Talons, perruques et attitudes, la célèbre drag-queen RuPaul a ressorti blush et paillettes pour prouver qu’elle est (littéralement, elle mesure 1,93 m) la plus grande. Incursion dans la culture drag américaine bisounours.
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Côté pile, Ruby Red est une star un peu sassy de la scène drag new-yorkaise. Les dollars pleuvent sur scène et elle s’apprête à ouvrir son propre club. Côté face, Ruby Red s’appelle Robert Lee, un gentil monsieur au grand cœur. Si grand qu’il se fait vider son compte en banque par son petit ami… et ses quelques dollars restants par sa jeune voisine, AJ. Pour se refaire une santé financière, Robert/Ruby part faire la tournée des clubs américains. C’était sans compter sur AJ, réfugiée dans son camping-car pour passer la nuit. Ces deux-là finissent par ne plus pouvoir se quitter.
Pour sa première série, RuPaul a soigneusement sélectionné son entourage. Si la star produit, écrit et s’est donné le premier rôle, Michael Patrick King (Sex and the City, 2 Broke Girls) l’accompagne comme showrunner. Pro et rafraîchissant, le cast se compose entre autres de Tia Carrere (Sydney Fox, l’aventurière) et Jane Krakowski (Unbreakable Kimmy Schmidt). Dommage que l’audace n’ait pas été poussée plus loin pour sortir RuPaul de ses sentiers battus.
“This is RuPaul’s best friend !”
Les fans de l’émission RuPaul’s Drag Race sont servis : make-up et lip sync sont au rendez-vous. Et c’est la star qui s’y colle, en rouge, des pieds à la tête. Elle retrouve dans son road trip américain plusieurs des candidates de son émission phare. Elles sont bien une vingtaine à apparaître. Latrice Royal, Monique Heart, Trinity the Tuck ou encore Chad Michaels accompagnent leur mother sans réellement jouer des rôles de composition. Là où le show séduit par sa spontanéité, AJ and the Queen a le cul entre deux chaises et donne l’impression d’être une fiction qui s’inspire trop du show existant. L’humour sent un peu le réchauffé. Le scénario nous ramène aussi à la compétition de drags, son lot d’histoires à faire rire et pleurer, avec RuPaul finissant toujours en mère rédemptrice.
AJ and the Queen emprunte beaucoup à un univers visuel enfantin et au concept des contes moraux façon Disney, avec une histoire qui commence de façon mélodramatique pour les personnages principaux. AJ, par exemple, vit avec une mère toxicomane et absente, et est par conséquent livrée à son propre sort. Robert, lui, est trahi par son nouvel amant. S’ensuit un long parcours initiatique qui ne peut se terminer que par un happy end.
On y trouve aussi dans la série l’influence des cartoons, avec les gentils héros qui cherchent à échapper aux méchants. Dans AJ and the Queen, le petit ami de Robert et sa complice poursuivent la drag-queen pour la tuer. L’échec est sans fin mais ne les empêchera pas de poursuivre leur quête.
L’univers drag est ici édulcoré, sublimé, comme si RuPaul, en prophète sur talons, devait prêcher la bonne parole pour convaincre un monde socialement conservateur du bien-fondé de son existence. Au final, AJ and the Queen n’est pas le nouveau Testament du drag mais un verset sympathique à écouter.
La première saison d’AJ and the Queen, composée de dix épisodes, est disponible sur Netflix.