Des micros installés dans les “quartiers difficiles” de Saint-Étienne ?

Des micros installés dans les “quartiers difficiles” de Saint-Étienne ?

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Old workable cctv watching all vehicles and movement on the street , anti terrorism concept.
Surveillance camera. (Old workable cctv watching all vehicles and movement on the street , anti terrorism concept.
Surveillance camera., ASCII, 114 components

Les murs ont des oreilles.

© Somsak Bumroongwong/EyeEm via Getty Images

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Depuis ce matin, la crainte d’un remake de 1984 s’installe à Saint-Étienne. Après la municipalité de Nice qui expérimentait la reconnaissance faciale pendant le carnaval la semaine dernière, on apprend maintenant que la commune de la Loire va pour la première fois installer des “micros” dans ses rues.

Une décision alarmante qui a immédiatement engendré des rumeurs concernant l’enregistrement des conversations par ces micros. Mais sur Twitter, l’entreprise chargée de mettre ce système en place, du nom de “Serenicity”, tient un autre discours :

“Les sons ne sont pas enregistrés et encore moins les conversations. Ces capteurs, et non pas ces micros, vont servir à lever le doute et amener de la sérénité dans la ville avec une analyse en temps réel.”

On a donc contacté l’entreprise en charge du projet pour en savoir un peu plus. En premier lieu, elle avance les informations suivantes : une vingtaine de capteurs, pendant six mois, installés à partir du mois de mars. L’objectif affiché est celui d’arriver plus rapidement sur les lieux d’un délit.

Concernant les accusations de dérives orwelliennes, l’entreprise dément catégoriquement. “Pas de micros, pas d’enregistrement des conversations”, promet Fabrice Koszyk, l’un des dirigeants de la société joint par téléphone. Il l’assure : il n’est pas question d’enregistrer, et encore moins d’espionner.

“Il n’y a pas d’enregistrement”

Il nous a expliqué le système d’intelligence artificielle qui va être utilisé :

“On positionne des capteurs sonores (qui ne sont pas des micros au sens où ils n’enregistrent rien des sons, des conversations et des bruits). Il n’y a pas d’enregistrement, il y a simplement une détection qui est faite avec une base de données de fréquences déjà apprises en laboratoire.

On n’écoute rien dans l’espace public, on choisit en laboratoire les sons qu’on souhaite identifier dans l’espace public et quand le capteur les détecte et qu’une corrélation est observée, une alerte est générée.

Cette alerte remonte ensuite sur une plateforme dédiée et est redirigée vers le centre de supervision urbaine de la ville. Et là, en fonction du type d’événement qui est détecté comme un accident de voiture, le système est en capacité de détecter d’où vient le son puisque le capteur est géolocalisé et on sait alors quelle caméra orienter vers ce capteur pour lever le doute le plus rapidement possible.

“Concrètement ensuite, un opérateur, qui est là 24h/24, 7j/7 derrière les écrans, peut observer la scène où le capteur a détecté l’événement et peut donner l’alerte”, explique-t-il ensuite. Interrogé sur ce que peut désigner un “bruit suspect”, M. Koszyk évoque pêle-mêle : “Des bruits d’accident de voiture, des bris de glace, des bruits de tags, de bombes de peinture, les bruits de coups de feu, mais aussi ceux de klaxons à répétition, ce qui pourrait permettre d’améliorer d’éventuels problèmes de trafic récurrents.”

Questionné au sujet de la méthode de signalisation de ces capteurs – comprendre : les gens sauront-ils qu’ils se trouvent à proximité d’un de ces dispositifs ? –, il rétorque que ces derniers seront visibles. Il ajoute que de toute manière, ces derniers seront dans des zones protégées et vidéo surveillées, et donc indiquées. “Il n’y aura pas d’effet de surprise”, promet-il.

Concernant la polémique concernant le quartier choisi pour l’expérimentation, les quartiers de Tarentaize, Beaubrun, Couriot, dit “difficiles”, Serenicity assure que c’est parce que l’agence nationale de rénovation urbaine l’a choisi pour tester plusieurs “solutions numériques pour améliorer la qualité de vie des habitants”.

Pour sa part, contactée par Konbini news, la CNIL (Commission nationale informatique et liberté) explique qu’elle “n’a pas de commentaires à faire”, arguant :

“Aucune autorisation n’a été délivrée par la CNIL concernant la mise en œuvre de ce dispositif.

À ce stade, il apparaît que seuls des sons qui correspondent à des bruits suspects seront identifiés (coups de feu, etc.), à l’exclusion notamment des conversations, la loi informatique et liberté et le RGPD ne trouvent donc pas à s’appliquer.”