Mercredi 8 février, adidas a convié une trentaine de coureuses à un run lumineux au cœur de la capitale. L’idée ? Que les femmes exposent leur créativité, et se réapproprient l’espace urbain.
Il est 19 heures lorsque LaGo de Feu, Reine Pnk, Britta Uschkamp et Neticia Alberto se réunissent. Depuis trois ans, ces jeunes femmes mènent de front l’Adidas Runners Paris : une communauté de running regroupant, par quartier, une communauté de quelques 60 000 coureurs qui se retrouvent chaque semaine pour se dépasser, se découvrir et s’évader du quotidien.
“Je viens du 6e arrondissement, un quartier dans lequel les gens ne se mélangent pas, nous confie LaGo de Feu, capitaine de l’équipe Odéon. Mais quand je cours au sein de cette communauté, j’en apprends autant de la fille qui n’a jamais couru que du mec qui a gravi le Mont-Blanc. L’Adidas Runners Club m’a permis de m’ouvrir aux autres. D’ailleurs, je crois que les gens viennent surtout courir dans ces groupes pour rencontrer des personnes avec lesquelles ils partagent les mêmes centres d’intérêt. Certains ont même fini par partir en vacances ensemble [rires] !” Elle ajoute :
“Ce qui me plaît aussi, c’est que quand tu cours, tu ne peux pas tricher : tu es qui tu es. Et du coup, pour nous les femmes, c’est important, parce qu’on se rend compte qu’on est toutes pareilles (on transpire, on n’est pas forcément apprêtées…) Et ça, ça change. Parce que dans la vraie vie, au quotidien, les femmes ont plutôt tendance à se regarder de haut, à se juger.”
Un run 100 % féminin
Ce soir, c’est d’ailleurs un crew exclusivement féminin qui se rassemble. Au programme ? Un parcours de 4,5 kilomètres qui longe les quais pavés de la Seine, et prendra fin sur le parvis de l’imposante Bibliothèque nationale de France. “Allez les Gogo, c’est parti !”, encourage LaGo de Feu avec son énergie débordante.
Sur leur passage, les piétons s’écartent et les encouragent, presque surpris de voir débarquer du coin de la rue une horde de filles en baskets. “Le fait de constater que la société ne t’agresse pas, et qu’elle est même en train de t’encourager, ça change toute ta vision des choses, et ça te permet aussi de te réapproprier ta propre ville”, analyse LaGo de Feu, qui poursuit :
“J’ai lu une étude récemment qui expliquait à quel point l’espace urbain n’avait pas été conçu pour les femmes – ce qui explique que nombre d’entre nous n’osent pas vraiment courir dans la ville, surtout la nuit. En ce qui me concerne, il m’arrive assez régulièrement de courir la nuit, et je n’ai pas envie de m’interdire de courir à une certaine heure simplement parce que je suis une femme. C’est aussi le propos de cet évènement avec adidas ce soir : il faut que les femmes se réapproprient leur ville.”
Marie-Amélie Le Fur était de la partie
Parmi les silhouettes en mouvement se dessine celle de Marie-Amélie Le Fur, championne paralympique d’athlétisme. “Je suis aujourd’hui spécialisée dans le sprint, donc je ne m’entraîne plus trop sur des distances comme celles-ci, alors il va falloir être indulgentes avec moi !”, prévient-elle très humblement.
De son côté, LaGo de Feu commente : “Les femmes ont énormément de choses à dire, mais elles sont constamment freinées, car nous vivons dans un monde régi par les mecs. Je suis vraiment contente qu’adidas mette en avant des profils comme celui de Marie-Amélie et que, pour une fois, on soit mises en valeur. Je pense que nous sommes les actrices de ce nouveau mouvement, et que notre action bénéficiera à nos petites sœurs, à nos filles. Et c’est tout ce qui compte.”
Faire briller la ville lumière
Après un peu moins de 30 minutes passées à courir, mais surtout à refaire le monde, le petit groupe finit par atteindre la Bibliothèque nationale de France, où la course s’apprête à prendre de la hauteur. Le but ? Grimper les escaliers infinis de la BNF et déclencher les interrupteurs d’une dizaine de bureaux pour créer un message lumineux projeté sur tout Paris.
Soudées, les filles progressent dans les étages de la bibliothèque et de l’extérieur, les vitres rectangulaires de la tour s’illuminent une à une. Peu à peu, de larges lettres de lumière apparaissent sur la façade du bâtiment, et leur message finit par se dévoiler : #HERE TO CREATE. Quelques secondes plus tard, les filles redescendent, joyeuses, et font face à l’immense tour de verre désormais éclairée. “C’est lourd de feu !, s’exclame LaGo de Feu, dans un large sourire. Voilà. Notre message est passé. On est là !”