Depuis la déception Marseille en 2016, le catalogue français de Netflix s’est bien étoffé. De Plan cœur à Marianne, en passant par Osmosis, les auteur·rice·s français·e·s ont tenté des choses (quitte à ne pas toujours trouver leur public). S’il y a bien un projet qui tire son épingle (au THC) du jeu, c’est la création d’Igor Gotesman (Five), Family Business. La série comique portée par Gérard Darmon et Jonathan Cohen a fait son retour le 11 septembre sur la plateforme de streaming, pour une saison 2 très attendue, alors que les Hazan étaient en mauvaise posture face au gang de Jaurès.
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Le nouveau chapitre de Family Business reprend un an après la saison 1. Joseph est désormais papa et la petite famille roule sur l’or avec son concept de beucherie, mais pour l’aîné des Hazan, il devient de plus en plus compliqué de jongler entre son rôle de père et celui de cultivateur de cannabis. Lorsque Jaurès menace personnellement ses enfants, Joseph décide de monter un plan pour sortir ses proches de la tourmente : enseigner la recette de la “pastraweed” aux mafieux hollandais, en échange de la liberté de sa famille. Forcément, et comme dans toutes ses tentatives précédentes, l’entreprise de Joseph va foirer et entraîner son entourage dans de nouveaux problèmes à rallonge.
Pieds et joints liés
Ⓒ Julien Panie/Netflix
Comme l’indique le nom de la série, la création d’Igor Gotesman est avant tout portée sur la famille et les liens qui unissent les Hazan. Avec leur vie et celle de leurs proches désormais en grand danger, Joseph et sa fratrie vont tout mettre en œuvre pour s’extirper de cette situation délicate. Ainsi, la saison 2 de Family Business jongle toujours aussi bien entre comédie potache et dramas fraternels, n’hésitant pas à surenchérir en situations abracadabrantesques. Le show, explosif et ultra-rythmé, est toujours un régal de binge-watching, bien aidé par son format de 30 minutes et le talent de ses comédiens.
Si le tandem formé par Gérard Darmon et Jonathan Cohen continue de s’animer entre amour et déchirement, un nouveau duo entre en scène cette saison pour nous divertir : Joseph et Clémentine. Igor Gotesman profite de son personnage le plus excentrique, Clémentine (Louise Coldefy), pour nous proposer un remake français de Dumb and Dumber. Les deux énergumènes enchaînent les bourdes et les mythos auprès de leur famille dans des séquences aussi absurdes que tordantes, alors que la paire s’impose comme la force incontestable de cette nouvelle saison. Ils sont toujours parfaitement secondés par Liliane Rovère, Julia Piaton ou encore Olivier Rosemberg, justes dans l’humour et l’émotion, même dans des séquences aussi grotesques qu’une weed laxative (on vous laisse imaginer la suite…).
Pour se renouveler, Family Business pioche davantage dans le genre du crime drama pour mieux le parodier. Jaurès incarne une figure de marraine aussi flippante que dérangée et transcende les enjeux de cette nouvelle saison. La série propose des scènes plus exigeantes, avec des climax d’action insoupçonnés et un travail sérieux sur le cadre, mais cette surenchère d’effets prend fréquemment le pas sur la cohérence du scénario qui, sans trop en dire, s’envole flirter du côté de Prison Break (et pas la meilleure saison). Alors oui, on rigole devant les mimiques de Joseph et le comportement pétaradant de Clémentine, mais on perd en émotion et en crédibilité quant à la chronique familiale dépeinte dans la série.
Ⓒ Julien Panie/Netflix
On regrette aussi le manque de prise de risques en termes d’écriture (contrairement à des séries américaines, type Dear White People, sur le racisme en milieu étudiant ou Sweet/Vicious, sur la culture du viol) concernant des thèmes qui touchent directement Family Business. L’homosexualité d’Aure, difficilement acceptée par sa famille et notamment son père Gérard, qui traduisait la difficulté d’un coming out dans une société hétéronormée, n’est pas plus explorée que ça en saison 2.
De même, le débat lié à la légalisation du cannabis (très actuel au vu des récents propos du ministre de l’Intérieur Darmanin), ne jouit pas d’un sous-texte creusé. Alors oui, on est là pour s’éclater et profiter des vannes foisonnantes de la série, mais on aurait apprécié aussi un peu plus de profondeur de la part d’une comédie française qui nous a toujours semblé audacieuse. Toutefois, la fin de la saison 2, qui s’écarte un peu du sujet de départ, apporte la promesse d’un renouveau pour les Hazan et possiblement un nouveau traitement de la chronique familiale, assurée sans pollen au THC et autres feuilles OCB.
Au fond, il n’est pas évident de faire de gros reproches à Family Business, tant elle transpire la bienveillance et l’honnêteté de son auteur. Igor Gotesman nous a même confié dans une interview que le concept de la série était lié à une expérience personnelle et familiale, sans quoi Joseph et sa fratrie n’auraient jamais existé. On garde le sentiment que le show peut aller plus loin, pas forcément dans la surenchère de situations catastrophiques, mais dans l’émotion et en portant un vrai regard sur la société française. En attendant, on est ravis de passer un bon moment en compagnie des Hazan, dont l’efficacité comique défonce autant qu’une journée passée à la Cannabis Cup.
Les deux premières saisons de Family Business sont disponibles en intégralité sur Netflix.