À Seyðisfjörður, au cœur d’un majestueux fjord, on a trouvé l’école d’art la plus cool d’Islande et peut-être même du monde : LungA.
Encerclée par les montagnes et les moutons islandais, Seyðisfjörður regarde vers la mer et ses baleines. On pourrait imaginer une ambiance digne de The Walking Dead mais il n’en est rien : ici, la vie culturelle bouillonne grâce à LungA.
Créée au sein d’une conserverie de poissons désaffectée depuis l’instauration des quotas de pêche de harengs — qui a fait fondre le nombre d’habitants —, cette école d’art alternative a ouvert ses portes en 2014. À LungA, pas de profs mais des artistes invités du monde entier qui proposent des workshops dans cette école qui fonctionne sur un principe communautaire : tout le monde cuisine, suit les ateliers, participe à la vie de l’école et à son implication dans la vie locale.
Leur kermesse de fin d’année ? Un festival en juillet qui rassemble de nombreux esprits créatifs du pays et qui se transforme en sorte de “summer camp” pour adultes qui ne dorment pas (la nuit ne tombe que pour 2 ou 3 heures en juillet).
De la vie dans l’éducation artistique
Sur le site de l’école, la présentation est attrayante : “Pour la faire courte, on s’efforce de proposer un enseignement qui permet à la fois un apprentissage de techniques et le développement personnel à travers la compréhension artistique, l’intelligence émotionnelle, les systèmes de pensée et la capacité à agir.”
Les deux programmes proposés chaque année ont l’air tout aussi tentants, si l’on en croit leur description :
- Le semestre du printemps s’appelle “Here comes the Sun” et débute en janvier, quand le soleil est bas, la terre est froide et l’obscurité domine… et qu’un grand mouvement progressif nous accompagne vers des jours meilleurs, des nuits plus chaudes et une nature qui reprend vie.
- À l’inverse, le programme d’automne est nommé “Hello darkness, my old friend”. Il commence au mois de septembre, à la fin de l’été. Le soleil chauffe encore les jours et les nuits qui s’allongent sont emplies de chants et des feux de joie. L’arrivée par les montagnes de l’obscurité en ville donne naissance aux aurores boréales, appelant les elfes, trolls et autres créatures cachées à jouer. Et ensemble, nous allons créer de la magie dans les ténèbres.
Pour Austin, 24 ans, la vie éloignée de tout à Seyðisfjörður est une expérience inédite :
“Ça ne paraît pas si petit quand vous y êtes, car les cœurs qui s’y trouvent portent en eux une gravité battant immanquablement à l’unisson avec le temps et l’espace. À LungA, j’ai connu une véritable affirmation de ma créativité et de ma façon d’être. C’était ce je cherchais et ça a changé ma vie.”
Terre d’exil d’une communauté d’artistes
En ville, on compte aussi une galerie, un musée dédié à l’histoire industrielle de l’Islande, un centre d’art visuel consacré à l’art contemporain, des sculptures de plusieurs mètres dans les hauteurs environnantes et des concerts de jazz dans l’église.
Au milieu des maisons en bois multicolores, où même les cabanes de jardin sont design, le street art règne : pochoir géant de Barbapapa, marches aux couleurs de l’arc-en-ciel, guest-house pour artistes en résidence recouverte de dessins asymétriques en noir et blanc, et non loin une maison recouverte d’herbe. Ici, les musiciens composent leurs albums, les plasticiens locaux ou de passage créent et exposent. Et on s’enivre avec une bière du pays, appelée “Viking”, fabriquée à 300 kilomètres de là.
Le bled le plus cool du monde ?
“Ils ont travaillé et ont établi un lieu de culture parce que c’était un endroit éloigné du reste du monde, entouré d’éléments puissants comme les montagnes et l’océan, où l’on peut justement se concentrer sur ses travaux artistiques. Un ensemble qui fait de cette ville quelque chose d’unique qui favorise l’attention et le genre de vie nécessaire au travail et la pratique artistique tels que nous continuons de la vivre.”