Après la naissance de sa première fille, Priscille Deborah est victime d’une violente dépression post-partum. Alors que, de l’extérieur, sa vie semble parfaite, elle lui devient pourtant insupportable. En 2006, à peine âgée de 30 ans, elle tente de mettre fin à ses jours. Miraculeusement, elle survit.
À son réveil, sa vie n’est pourtant plus la même. Pour la sauver, les médecins ont dû l’amputer d’un bras et de ses deux jambes. Pendant longtemps, elle ne comprend pas pourquoi on l’a sauvée pour qu’elle reste dans un corps de “ver de terre”. Les mois passent et Priscille trouve une force en elle qui lui permet de continuer à vivre, à se battre. Elle renoue des liens avec les siens, se remet au sport, réapprend à marcher avec des prothèses.
Les années passent et Priscille semble aller mieux. Au quotidien, son unique bras encore valide lui sert à tout faire. Elle finit par le sursolliciter et risque de le perdre. Pour ne pas sombrer de nouveau, son orthoprothésiste lui propose un projet un peu fou à la hauteur des ambitions de sa patiente : devenir la première Française “bionique”, grâce à une prothèse de bras commandée par la pensée.
Elle fait alors la rencontre du docteur Edward de Keating-Hart, au Centre de la main Jules Verne à Nantes, qui accepte de réaliser cette procédure longue et difficile, qui demande plusieurs mois de préparation.
Le 21 novembre 2018, Priscille Deborah est opérée d’une targeted muscle reinnervation (TMR). Concrètement, on reconnecte ses nerfs sectionnés à des capteurs électroniques sur une prothèse pour “retrouver le schéma moteur initial”. Après deux ans de rééducation intensive, le résultat est formel : l’opération est un succès.
Le Dr Edward de Keating Hart et le Dr Jérôme Pierrart réalisent en mars 2021 une nouvelle TMR à Nantes sur un patient amputé. (© Konbini news)
Priscille a récupéré un nouveau bras, qui peut faire – presque – autant de choses qu’un vrai. Son coude se plie, son poignet tourne, ses doigts sont indépendants les uns des autres. Elle peut sonner à un interphone, fermer le poing, et… ouvrir un paquet de gruyère ! Il n’y a pas de petites victoires après un parcours aussi mouvementé.
Pour Konbini news, Priscille Deborah revient sur son incroyable parcours, ses hauts, ses bas, et envoie un message d’espoir à quiconque perdrait l’envie de se battre.
Priscille Deborah revient sur son parcours dans Une vie à inventer, disponible aux éditions Albin Michel.