Attention cet article comprendra des spoilers sur la fin de la série.
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“La fin de ÉLITE est à chier en vrai de vrai.” Même si le programme est actuellement numéro 1 des séries sur Netflix à l’heure de l’écriture de ces mots, Twitter/X a tranché. Rares sont les séries de la firme de Los Gatos qui ont le droit à autant de saisons, mais Élite (à prononcer Elité avec l’accent espagnol por favor), malgré une qualité toujours en chute libre épisode après épisode, est devenue la fiction la plus longue de la plateforme avec pas moins de huit salves de chapitres. C’est énorme, et absolument pas mérité. Oui, on a adoré les débuts jusqu’à la saison 4, avec un casting plutôt talentueux qu’on aime retrouver ailleurs depuis (Ester Expósito ou Manu Ríos, entre autres), mais qui attendait vraiment cette saison 8 ?
Pour rappel, car vous n’avez peut-être pas vu l’horripilante et sans queue (quoi que) ni tête saison 7, nous étions restés sur la mort de Raúl, poussé par la mère de Chloe. Tandis que l’insipide Joel refusait de suivre son boyfriend Iván en Afrique pour un semestre à l’étranger, de peur d’être vu comme un sac à main, n’ayant pas le même pouvoir d’achat. Isadora, elle, a balancé son escroc de daron qui passe par la case prison pendant qu’elle gère son club qui fait faillite. Bref, aucun de ces personnages n’a une vie d’adolescent qui prépare le bac mais qu’importe, ce n’est vraiment pas là le cœur du problème.
Non, au-delà du fait que cette saison soit dénuée de toute cohérence et la plupart du temps prétexte à des meurtres too much à souhait (sans compter toutes ces scènes de fesses aux chorés que jalouserait le cirque du soleil), le pire réside dans son traitement des minorités. Pourtant, à bien des reprises, et malgré quelques écueils ici ou des clichés là, Élite n’était pas mauvais élève. On pensera notamment à sa représentation du trouple, de la transition de genre ou de la pansexualité avec une pluralité de personnages LGBTQIA+. Là où elle a toujours galéré, en revanche, c’est de parler de personnages non-blancs. Les quelques noirs de la fiction étaient, au mieux, secondaires pour ne pas dire tertiaires et membres du décor. Au pire, ils jouaient des homos refoulés ou des voleurs. En ce sens, comment oublier le parcours de Nadia, qui s’éloigne de son voile sans réelle explication au fil de la narration ?
Des clichés pour dénoncer, OK… mais dénoncer quoi, au juste ?
Cette saison ne déroge pas à la règle, mais fait pire. Elle intègre un groupe d’anciens élèves dirigés par un frère et une sœur bien glauques car flirtant étrangement avec l’inceste (une thématique qu’Élite a déjà glamourisée avant de se rétracter). Riches et blancs, ils sont ouvertement racistes et vus comme des fachos. OK, on a compris, ce sont eux les “méchants” de la saison, mais les voir passer à tabac un homme homosexuel d’origine palestinienne sans réelle condamnation immédiate est douloureux à voir, aujourd’hui plus que jamais. Une manière de dénoncer ? Quand les personnages préfèrent appeler Omar “Aladdin“, on ne les reprend jamais, ou alors ce n’est que pour mieux se prendre une gifle en retour.
Un autre personnage, Dalmar, est noir. Alors forcément, c’est un livreur dans l’illégalité sans papier qui peut être expulsé à tout moment et ne trouve pas d’autres moyens pour survivre que de faire du chantage ou… se prostituer, via le parrainage de Joel. Ce dernier, gay et boursier, passera l’épisode à revendiquer sa liberté et le fait de n’être le gigolo de personne, mais il n’existe à aucun moment autrement que par ses scènes de nu ou en slibard blanc auprès de couples hétéros “curieux”, le voyant comme une sympathique bête de foire. Sa personnalité ? Aucune idée, elle n’est jamais développée. Comme si les hommes queers ne souffraient pas déjà assez suffisamment d’être souvent associés à des sexualités jugées décadentes ou débridées pour reprendre les termes de partis extrêmes… Enfin, et désolée pour le spoiler ultime, mais nos héros terminent dans un lycée public – enfer et damnation. Ils découvrent alors leurs nouveaux camarades, non sans mépris, qui sont exagérément mal fagotés et avec l’air paumé. Encore une fois, tout n’est évidemment que trait grossier. Mais comme ça, jusqu’au bout… ça fait beaucoup là, non ?
Élite, disponible dans son intégralité sur Netflix.