Deux semaines après les précédentes “marches des libertés”, de nouveaux rassemblements auront lieu samedi 30 janvier en France pour obtenir l’abandon de la proposition de loi sur la “sécurité globale”, vivement combattue par les syndicats de journalistes et les défenseurs des libertés publiques.
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Lancé en novembre par les syndicats de journalistes et la Ligue des droits de l’Homme (LDH), le mouvement, auquel se sont greffées depuis de nombreuses autres organisations, y compris les gilets jaunes, demande le retrait de plusieurs dispositions clés du texte, à commencer par l’article 24, qui pénalise la diffusion malveillante d’images de membres des forces de l’ordre. Une mesure défendue par le gouvernement, pour qui elle vise à protéger les policiers victimes d’appels à la haine et au meurtre sur les réseaux sociaux.
Le collectif #StopLoiSécuritéGlobale, qui a demandé jusqu’ici sans succès à être reçu par le président Emmanuel Macron, cible également les articles 21 et 22 sur l’usage des caméras piétons et des drones par les forces de l’ordre. Il s’oppose en outre au “nouveau schéma national du maintien de l’ordre” (SNMO), régulièrement invoqué par les forces de l’ordre pour limiter la couverture médiatique des manifestations.
“Avec cette proposition de loi viendrait tout un arsenal d’outils pour restreindre les libertés publiques et amplifier la répression : empêcher de filmer les pratiques policières, la surveillance généralisée par drone et par caméras piétons, l’octroi de dangereux pouvoirs aux entreprises privées de sécurité…”, plaident les membres du collectif.
“Le texte passera au Sénat mi-mars avant de revenir à l’Assemblée [nationale]. Nous devons le faire tomber”, ont-ils ajouté dans un communiqué cette semaine, en appelant à une nouvelle mobilisation samedi “partout en France”.
D’Arras à Toulon
Des rassemblements sont notamment prévus à Paris, place de la République, en début d’après-midi, et à Lyon, place du Maréchal Lyautey, ainsi que dans des dizaines d’autres villes selon les sites du collectif et de la LDH, notamment à Strasbourg, Rennes, Chambéry, Arras, Toulon, Clermont-Ferrand…
Aux organisations qui manifestaient déjà depuis novembre et décembre, aux côtés de multiples gilets jaunes, mais aussi d’opposants à certaines mesures de la loi contre les “séparatismes”, se sont ajoutés ces dernières semaines des acteurs du monde de la musique électronique et, en particulier, des membres du mouvement des “free parties”.
Ces derniers s’estiment visés par une répression policière abusive depuis la rave de Lieuron (Ille-et-Vilaine) qui avait réuni 2 400 personnes au Nouvel An. De nombreux teufeurs s’étaient ainsi joints aux “marches des libertés” du 16 janvier, donnant un air de Techno Parade aux défilés dans certaines villes. “Par leurs formes d’organisation et d’interaction, les fêtes libres sont tout autant des lieux de création artistique que d’expérimentations sociales, économiques et écologiques”, fait d’ailleurs valoir le collectif dans son communiqué.
Depuis le début de l’examen de la proposition de loi, le nombre de manifestants a varié d’un mois à l’autre. La plus importante journée de mobilisation, le 28 novembre, avait rassemblé 500 000 personnes dans le pays selon la coordination, 133 000 selon le gouvernement. Les “marches de la liberté” du 16 janvier ont, quant à elles, rassemblé 34 000 personnes en France selon la police et 200 000 selon les organisateurs, d’après les données fournies par le ministère de l’Intérieur et le syndicat SNJ-CGT à l’AFP.
La proposition de loi a été vivement critiquée ces derniers mois, en France par la Défenseure des droits et la Commission nationale consultative des droits de l’homme et à l’étranger par des rapporteurs spéciaux des Nations unies et la commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe.