“doppelgänger” : ce mot un peu étrange aurait pu désigner une marque d’ameublement nordique, mais il vient d’Allemagne et signifie littéralement “le double“ (“doppel”) qui nous “précède” (“gänger”). Au fil des siècles, le terme a nourri de nombreuses croyances et légendes, mais rien ne permet de prouver l’existence de ces doubles maléfiques… À l’occasion de la sortie du film Us, revenons sur ce mythe (assez) flippant.
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Le terme “doppelgänger” est issu du folklore germanique et désigne notamment une créature vivant à l’intérieur de notre corps, et qui en sort pour annoncer une mort imminente ou un grand malheur. C’est la raison pour laquelle beaucoup de spiritualistes assimilent le doppelgänger à un “démon”, un “fantôme” ou encore un “spectre” – sauf que cette créature n’est pas une ombre, car elle nous ressemble trait pour trait (même nos proches peuvent l’apercevoir).
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Ce sont notamment les frères Grimm qui ont popularisé la figure du doppelgänger. Dans leur dictionnaire de 1852, on peut lire : “Le doppelgänger est un être double, à l’apparence identique, capable de se trouver à deux endroits différents.“
Des personnes célèbres auraient vu leur doppelgänger
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Abraham Lincoln aurait avoué à sa femme avoir vu son reflet et son double (très pâle) dans un miroir, juste avant de mourir. Juste pour info : le président américain avait un sévère strabisme à l’œil gauche et une propension à la superstition… Goethe a été plus chanceux, puisqu’il dit avoir survécu à son doppelgänger. L’écrivain allemand raconte dans son autobiographie avoir croisé son double lors d’une balade à cheval. Le double portait des vêtements étrangers, que l’artiste portera huit ans plus tard sur le même chemin. Bien sûr, impossible d’avoir une confirmation de tous ces faits.
Le double, fantasme littéraire et cinématographique
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Le sujet prend une autre dimension quand on se plonge dans le riche corpus des œuvres littéraires racontant des histoires de double maléfique : on pense notamment à L’Étrange Cas du Dr Jekyll et Mr Hyde de Robert Louis Stevenson, au Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde et au Horla de Guy de Maupassant. À chaque fois, le double surgit pour contrarier les plans du personnage. En bref, une créature avec un gros potentiel romanesque.
Pour l’anecdote, Goethe, Lincoln et Maupassant auraient tous les trois souffert de la syphilis, une maladie pouvant provoquer des hallucinations et délires paranoïaques… Pour le cinéma et les séries, on peut citer les exemples de Twin Peaks et Mulholland Drive de David Lynch, ou encore le nouveau film de Jordan Peele, Us.
Le pitch du nouveau long-métrage du réalisateur de Get Out est aussi simple que glaçant. Les Wilson partent en vacances pour se détendre au bord de la mer. Sauf qu’une fois rentrés, quatre mystérieux invités débarquent chez eux sans prévenir. Chacun est le double de l’un des membres de la famille et, comme vous vous en doutez, la cohabitation ne va pas très bien se passer.
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Jordan Peele se réapproprie le mythe du doppelgänger avec une approche psychologique, en montrant qu’il est inutile de lutter contre lui. Les doubles maléfiques sont présents en chacun de nous, se moquent de notre couleur de peau et sortent quand ils veulent. On en finirait presque par douter : peut-être que ce sont eux les gentils et nous les êtres maléfiques ?