Quels traitements contre le Covid-19 sont actuellement testés ?

Quels traitements contre le Covid-19 sont actuellement testés ?

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CHU de Tours, le 31 mars 2020. © GUILLAUME SOUVANT / AFP

Un grand essai clinique a été lancé à l'échelle européenne et prévoit d'évaluer l'efficacité de 4 traitements expérimentaux.

Si le débat autour de la chloroquine fait rage sur les plateaux télévisés, opposant souvent de manière manichéenne les fervents détracteurs et les fidèles défenseurs du professeur Didier Raoult, loin des caméras, ce traitement est actuellement testé par des professionnels de santé hospitaliers, dans le cadre d’un large essai clinique et ce n’est pas le seul.

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Pour l’heure, il n’existe aucun traitement créé spécifiquement pour lutter contre le Covid-19, mais d’autres traitements, qui existent déjà pour traiter d’autres pathologies, sont envisagés. En effet, à l’échelle européenne, un grand essai clinique a été lancé le 22 mars.

Appelé Discovery, celui-ci a pour objet “d’évaluer quatre traitements expérimentaux contre le Covid-19”, souligne l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), qui coordonne l’essai.

Il est prévu que quelque 800 patients français, hospitalisés en réanimation ou en service de maladies infectieuses, en fassent partie sur les 3 200 patients européens que compte Discovery. Il s’agit d’un essai dit “ouvert”, “c’est-à-dire que tant les soignants que les patients sont informés du traitement attribué”, précise l’Inserm, qui l’oppose aux essais aveugles.

Des traitements attribués “aléatoirement”

Cinq modalités de traitement sont donc testées. Les voici :

  • des soins standards ;
  • des soins standards associés au remdesivir – il s’agit d’un antiviral conçu pour lutter contre Ebola ;
  • des soins standards associés au lopinavir et au ritonavir – il s’agit de traitements anti-VIH ;
  • des soins standards associés au lopinavir, au ritonavir, ainsi qu’à l’interféron bêta – il s’agit d’un traitement identique à celui figurant juste au-dessus, mais “associé à l’interféron bêta pour tenter de baisser le processus inflammatoire”, précise l’AFP ;
  • des soins standards associés à l’hydroxychloroquine – cette molécule, cousine de la chloroquine, peu chère, était jusqu’ici utilisée pour lutter contre le paludisme et certaines maladies auto-immunes.

Ces traitements “sont attribués aléatoirement aux participants”, rappelle l’institut public. Deux caractéristiques principales vont être évaluées pour ces traitements : leur efficacité et leur tolérance. Celles-ci seront évaluées quinze jours après l’entrée du patient dans l’essai clinique.

Florence Ader, infectiologue dans le service des maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital de la Croix-Rousse, au CHU de Lyon, en charge de piloter l’essai en France, a expliqué que d’autres traitements pourraient intégrer l’essai dans le temps :

“La grande force de cet essai est son caractère ‘adaptatif’. Cela signifie que, très rapidement, les traitements expérimentaux inefficaces pourront être abandonnés et remplacés par d’autres molécules qui émergeront de la recherche.

Nous pourrons donc réagir en temps réel, en cohérence avec les données scientifiques les plus récentes, afin de mettre en évidence le meilleur traitement pour nos malades.”

En outre, l’Inserm assure qu’aucun patient n’est laissé sans soins : “plusieurs fausses informations circulent concernant l’essai clinique Discovery : on administrerait un placebo à 20 % des patients choisis au hasard et laissés sans soins par ailleurs. De plus, l’hydroxychloroquine ne serait donnée qu’aux patients déjà en réanimation”.

“Ces affirmations sont fausses”, ajoute l’institut.

La piste des vers marins

Enfin, une autre molécule, plus étonnante et qui ne fait pas partie de l’essai Discovery, doit aussi être testée. Sans soigner la maladie, cette innovation pourrait permettre de pallier le manque de respirateurs artificiels dans certains hôpitaux. Il s’agit de… vers marins !

En effet, le professeur Laurent Lantieri, chef de service en chirurgie à l’hôpital parisien Georges-Pompidou, expliquait ce matin sur LCI avoir travaillé sur ce protocole, qu’il détaillait ainsi :

“Le principe est d’utiliser une molécule qui est transporteuse d’oxygène et cette molécule vient de la biologie marine : elle vient des vers marins.

Ces vers marins, que vous pouvez voir en Bretagne, à marée haute, ils prennent de l’oxygène et vivent à marée basse sur cet oxygène, parce qu’ils ont une molécule qui est une hémoglobine, qui n’est pas contenue dans un globule rouge comme chez nous, est circulante et capte 40 fois plus d’oxygène que notre molécule.”

“Cette molécule a déjà été utilisée chez l’Homme, dans le cadre de transplantations”, a précisé le professeur, qui l’a lui-même testée lors de greffes.

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