Membre de la Huawei Photo Academy, Greg Ohrel est un chasseur d’images méticuleux, qui aime aussi bien réaliser des clips léchés pour Booba que capturer la pureté de l’instant en noir et blanc. Rencontre.
Depuis l’avènement des réseaux sociaux, photographier avec son mobile est devenu une véritable habitude, quasiment un réflexe. Face à ce constat générationnel, Huwaei multiplie les initiatives dans l’ambition de réinventer la photographie mobile. Après s’être alliée au festival Circulation(s), l’entreprise avait présenté en mai à Paris l’exposition “Nofilter”, dans laquelle sept photographes de renom (dont Stéphane Lavoué et Théo Gosselin) dévoilaient des images réalisées avec le Huawei P9, un téléphone à double objectif développé en collaboration avec la mythique marque Leica.
Avec ses produits aux qualités photographiques indéniables, Huawei affirme un peu plus son désir de révolutionner la photo au smartphone grâce à la Huawei Photo Academy : une plateforme digitale, lancée en septembre 2016 et construite à la manière d’un magazine numérique, qui a pour but de mettre en lumière des clichés artistiques et des photographes sélectionnés pour leur créativité, qui exercent aussi bien dans le domaine de la cuisine, des sports, de la mode ou encore de la musique.
Parmi eux, Greg Ohrel. Connu pour ses réalisations léchées aux côtés de Lionel Hirlé, avec lequel il forme depuis 2008 le duo Greg & Lio, ce Français de 32 ans s’envole régulièrement à travers le monde pour capturer la vie à l’état brut à travers des photos pures, sans fioritures. Récemment, il s’est rendu à Tokyo, une ville éclairée à la lumière des néons, qu’il a pourtant choisi d’immortaliser en noir et blanc. Rencontre.
“On a adoré bosser avec Orelsan et Gringe”
Booba, Kaaris, Casseurs Flowters… Avec Lionel, vous avez réalisé beaucoup de clips pour des rappeurs français. C’est un milieu qui vous tient à cœur ?
Le rap, le hip-hop, ça a toujours été notre “secteur”, c’est un peu de là qu’on vient. Pour nos premières réalisations, on s’est donc naturellement tournés vers le rap. Mais on ne voulait pas non plus s’enfermer là-dedans, pour un milliard de raisons, notamment parce que c’est souvent un peu compliqué de travailler avec des rappeurs.
En général, ils ont une idée bien précise de ce qu’ils veulent pour leur clip, et ce n’est pas toujours évident d’apporter sa touche personnelle. Mais bon, tout dépend ! On a adoré bosser avec Orelsan et Gringe [qui à eux deux forment les Casseurs Flowters, ndlr] par exemple. Eux, au contraire, sont ultra-ouverts sur des démarches artistiques un peu différentes, et donc plus intéressantes pour nous.
Et avec Jain, dont vous avez récemment réalisé le clip de “Makeba”, comment ça s’est passé ?
En 2015, on avait réalisé son premier clip, “Come”, qui a plutôt bien marché [46 millions de vue au compteur, ndlr], donc je pense qu’elle nous faisait confiance. Du coup, c’était simple. On lui a proposé plein d’idées différentes, et elle a fait le tri, en prenant ce qui lui plaisait le plus.
Comme la chanson s’appelait “Makeba”, on a tenu à insérer des références à l’Afrique, dont une au tableau The Problem We All Live With du peintre Norman Rockwell. C’est une œuvre forte, dans laquelle on voit une petite fille afro-américaine se faire accompagner à l’école par des adjoints du marshal. On a détourné ce tableau en montrant une petite fille entourée de sapeurs aux habits colorés, dans l’idée de donner une version plus joyeuse de l’Afrique. Je n’aurais pas trouvé ça cohérent, pour cette chanson, de faire un clip qui ne soit pas porté sur la culture africaine.
“Ma mère faisait beaucoup de photos”
Récemment, tu as commencé à te mettre plus sérieusement à la photo. Comment est né ce désir ?
Ma mère faisait beaucoup de photos, et j’ai récupéré son appareil quand je suis venu sur Paris, donc j’ai commencé à en faire vers mes 14 ans. Mais c’est vrai que jusque-là, je n’en faisais pas à fond. Quand on a commencé avec Lio, il y a huit ans, je me concentrais beaucoup sur l’image en mouvement.
On va souvent trouver à l’étranger, en Europe de l’Est, en Afrique… On a fait plusieurs fois le Sénégal, l’Afrique du Sud, on est allés au Pérou aussi. Et il y a deux, trois ans, je me suis tout simplement dit que c’était con de ne pas ramener des souvenirs en photo ! Du coup, je me suis dit que j’allais remplacer toutes les affiches que j’ai accrochées dans mon salon par des photos que j’aurais faites moi-même. Je me suis lancé comme défi d’en sélectionner une par tournage, pour avoir un souvenir. Donc là actuellement autour de moi, j’ai l’Afrique du Sud, la Slovénie, le Japon… [Rires.]
“Quand tu as un téléphone en main, les gens sont moins intimidés”
Tu t’es récemment rendu au Japon, justement. C’était la première fois ?
C’était ma seconde fois. J’y étais déjà allé il y a dix ans, c’était la première fois que je sortais d’Europe, j’avais économisé pour me payer ce voyage au Japon. Donc là, c’était mon retour dix ans plus tard. Entre deux tournages, je suis allé rejoindre un ami qui était là-bas. Je voulais notamment voir si les scénarios qu’on avait écrits avec Lio pour des publicités étaient réalisables dans cette ville. La première fois que j’ai découvert Tokyo, je m’étais laissé prendre par toutes ses lumières, par ses nombreuses couleurs…
Pour cette série, tu as utilisé l’Huawei P9. Qu’est-ce qui t’a plu dans ce smartphone ?
Il y a déjà sa qualité, indéniable, notamment en noir et blanc. Je m’étais lancé le défi de capturer Tokyo exclusivement en noir et blanc, d’arriver à trouver des choses graphiques dans un pays ultracoloré comme celui-là, et le P9 m’a permis de relever ce challenge.
Et puis, quand tu as un téléphone en main, les gens sont moins intimidés. Et dans un pays où les gens sont extrêmement timides, comme le Japon, c’est important. Pareil en Afrique, où les gens n’aiment pas forcément être pris en photo. Comme ça, tu passes plus inaperçu. Donc c’était vraiment pratique, surtout pour ce que je voulais faire, à savoir des photos d’instant, de vie.