Suite au week-end d’intégration (WEI) des STAPS (sciences et techniques des activités physiques et sportives) de l’université Rennes 2, je suis tombée sur plusieurs vidéos et photos de bizutage sur les réseaux sociaux.
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Parmi celles-ci, une vidéo d’un étudiant, membre du bureau des étudiants (BDE) des STAPS, qui comptait des soutiens-gorge accrochés comme des trophées. C’est notamment ce “défi” qui a retenu mon attention du fait de son caractère sexiste, humiliant et dégradant pour les femmes.
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Choquée j’ai dénoncé ce défi sexiste et le bizutage : on a voulu me faire taire à coup d’insultes
En réaction à cette vidéo, j’ai posté un tweet dénonçant leurs pratiques sexistes et humiliantes, et la violence que cela pouvait représenter pour les femmes. Pour moi, cela relève de la culture du viol et de l’objectivation des femmes en tant que trophées, que l’on pourrait collectionner (ce que la guirlande de soutiens-gorge rappelle), ainsi que la réduction des femmes à leurs attributs physiques (en l’occurrence la poitrine). Poster ce tweet était un moyen d’extérioriser ma colère et surtout de dénoncer le fait que ces pratiques existent dans le cadre universitaire et, par la suite, exposées fièrement sur les réseaux sociaux.
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Plusieurs étudiants membres du BDE des STAPS ont répondu en niant le caractère sexiste de ce défi et en affirmant la bienveillance qui régnait pendant ce week-end d’intégration. Plus tard, des réponses plus virulentes, voire violentes m’ont été adressées : “Aller ta gueule ptn “, “tout le wei te demande de bien vouloir la fermer “, “Et pour les soutifs on est tous très heureux que ça choque ta petite âme de rédactrice closer de merde”.
Le harcèlement ciblé a été très violent pour moi
Ces attaques à mon encontre ne sont pas du tout justifiées et j’ai été plus que déstabilisée en voyant le nombre de réponses de ce genre, et d’autres attaques personnelles et discriminatoires (envers les personnes atteintes de maladies mentales). Il y a notamment eu un retweet de ma publication sur lequel une image avec écrit “Gros problème mental ” a été ajouté ainsi qu’un mème reprenant le même principe.
Le harcèlement ciblé de la part de certains membres du BDE STAPS ainsi que d’autres étudiants de cette filière a été très violent pour moi. La seule chose que je souhaitais, c’était dénoncer le caractère sexiste de leurs “défis“ et les humiliations sous-jacentes au bizutage. Je n’osais pas répondre à ces personnes de peur d’être encore plus harcelée… Sur Facebook, un post similaire au tweet a été publié : dès que des personnes tentaient d’expliquer le caractère sexiste de cette “guirlande de soutifs“, soit elles étaient insultées de “mal baisées“, soit le caractère “féministe” de leur commentaire était critiqué et moqué.
Je me sens impuissante face aux commentaires et réactions misogynes dont j’ai été à la fois victime et témoin. Je le suis d’autant plus que cette pratique de harcèlement ciblé pourrait très bien être répétée si je suis de nouveau amenée à dénoncer une pratique sexiste.
La parole féministe n’est ni respectée, ni écoutée et les tentatives d’intimidation de certains étudiants “virilistes” viennent conforter l’idée selon laquelle les pratiques sexistes et la culture du viol ont encore leur place à la fac (notamment dans les soirées et week-ends étudiants) alors que ça relève de l’intolérable.
L’université de Rennes 2 a condamné le bizutage et le comportement de ces étudiants durant ce week-end d’intégration.
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Johanna, 21 ans, étudiante, Rennes
Ce témoignage provient des ateliers d’écriture menés par la ZEP (la Zone d’Expression Prioritaire), un média d’accompagnement à l’expression des jeunes de 15 à 25 ans, qui témoignent de leur quotidien comme de toute l’actualité qui les concerne.