Une œuvre attribuée à Banksy, rendant hommage aux victimes des attentats du 13 novembre 2015 à Paris et qui a été volée en 2019 au Bataclan, a été retrouvée au cours d’une opération des forces de l’ordre dans le centre de l’Italie, a-t-on appris ce mercredi 10 juin auprès des carabiniers.
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“Nous avons récupéré la porte volée au Bataclan avec une œuvre de Banksy représentant la jeune fille triste”, a indiqué à l’AFP un officier supérieur des carabiniers à Teramo. L’opération a été lancée à la demande de la police française et menée en présence de policier·ère·s français·es, a précisé ce responsable : “Je ne peux rien vous dire d’autre, une conférence de presse du procureur de l’Aquila [chef-lieu de la région des Abruzzes, où l’œuvre a été retrouvée] aura lieu demain matin.”
© Chesnot/Getty Images
Cette œuvre, attribuée au célèbre artiste britannique anonyme Banksy, avait été peinte sur une porte arrière de la salle de spectacle parisienne du Bataclan, en forme d’hommage sur le lieu même où 90 personnes ont été tuées le 13 novembre 2015, lors des attaques terroristes qui ont frappé Paris.
Une disparition de près d’un an et demi
Elle avait été volée en janvier 2019, avec la porte sur laquelle elle était peinte, découpée à la meuleuse. Selon le quotidien La Repubblica, citant le procureur de l’Aquila, la porte était dans une ferme de la campagne des Abruzzes. L’opération a eu lieu dans le cadre d’une perquisition ordonnée par le parquet et cette découverte “a été rendue possible grâce aux enquêtes menées par le bureau du procureur en collaboration avec la police et la justice françaises”, a précisé le journal italien.
Réalisée au pochoir et à la peinture blanche, l’œuvre attribuée à Banksy représentait un personnage féminin à l’air triste sur l’une des sorties de secours, située derrière le Bataclan, dans le passage par lequel de nombreux·ses spectateur·rice·s du concert des Eagles of Death Metal s’étaient échappé·e·s pendant l’attaque terroriste.
Ce vol avait suscité une “profonde indignation”, selon les mots mêmes de l’équipe du Bataclan. Ce “symbole de recueillement et appartenant à tous, riverains, parisiens, citoyens du monde, nous a été enlevé”, déplorait-elle alors, dans un pays profondément marqué par les attentats de 2015.
Le vol du rat masqué
L’artiste britannique, qui se plaît à garder son identité secrète, avait frappé un grand coup en juin 2018 en disséminant une série de pochoirs, au ton parfois très politique, dans la capitale française. Il avait revendiqué la paternité de huit œuvres sur son compte Instagram, dont la silhouette triste sur la porte du Bataclan ; un détournement du tableau Napoléon traversant les Alpes, de Jacques-Louis David ; une fillette dessinant un motif tapisserie rose sur une croix gammée près de l’ancien centre de premier accueil des réfugié·e·s à Paris ; ou encore un petit rat au museau masqué brandissant un crayon (ou un cutter), près du centre Pompidou.
Cette dernière œuvre, “réalisée sur l’envers du panneau d’entrée” d’un parking, a elle aussi été dérobée début septembre 2019. Le centre Pompidou, qui abrite d’importantes collections d’art contemporain, avait déposé plainte “pour vol et dégradation, au sein d’un espace relevant de son périmètre”. Un homme, inculpé en février par la justice française dans le cadre de cette affaire, affirme avoir agi à la demande du célèbre street artiste.
La fresque concernée n’a pas été retrouvée, mais d’autres œuvres de Banksy ont été saisies lors de perquisitions menées dans le cadre de cette affaire, alors que le voleur présumé serait proche de “l’univers de l’art urbain”, selon son avocat.
L’artiste britannique, qui aime à se jouer des médias comme du marché de l’art, est aujourd’hui l’un des artistes contemporains les plus cotés au monde.
Dans des villes comme Paris, Londres, New York, ses créations offrent un formidable coup de projecteur sur des sujets au cœur des débats sociétaux, comme la question des réfugié·e·s. Si à Paris des élu·e·s se sont réjoui·e·s de son “invasion” artistique, se pose inévitablement le problème de leur possible vol ou dégradation.
En octobre 2018, l’acheteuse d’une reproduction de l’une des plus célèbres images de Banksy, Girl with Balloon (adjugée près de 1,185 million d’euros chez Sotheby’s à Londres) avait eu la surprise de voir alors la toile s’autodétruire partiellement grâce à un ingénieux mécanisme caché dans son cadre, découpant en partie l’image en fines lamelles verticales. Ce coup de maître avait définitivement fait passer Banksy à la postérité et assuré sa célébrité planétaire.
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