Il y a quelques jours, une photo de chiens semblant marcher sur l’eau faisait le tour du monde. Loin d’être surnaturelle, cette scène constituait une énième preuve, s’il en fallait une, que la banquise du Groenland fond à vue d’œil.
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D’après une étude publiée le mercredi 19 juin dans la revue Sciences Advances, l’Himalaya n’est pas en reste. Les glaciers de la chaîne de montagnes fondent à vitesse grand V – un processus qui s’est accéléré ces 40 dernières années.
Grâce à des images prises par un satellite américain pendant la Guerre froide, les scientifiques ont pu se rendre compte du phénomène. À l’époque, le satellite prenait des images des forêts, des lacs, des montagnes et (surtout) des bases militaires du bloc communiste. Il balançait ensuite une capsule avec les photos dans l’atmosphère, qui était récupérée par les forces de l’air américaines – un procédé digne d’un roman d’espionnage, mais c’est une autre histoire.
Toujours est-il que grâce à ces images, jusque-là classées secret-défense, on a pu se rendre compte de l’évolution des glaciers entre 1976 et aujourd’hui. Et les nouvelles ne sont pas bonnes. Depuis les années 2000, la fonte des glaces est deux fois plus rapide que lors de la période 1975-2000.
Il n’y a aucun doute sur l’origine de cette fonte : c’est bien le réchauffement climatique qui est responsable, même si les scientifiques ont pris en compte toutes les causes possibles, comme l’industrie du charbon en Chine, rappelle le magazine américain Wired.
La faute au réchauffement climatique
“Ce qui est sûr, c’est que le déséquilibre actuel avec le climat est lié au CO2 et au réchauffement climatique”, abonde Fanny Brun chercheuse en glaciologie à l’Université d’Utrecht, aux Pays-Bas, interrogée par Konbini news.
650 glaciers de cette chaîne de montagnes surnommée le “Toit du monde” sont touchés. Chacun d’entre eux a perdu 30 cm de glace par an depuis le début du XXIe siècle.
Si ces résultats sont préoccupants, il n’y a rien de trop dramatique pour Fanny Brun. “En réalité, l’Himalaya fond deux fois moins vite que la moyenne mondiale. Par exemple, la fonte des Alpes c’est deux fois plus important, c’est autour de 80 cm d’eau par an en moins”, souligne-t-elle.
Parallèlement, le New York Times s’est fait l’écho d’une étude guère plus optimiste. À terme, le réchauffement climatique pourrait bien avoir raison de l’Himalaya. Même si on atteint les objectifs fixés par l’Accord de Paris, le massif devrait perdre un tiers de ses glaciers d’ici 2100 – les deux tiers si on ne parvient pas à maintenir le réchauffement planétaire en dessous des 2 °C.
Pour les populations locales, la fonte rapide des eaux glaciaires constitue un danger majeur. Actuellement, cette eau est bloquée par des tas de gravats, ce qui a donné naissance à des lacs qui peuvent s’affaisser et inonder les communautés en aval.
Quant à savoir ce qu’il adviendra de la montagne la plus célèbre du monde, les scientifiques se veulent un peu plus rassurants.
“Les scientifiques s’attendent à ce que les glaciers de l’Everest ne fondent pas dans les prochaines décennies, mais les sentiers seront probablement plus difficiles à parcourir, avec des chutes de rochers et de plus grands cours d’eau”, détaille Wired.
De quoi inquiéter les alpinistes qui se bousculent chaque année pour risquer l’ascension.