Figé pour l’éternité : le crâne d’un minuscule oiseau exceptionnellement bien préservé dans l’ambre depuis 99 millions d’années a été découvert en Birmanie, et pourrait être le plus petit dinosaure connu à ce jour, selon une étude parue mercredi 11 mars.
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“J’étais littéralement soufflée, je n’avais jamais rien vu de tel. C’est merveilleux !”, se félicite auprès de l’AFP la paléontologiste Jingmai O’Connor, auteure principale de l’étude publiée dans la revue Nature.
Le spécimen, appelé “oculudentavis khaungraae”, a été piégé dans un morceau d’ambre datant du milieu de l’ère mésozoïque (-251 millions d’années à -65 millions d’années). Avec un crâne de 7 mm de longueur, il rivalise en taille avec le colibri des abeilles, le plus petit des oiseaux actuellement vivants, ce qui en fait le plus petit dinosaure connu de cette ère, selon Nature.
“Comme tous les animaux enfermés dans l’ambre, il est très bien préservé. On a l’impression qu’il est mort hier, avec tous ses tissus mous piégés dans cette petite fenêtre donnant sur les temps anciens”, commente Jingmai O’Connor, de l’Institut de paléontologie des vertébrés et de paléoanthropologie de Pékin.
Un petit prédateur aux dents pointues
À travers le médaillon translucide, on voit un crâne de profil dominé par une grande cavité oculaire, suggérant un œil regardant sur le côté, semblable à celui d’un lézard. Grâce à un scanner, les chercheurs ont pu mettre en évidence une mâchoire remplie de dents pointues – une centaine au total.
© Zhixin Han / China University of Geosciences / AFP
“Il ne ressemble à rien de vivant aujourd’hui, donc nous devons faire preuve d’imagination pour comprendre la signification de sa morphologie. Mais son crâne fuselé, ses multiples dents et ses grands yeux suggèrent que malgré sa petite taille, c’était probablement un prédateur qui se nourrissait d’insectes”, explique la paléontologiste.
Le minuscule vertébré, surnommé “teenie weenie” en anglais (“tout mini”), co-existait avec les dinosaures au long cou, les grands reptiles volants tels les ptérosaures, à une époque où la faune était très riche.
Il constituait une micro-faune méconnue, que seule l’ambre a pu préserver. Comment ? “Imaginez un marécage ou une forêt près de la mer, avec des arbres produisant une grande quantité de résine, dont certains morceaux se détachent en suintant le long des troncs, capturant la faune vivant dessus”, décrit Jingmai O’Connor.
Et plein d’autres spécimens restent à découvrir
Sans cette résine fossilisée, “nous ne saurions rien de ces minuscules organismes, beaucoup plus difficiles à trouver que les gros”, souligne-t-elle.
“Quand on pense aux dinosaures, on pense à ces immenses squelettes mais actuellement la paléontologie est totalement transformée par les découvertes de petits fossiles ainsi conservés“, poursuit la scientifique.
Ces dernières années, “l’ambre de Birmanie a donné lieu à de surprenantes découvertes”, complète Roger Benson, chercheur en paléobiologie, dans un commentaire publié avec l’étude.
Grenouilles, lézards, amonites… “Il y a encore beaucoup de spécimens à étudier !”, se réjouit Jingmai O’Connor.
“Et j’espère que d’ici les dix prochaines années, nous pourrons développer des techniques permettant d’accéder à la biochimie des tissus mous. Il y a certainement des fragments d’ADN préservés à l’intérieur… mais il n’y aura jamais un scénario à la ‘Jurassic Park’ !“, rassure-t-elle.