Okjökull n’est plus. En 2014, l’Islande disait adieu à son premier glacier, disparu à cause des changements climatiques. En 1890, ce géant de glace s’étendait sur 16 km², pour une épaisseur de 50 mètres. Depuis, il n’a cessé de se réduire jusqu’à ne plus recouvrir que 0,7 km² de l’île pour 15 mètres de profondeur en 2012, selon un rapport de l’Université d’Islande publié en 2017.
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“Pour avoir le statut de glacier, sa masse de glace et de neige doit être assez épaisse […] soit 40 à 50 mètres d’épaisseur”, a expliqué à l’AFP le géologue Oddur Sigurðsson. Okjökull a donc été déclassé par les glaciologues et a ainsi perdu son titre de glacier, une première sur l’île. D’Okjökull il est donc devenu “Ok”.
Le 18 août prochain, une plaque commémorative sera érigée sur le site de l’ancien glacier par des chercheurs de l’Université Rice (Texas), l’auteur islandais Andri Snær Magnason, le géologue Oddur Sigurðsson et la Société islandaise de randonnée, à l’initiative du projet.
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Sur cette plaque, pensée comme une lettre aux générations futures, on peut lire, en anglais et en islandais : “Ok est le premier glacier islandais à avoir perdu son statut de glacier. Au cours des 200 prochaines années, tous nos glaciers devraient suivre la même voie. Avec ce monument, nous reconnaissons que nous savons ce qui est en train de se produire et ce qui doit être fait. Vous seuls savez si nous l’avons fait.”
Sous ce message, sera également inscrit la mention “Août 2019. 415 ppm CO2”, en référence au niveau record de concentration de dioxyde de carbone enregistré en mai dernier.
“Il s’agira du premier monument érigé en l’honneur d’un glacier disparu à cause des changements climatiques dans le monde”, a déclaré Cymene Howe, citée dans un communiqué. Cette professeure d’anthropologie de l’Université Rice a notamment travaillé sur l’impact économique et culturel du réchauffement climatique et de la fonte des glaces en Islande. En 2018, elle a réalisé le documentaire “Not Ok” sur la disparition du glacier.
“En marquant le décès de Ok, nous espérons attirer l’attention sur ce qui se perd à mesure que les glaciers de la Terre disparaissent”, a ajouté l’anthropologue.
Près de la moitié des sites du patrimoine mondial pourraient perdre leurs glaciers d’ici 2100 si les émissions de gaz à effet de serre se poursuivent au rythme actuel, selon une étude de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) publiée en avril. “Ces masses de glace sont les plus grandes réserves d’eau douce de la planète et, congelées en leur sein, [se trouve] l’histoire de l’atmosphère”, alerte Cymene Howe.