Le rendez-vous est désormais bien inscrit dans le calendrier : à partir d’aujourd’hui, pour la 4e année consécutive, les fumeurs français sont invités à se faire aider et à s’encourager mutuellement pour arrêter la cigarette, à l’occasion du Mois sans tabac.
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La dimension collective de l’opération, son relais sur les réseaux sociaux et l’implication de personnalités bien connues des Français (les présentateurs Xavier de Moulins et Daphné Bürki embarqués dans l’expérience cette année) en ont fait un succès populaire.
“Participer à un mouvement collectif facilite la démarche d’arrêt. Les fumeurs sont nombreux à vivre en même temps les bénéfices et les difficultés de l’arrêt”, explique le ministère de la Santé.
Selon les chiffres dévoilés au terme de la dernière édition, plus de 241 000 personnes s’étaient inscrites en 2018, soit 84 000 de plus qu’en 2017 (environ 157 000). La première édition avait attiré environ 180 000 fumeurs en 2016.
À la veille de la 4e édition, 155 000 personnes affichaient déjà sur le site internet tabac-info-service.fr leur engagement à écraser leur dernier mégot jeudi soir. Sans compter ceux qui ne se sont pas officiellement inscrits mais essaieront de tenir éloigné leur paquet de cigarettes pendant au moins un mois.
Mais comment mesurer l’efficacité du Mois sans tabac au-delà du seul nombre de participants, alors qu’un quart (25,4 %) des adultes de 18 à 75 ans fume encore quotidiennement (chiffre de 2018 contre 26,9 % en 2017) ?
30 jours d’abstinence réduisent les symptômes de manque
Le ministère de la Santé, l’Assurance maladie et Santé publique France assurent que participer à l’opération “multiplie par deux la réussite du sevrage tabagique à un an”.
Santé publique France a ainsi recontacté un an plus tard les participants à son Baromètre de 2017 qui avaient fait une tentative d’arrêt du tabac au dernier trimestre 2016, “pour étudier leur comportement tabagique à plus long terme”.
Résultat : “parmi les fumeurs ayant fait une tentative d’arrêt fin 2016 […] 6 à 10 % étaient toujours abstinents un an plus tard”, soit le double des “taux habituellement observés dans les études scientifiques […] lors de tentatives d’arrêt sans aide extérieure”.
“30 jours, c’est la durée au-delà de laquelle les symptômes de manque sont considérablement réduits, il devient alors plus facile de rester non-fumeur”, soulignent les autorités de santé.
Selon elles, le Mois sans tabac a clairement “contribué” à “la baisse historique du tabagisme en France : 1,6 million de fumeurs quotidiens en moins entre 2016 et 2018″, à côté d’autres mesures comme la forte hausse des taxes sur le tabac engagée depuis deux ans.
L’enjeu de l’opération est aussi de faire connaître tous les outils disponibles pour aider les fumeurs: consultation d’un tabacologue, aide à distance de Tabac info service, substituts nicotiniques…
La cigarette électronique n’est pas recommandée
Le remboursement par la Sécurité sociale des patchs et gommes à la nicotine depuis mai 2018 (contre un forfait de 150 euros auparavant) a rencontré un vif succès.
Depuis le début de l’année, 140 000 à 160 000 assurés ont ainsi bénéficié chaque mois “d’au moins un remboursement de substituts nicotiniques”, soit “deux à trois fois plus que pour les mêmes mois en 2018”, selon l’Assurance maladie.
La cigarette électronique ne fait-elle pas partie de l’arsenal officiellement recommandé pour l’arrêt du tabac mais une enquête publiée fin mai par Santé publique France montrait que le vapotage était l’outil d’aide au sevrage “le plus utilisé” par les fumeurs français désireux d’arrêter.
À l’occasion du Mois sans tabac, l’Alliance contre le tabac se dit “en faveur d’une utilisation raisonnée de la cigarette électronique” comme “aide transitoire dans le cadre d’un sevrage”.
“Lorsqu’elle est utilisée avec les produits adaptés, elle est vraisemblablement moins toxique que la cigarette traditionnelle“, rappelle cette fédération de 24 associations.
Première cause de mortalité évitable, le tabac tue 75 000 personnes en France chaque année.