Je suis sortie avec un garçon pendant trois ans. Il avait deux ans de plus que moi. Il habitait dans ma ville.
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J’étais au collège quand j’ai commencé à lui parler. Au début, tout était parfait. C’est un mec qui faisait la prière, allait à la mosquée, il était protecteur… Tout était vraiment parfait. Il ne buvait pas, ne fumait pas. Bref, parfait.
Notre histoire est devenue puissante et sincère très rapidement. On s’est vus plusieurs fois avant de se mettre en couple. Des petites embrouilles se sont immiscées entre nous, mais ça me passait au-dessus car j’avais confiance.
Le 7 avril, une fille est venue me voir : elle parlait avec lui depuis un an. Il me trompait avec elle, lui promettait le mariage. À ce moment-là, ça m’a fait débiel [ça m’a choquée, ndlr] d’entendre ce qu’elle racontait. Elle était tout le contraire de moi : elle n’était jamais sortie avec des garçons, elle était dans la religion et même la chicha, elle n’y touchait pas. Elle ne se maquillait pas, elle était discrète. Carrément mon opposé, la fille parfaite. Il m’a parlé et m’a rassurée, je l’ai cru. Après cette fille, de nombreuses filles ont suivi, avec le même discours. En trois ans, une dizaine environ. J’ai toujours pardonné, mais j’étais blessée.
En juillet 2017, je suis partie dans le Sud avec mes copines et les gars d’un quartier voisin, dont un ex-flirt que j’avais recalé. Mon mec a donc ragé et est parti parler à mon copain de l’époque. Il est parti lui dire qu’on avait dormi ensemble. Il a pris mon téléphone et lui a envoyé un message qui disait : “Je suis en couple, arrête de me casser les couilles.” Chose que je n’aurais jamais dite, je le respectais trop. Des mensonges et encore des mensonges.
À mon retour, nous nous sommes vus et il m’a frappée. Je suis partie à l’hôpital. J’ai eu des béquilles pendant quelques semaines. Suite à cette histoire, je me suis beaucoup embrouillée avec mes proches, dont ma mère. Elle m’a virée de chez moi, le dialogue était rompu. Ma mère avait peur pour moi. Une amie très proche a également essayé de m’ouvrir les yeux, mais je l’ai mal pris car j’étais amoureuse et je ne voulais rien savoir. N’ayant pas de père ni de frère, il était mon seul repère masculin. Il était présent malgré le fait qu’il soit devenu mauvais, il savait être à l’écoute. Il s’est excusé et je l’ai pardonné encore une fois parce que je croyais en lui et je l’aimais.
Il m’a fait la misère
Pendant mon séjour dans le Sud, il avait commencé à boire et à fumer. Après cet été, plus rien n’a été comme avant : il est devenu insolent, irrespectueux, etc. Des ex réapparaissaient régulièrement. Mais je le pardonnais toujours parce qu’il avait les bons mots, il me connaissait par cœur, il savait comment me parler.
Puis, il a commencé à parler avec une fille de sa cité et il m’a lâchée pour elle. Il revenait toutes les deux semaines et j’y croyais encore. De septembre 2017 jusqu’à mars 2018, il m’a fait la misère. Lorsqu’on se séparait lui et moi, j’étais archi en déprime, je pleurais, je ne comprenais pas pourquoi, je ne sortais plus, même l’école, c’était mort. Au bout d’un moment, j’ai arrêté de raconter nos histoires à mes copines car leurs paroles me faisaient encore plus de mal.
En mars 2018, je me suis réveillée et j’ai eu un déclic. Au bout de deux ans et demi, j’en ai eu marre des reproches des gens et de passer pour la petite conne qui ne voulait pas lâcher un mec qui s’en foutait – d’après les gens hein, car pour moi, il m’aimait malgré tout et j’étais sa préférée, la numéro 1. J’ai commencé à parler avec des garçons car je voulais le blesser comme il m’avait blessée.
Lorsqu’il a appris ça, il m’a frappée encore une fois. Je suis restée à l’hôpital deux jours. Il est revenu me parler, je l’ai pardonné même si personne n’était pour. J’avais peur de lui, mais je ne voulais pas me l’avouer. Je l’ai quand même présenté à ma mère qui n’était pas pour, mais qui a accepté pour moi. Au début, elle m’a interdit de lui parler, elle m’a dit : “C’est lui ou moi. Si tu te remets avec lui, tu vas me tuer.” Mais plus le temps passait, plus elle se rendait compte que j’allais mal sans lui : je ne sortais plus, je ne mangeais plus. Alors elle a fini par accepter.
Cette histoire ne m’apportait rien
Il voulait que je sois la femme de sa vie, la mère de ses enfants. Il venait d’avoir 18 ans et moi 16 ans, il attendait que je sois majeure pour qu’on s’en aille loin d’ici, dans le sud de la France. On s’était promis ça quand on était en vacances ensemble.
Mais les derniers temps, il m’interdisait de sortir, choisissait comment je m’habillais. Il avait une grande emprise sur moi et je n’étais plus moi-même. J’étais amie avec son amie d’enfance mais il m’interdisait de lui parler. Les choses ont fait que nous deux, c’était vraiment mort : il y avait trop de rancunes, de mensonges, de haine et on a été blessés des deux côtés. Il est devenu de plus en plus mauvais, de plus en plus violent. J’ai mis trois ans pour me rendre compte que cette relation était destructrice, que cette histoire ne m’apportait rien. J’étais toujours dans le mal, je n’allais pas en cours, j’ai perdu du poids et l’appétit.
Il m’a détruite intérieurement. Je n’arrive plus à avoir confiance. Pour moi, un garçon finira par me faire du mal un jour ou l’autre. J’ai peur qu’un garçon recommence à me faire du mal autant que lui. Mais cette histoire m’a rendue plus forte. Si un garçon me paraît violent, même verbalement, je m’éloigne, c’est le mieux à faire. J’ai assez donné.
Mon ex m’a bloquée des réseaux sociaux, j’ai changé de numéro et j’évite de me faire remarquer. Je ne reste plus là où il traîne. Même y passer, j’évite. Je ne veux pas qu’il ait de mes nouvelles, ça lui ferait autant de mal qu’à moi quand je vois des snaps de lui. Je suis encore en contact avec certains de ses potes, mais on évite de parler de lui. J’ai eu du mal, mais j’y arrive peu à peu. Je ne lui souhaite aucun mal, je n’arrêterai pas de l’aimer mais je finirai par l’oublier. C’est le mieux pour nous.
Là, ça fait deux mois qu’il n’est pas chez lui. Avant que je le bloque, on s’est embrouillés et il m’a dit qu’il allait bientôt revenir. J’appréhende son retour, j’ai peur qu’il sache avec qui je parle et qu’il veuille me frapper. J’espère ne pas le croiser, encore moins avec une fille. Je ne suis pas encore prête mentalement et j’espère réellement qu’il va me laisser tranquille.
Maryam M., 17 ans, volontaire en service civique, Saint-Denis
Ce témoignage provient des ateliers d’écriture menés par la ZEP (la Zone d’Expression Prioritaire), un média d’accompagnement à l’expression des jeunes de 15 à 25 ans, qui témoignent de leur quotidien comme de toute l’actualité qui les concerne.