A priori, rien de plus inoffensif que la masturbation : ça détend, c’est rapide et c’est gratuit. Il y a quelques mois, je me masturbais régulièrement et rarement sans pornographie (une fois tous les deux jours, environ). Je sentais souvent que je manquais de motivation et j’avais toujours l’impression de perdre mon temps : mes hormones de satisfaction étaient manifestement déréglées.
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C’est alors que j’ai entendu parler sur Internet d’une nouvelle tendance née sur Reddit : le “NoFap Challenge”. Ce défi – qui est plutôt une résolution personnelle – consiste à arrêter complètement la masturbation et le porno, du jour au lendemain. Il est dit que cette méthode renforce le sentiment d’accomplissement de soi et libère d’une habitude banale dans le meilleur des cas, d’une addiction dans le pire des cas.
Cherchant désespérément un prétexte pour arrêter, j’ai décidé de me lancer début septembre. Ce challenge, bien qu’il paraisse anodin de l’extérieur, peut être extrêmement difficile. Il suffit de penser une seule fois à aller sur un site porno pour ne plus penser qu’à ça pendant une bonne demi-heure.
Les deux premières semaines furent de loin les plus difficiles. Avant le “NoFap”, je me masturbais quand je m’ennuyais, comme pour ponctuer une journée, pour me dire que je me mettrai au travail une fois que ce sera fait, par exemple. Or, s’ennuyer pendant le “NoFap”, c’est s’ennuyer vraiment !
C’est potentiellement avoir un long moment sans rien faire et ressentir uniquement le manque de quelque chose. Mon portable ne dispose pas de l’option pour bloquer des sites internet ; je ne pouvais donc compter que sur ma propre volonté pour ne pas céder.
C’est seulement après la deuxième semaine que ça s’est calmé. Je sentais que j’avais vraiment le contrôle de mon corps, que je pouvais choisir ce que je voulais faire avec ou pas. De manière assez étrange, même des petites choses du quotidien, comme la musique ou le visage de ma copine, me faisaient ressentir plus de plaisir.
Pendant le “NoFap”, ne restez pas isolés
Ça fait bientôt cinq mois que j’ai commencé et je vais bien ! J’invite tous ceux qui ressentent la même chose à tenter le “NoFap”. La masturbation en soi n’est pas mauvaise, c’est même plutôt naturel. De même, la pornographie est une industrie monstre et il est rare de trouver quelqu’un qui n’en a pas regardé au moins une fois. C’est seulement quand elle se transforme en habitude qu’elle devient addictive et néfaste pour la santé, psychologique ou sexuelle.
Avec le “NoFap”, vous avez une chance de reprendre entièrement le contrôle de vos pulsions et de vos désirs, en plus de vous débarrasser d’une addiction qui peut miner votre satisfaction et votre détermination. Quelques conseils : restez toujours occupés à quelque chose, soyez toujours dedans. Si vous sentez que le besoin revient, sortez de chez vous, allez faire les courses ou du sport. Pensez aussi à bloquer tous les sites porno que vous fréquentez régulièrement dans les réglages internet de votre smartphone.
Enfin, c’est sûrement le conseil le plus important, ne restez jamais isolés : de bonnes fréquentations vous aideront non seulement à vous occuper, mais aussi à ne pas céder à vos pulsions – vos amis n’ont pas besoin de savoir ce que vous faites, leur présence suffira à vous motiver.
Tout seul, je pense que je n’aurais jamais réussi. Heureusement, j’ai su socialiser et m’organiser pour avoir toujours quelqu’un autour de moi. Lancez-vous, ça vaut le coup !
Laurent, 19 ans, étudiant, Nanterre
Ce témoignage provient des ateliers d’écriture menés par la ZEP (la Zone d’Expression Prioritaire), un média d’accompagnement à l’expression des jeunes de 15 à 25 ans, qui témoignent de leur quotidien comme de toute l’actualité qui les concerne.