En France, il y a eu le mouvement du 14 septembre qui invitait les lycéennes à s’habiller librement pour dénoncer les discriminations sexistes et la culture du viol. Il avait suscité des commentaires en chaîne jusqu’au plus haut sommet de l’État. Stupeur : en 2020, la tenue des filles à l’école fait encore débat.
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De l’autre côté de l’Atlantique aussi, on en a assez. Au Québec, des garçons ont trouvé la parade pour dénoncer l’inégalité de traitement entre les tenues des filles et des garçons. Des élèves de plusieurs écoles secondaires (accueillant des ados de 12 à 16 ans) ont choisi de se rendre en cours en jupe.
Selon le site d’informations montréalais Nighlife, le mouvement est parti de cette publication avant de se répandre comme une traînée de poudre.
Arborant des ongles vernis noirs et une jupe écossaise, un certain Tom Ducret-Hillman partage sur Instagram, au début du mois d’octobre, des souvenirs de sa journée en jupe à l’école. On peut y voir Tom faire un kick flip ou encore Tom poser avec son pote aux cheveux violets, lui aussi vêtu d’une jupe écossaise.
“Le code vestimentaire, c’est la chose la moins sensée que j’ai jamais vue”, écrit-il en légende de ce post liké près de 15 000 fois. Pour le jeune garçon, les vêtements n’ont pas de genre. Et puis c’est tout. “Le monde peut s’habiller comme il le veut period”, conclut-il.
Quelques jours plus tard, le mouvement continue d’essaimer. Cassandra Bau-Plourde, 16 ans, est scolarisée dans un autre établissement à Montréal. Mercredi 7 octobre, elle publie de photos de ses camarades en jupe.
Contre l’objectivation de la femme et une masculinité toxique
Dans un long texte, elle dénonce l’objectivation du corps de la femme et la permanence d’une “masculinité toxique”.
Contactée par Konbini news, elle raconte : “C’est une accumulation de frustration. Le code vestimentaire des écoles est toujours axé sur la femme. Les filles sont tout le temps réprimandées parce que leurs jupes sont trop courtes. On dit que c’est à cause du regard des hommes, mais la plupart de mes amis s’en foutent. Cette situation les a frustrés.”
Des garçons de l’école secondaire de Cassandra Bau-Plourde emboîtent donc le pas au mouvement largement partagé via des stories Instagram. Ce sont les filles qui prêtent aux garçons de quoi faire ce happening. Selon la jeune femme, une cinquantaine de garçons ont participé. Le mouvement a moins pris sur les plus jeunes (12-14 ans), reconnaît-elle.
À l’origine, le règlement de l’école interdit aux garçons de porter des jupes. “Au départ, certains professeurs ont vu ça comme une révolution négative, d’autant qu’ils n’avaient pas été prévenus. Mais finalement, ils ont dit OK. En soi, c’est déjà une victoire”, précise la jeune fille, qui assure que cet évènement n’est pas un “one shot”. “On voudrait que ça dure toute l’année en instaurant des jours spécifiques”, nous confie l’adolescente.
Une initiative également partagée par Tom Ducret-Hillman dans une nouvelle publication mardi 7 octobre :
“Ce n’est pas parce qu’on a porté la jupe une fois qu’il faut arrêter de la porter […]. Non, je ne dis pas qu’il faut la porter tous les jours mais bien qu’il faut l’inclure dans notre habillement du quotidien, comme toute autre pièce de vêtements (pantalons ou shorts par exemple). […]
Il y a un message significatif derrière le port de la jupe et il ne faut pas l’oublier. Oui, je parle de l’hypersexualisation de la femme et des injustices sociales présentes dans de nombreux systèmes (en majorité ceux de l’éducation et scolaire). Ce n’est pas aux filles/femmes de se faire éduquer pour ne pas soi-disant “déranger” les garçons/hommes.”
La révolution est en marche.