B.1.617, B.1.1.7, B.1.351… Retenir les noms scientifiques des différents variants du Covid-19 s’avère être un véritable casse-tête. Mais l’Organisation mondiale de la santé (OMS) va simplifier les choses en leur donnant aussi des noms de lettres grecques, comme elle l’a expliqué dans un communiqué.
À voir aussi sur Konbini
L’idée est d’avoir des noms “faciles à prononcer et à retenir”, mais aussi d’éviter que le grand public et les médias utilisent des appellations “stigmatisantes et discriminatoires” faisant référence au lieu où les premiers cas de variant ont été détectés, a expliqué l’OMS.
Ainsi, le début de la pandémie avait été marqué par des attaques et du racisme anti-asiatique. Plusieurs personnes d’origine asiatique, en Europe et aux États-Unis, ont rapporté des agressions verbales ou physiques motivées par la crainte d’un virus, quelques mois après le premier signalement du nouveau coronavirus à l’origine du Covid-19 dans un marché de Wuhan, en Chine, au mois de décembre 2019.
Une attitude qu’on a pu retrouver y compris chez des dirigeants : aux États-Unis, Donald Trump, qui était président pendant la première année de la pandémie, avait tout fait pour rejeter la faute sur la Chine. Il parlait souvent du virus chinois ou de “kung flu” (un jeu de mots avec “flu”, qui veut dire grippe). Le Congrès a même adopté une loi en mai 2021 pour mieux combattre le phénomène, le “Covid-19 Hate Crimes Act”.
Les noms scientifiques continueront d’exister car ils fournissent des données utiles aux experts, mais l’OMS ne les utilisera plus dans sa communication quotidienne. L’organisation encourage vivement les autorités nationales et les médias à adopter les nouveaux noms, plutôt que de nommer ces variants de par leur supposée provenance.
Alpha, Beta, Gamma
Ainsi, le variant B.1.1.7, d’abord identifié au Royaume-Uni, souvent appelé “variant anglais”, a été baptisé Alpha. Le B.1.351, identifié pour la première fois en Afrique du Sud, devient Beta, tandis que le variant P.1, détecté au Brésil, se nommera Gamma. L’OMS a donné deux noms différents aux sous-lignées distinctes du variant B.1.617, qui a ravagé l’Inde et s’est étendu à des dizaines de pays : B.1.617.2 devient ainsi Delta, et B.1.617.1 devient Kappa.
Alors que la pandémie, qui a fait plus de 3,5 millions de morts dans le monde depuis fin décembre 2019, fait encore rage, la plus forte contagiosité observée pour les nouveaux variants du virus inquiète. Selon de nombreux observateurs, les inégalités vaccinales entre pays riches et pauvres compliquent et prolongent une pandémie.
D’autant que l’OMS, dans un texte publié dans le Washington Post, cosigné par l’Organisation mondiale du commerce (OMC), le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, les organisations estiment que les inégalités ont favorisé l’émergence de variants du coronavirus qui ont entraîné de nouvelles flambées épidémiques dans les pays en voie de développement.
L’OMS, qui avait déjà qualifié en mars de “grotesque” l’inégalité vaccinale, a demandé le mois dernier aux pays disposant de vaccins en abondance de donner les doses aux pays moins bien fournis, plutôt que de vacciner leurs enfants et adolescents. Le système Covax soutenu par l’ONU a été créé pour partager les vaccins avec les pays les plus pauvres. Mais les pays riches, signant des contrats en direct avec l’industrie pharmaceutique, ont accaparé la majorité des vaccins dès qu’ils ont été disponibles.
Konbini news avec AFP