découvrir que plusieurs membres du KKK travaillaient au sein même de l’armée, dont deux avaient accès aux armes nucléaires.
Toute son histoire racontée dans un livre, aujourd’hui adapté au cinéma
Ron Stallworth poursuivra sa carrière de détective sans heurt pendant plus de 25 ans. C’est seulement en 2006 qu’il décide de tout dévoiler à la presse. “C’est l’une des enquêtes les plus importantes de ma carrière en raison de sa portée et de son ampleur“, a-t-il confié à cette époque au Deseret News. Il raconte son histoire dans son livre Black Klansman: Race, Hate, and the Undercover Investigation of Lifetime, aujourd’hui adapté au cinéma par Spike Lee.
BlacKkKlansman de Spike Lee, en salles le 22 août.