Comme toute personne qui s’est récemment embêtée un dimanche soir, devant sa télé, avec un paquet de chips, je suis allée voir ce que proposait Netflix comme film pop-corn qui ne demande que peu de réflexion. Parmi les nouveautés du catalogue, un film m’attire plus que les autres : Les Dessous de la famille ou l’histoire d’une star égocentrique qui tombe sous le charme de la mère de son agent à qui il fait vivre quotidiennement un bel enfer. C’est évidemment le casting qui m’a fait cliquer : l’indéboulonnable Nicole Kidman, l’ex-star de The Kissing Booth et interprète de Gypsy Joey King et… Zac Efron.
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Notre premier amour à toutes et à tous depuis High School Musical, voire Summerland pour celles et ceux nés dans les années 1990. Preuve en est, l’émulation que son nom provoque partout, que ce soit dans l’open space où j’écris ces lignes ou via une story Instagram. Je n’ai fait que prendre mon écran en photo, j’ai deux notifs Insta à la minute. “Il a tellement changé, je l’aimais tant.” “Mon amour de jeunesse.” “Mon premier crush, ça.” “Je l’avais en poster, torse nu et faussement désinvolte sur la plage” (OK, j’avoue, ce commentaire-là, c’est moi). Au-delà du crush commun, ce qui m’a frappée (et motivée à faire cet article), c’est bien la nostalgie et le regret qui nous habitent tous quand on évoque l’acteur américain. Comme s’il nous avait fait de la peine, in real life. Mais aujourd’hui, c’est qui, ou c’est quoi, Zac Efron ?
Zac Efron dans 17 ans encore Copyright Metropolitan FilmExport
Des litrons d’alcool et à moitié à poil
Eh, je vous vois venir et vous devance dans la foulée : je ne dis pas cela car il formait le parfait couple avec Vanessa Hudgens plutôt qu’avec nous toutes et tous. Non, c’est son virage bruyant, foudroyant, d’acteur Disney Channel à roi de la beauferie avide de liberté qui nous a peut-être fait tant de mal. Souvenez-vous : on est 2017 et le jeune premier vient de signer une palanquée de films tous plus franchouillards, salaces et exubérants les uns que les autres (au hasard : Nos pires voisins, Baywatch : Alerte à Malibu ou Dirty Papy) où il passe la plupart de son temps d’écran à enchaîner les litrons d’alcool ou à poser chemise ouverte, abdos seyants et bien dégagés. Évidemment, loin de nous l’idée de juger la qualité de ces films qui ont forcément leur public.
Zac Efron dans Nos pires voisins Universal Pictures International France
D’aucuns diront que le twist est voulu et maîtrisé et n’avait qu’un objectif, casser avec l’image de gendre idéal aux yeux de biche (damn, quel est ton mascara, Zac ?). Après tout, quelle ancienne pouliche made in Disney n’a pas été capable du même retournement de veste ? Vanessa Hudgens elle-même, citée plus tôt, en a fait de même dans le sulfureux Spring Breakers d’Harmony Korine. Miley Cyrus est un autre exemple facile. Seulement voilà, tous ces rôles n’ont pas juste modifié son image, ils ont aussi gâché son image en quelque sorte, l’enfermant dans une case étriquée de respiration comique et libidineuse difficile à prendre au sérieux.
Une lueur d’espoir
Alors quoi, l’acteur est cantonné, au mieux, à des blockbusters graveleux, au pire à des comédies sympathiques mais désuètes ? Par exemple, revenons sur Les Dessous de la famille. Sympathique, mais digne d’un joli téléfilm de Noël sur M6 des plus oubliables – je l’ai vu il y a quatre ou cinq jours et j’ai déjà tout oublié ou presque du scénario, premier degré. Mais même en 2024, une lueur d’espoir persiste. Que vous vouliez ou non l’admettre, Zac Efron a du talent. Il l’a prouvé à de multiples reprises, aux prémices de sa carrière (L’Amour d’une mère) ou plus récemment. D’abord, en 2019, où il incarnait avec maestria un Ted Bundy des plus dérangeants dans Extremely Wicked, Shockingly Evil and Vile.
Puis, cette année, dans le tout aussi réussi Iron Claw en compagnie de Jeremy Allen White, où il incarne un catcheur maudit condamné à voir sa fratrie de stars passer de vie à trépas. Dans ce long-métrage taillé pour glaner des petites statues dorées, Zac Efron est brillant, juste ce qu’il faut dans l’émotion et jamais dans l’exagération, et nous fait oublier une carrière tachée de rôles facultatifs. Preuve qu’il n’est pas qu’une amourette du passé ou un comédien coincé dans sa crise d’ado rebelle et qu’il a bien un certain potentiel qu’on rêve qu’il exploite davantage. Dis, Yórgos Lánthimos, tu ne cherches pas une ancienne idole des années 2000 pour ton futur film, à tout hasard ?
Les Dessous de la famille est disponible en streaming sur Netflix.