Parler de santé sexuelle, que l’on soit jeune ou non, ce n’est pas toujours évident. Entre la peur du jugement des parents ou des proches et l’avalanche d’informations plus ou moins fausses qui pullulent sur Internet, il peut être difficile de trouver l’interlocuteur adapté. C’est avec l’objectif de rendre plus accessible l’information sur la santé sexuelle que la fédération d’associations Prévention Sage-Femme a lancé Les Pipelettes, son tchat en ligne.
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Accessible 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, Les Pipelettes est animé par 120 sages-femmes bénévoles, qui répondent à toutes les questions que se posent les moins de 25 ans. La conversation est complètement anonyme et gratuite, et l’accès au tchat se fait sous pseudonyme en moins d’une trentaine de secondes. Selon Adrien Gantois, sage-femme libérale et président du Collège national des sages-femmes de France, “il […] fallait un outil adapté aux plus jeunes, qui soit rapide, efficace, et qui donne accès à des professionnels”. Une fois la conversation terminée, il est possible de la “noter” et de juger si elle a pu aider.
Les sages-femmes partent également d’un constat : beaucoup de jeunes femmes laissent leur santé sexuelle de côté. Ainsi, un tiers des femmes entre 15 et 24 ans n’ont pas de suivi gynécologique ou de contraception, selon le Baromètre santé INPES. Si le tchat a été conçu pour s’adresser à tous et toutes, il cible particulièrement les questions autour de la contraception, des dépistages, de l’avortement ou encore des violences sexistes et sexuelles. “Mais on peut également parler de sa vie affective, de respect et de consentement, d’orientation sexuelle ou d’identité de genre…”, énumère Adrien Gantois.
Un tchat qui évolue avec son public
“Le nom des Pipelettes, c’est parce qu’on est amis et qu’on aime parler, mais aussi parce qu’on aime la relation avec les gens ! Donc autant allier les deux !”, s’exclame Adrien Gantois. L’idée du tchat est née de plusieurs sages-femmes, engagées sur les questions de prévention auprès des jeunes. “Il y avait beaucoup de demandes et très peu de jeunes connaissaient les compétences des sages-femmes hors des suivis de grossesse”, raconte-t-il. S’ensuivent plusieurs longs mois de recherches de financements et d’élaboration technique de la plateforme.
Toutes les sages-femmes bénévoles de la plateforme ont suivi une formation, qui est vouée à évoluer au fur et à mesure de son existence. “On ne veut pas que cela reste un projet figé : on veut qu’il évolue en fonction des besoins des jeunes et de leur manière de communiquer”, insiste-t-il. L’équipe s’est ainsi formée à la diversité des orientations sexuelles et des identités de genre, par exemple sur la transidentité, pour pouvoir aider au mieux les personnes concernées.
“Par exemple, les premiers jours, on a eu énormément de questions sur le vaginisme, et on va intégrer cette question dans nos prochaines formations”, ajoute Adrien Gantois. En effet, le vaginisme, qui désigne la contraction musculaire des muscles qui entourent l’ouverture du vagin, peut causer des douleurs pendant les rapports sexuels et reste encore assez tabou. “On veut être dans une approche transversale de prévention, avec un langage adapté”, souligne-t-il.
Prévenir, conseiller et orienter
Bien que les sages-femmes soient présentes pour répondre aux questions, elles ne font pas de diagnostic. “On ne fait pas de consultations par tchat, on est sur un contexte de conversation à un instant donné. L’objectif n’est pas de faire des ordonnances”, précise Adrien Gantois. Mais l’échange avec une professionnelle de santé garantit le respect et la confidentialité. Les sages-femmes peuvent ainsi donner des conseils, faire de la prévention, voire orienter vers des structures spécialisées comme le Planning familial.
Ainsi, les sages-femmes ont l’habitude des consultations et savent lire entre les lignes. “La question des violences, on la pose systématiquement”, explique Adrien Gantois, les mineures étant particulièrement touchées par les violences sexistes et sexuelles. D’où l’emphase mise sur le respect de l’anonymat et la bienveillance dans les échanges avec des interlocutrices parfois très jeunes.
En quelques jours, le tchat affiche déjà une forte demande. Pour Adrien Gantois, ce n’est que le début : “On aimerait aller encore plus loin, s’améliorer et faire évoluer la plateforme.”
Les Pipelettes est accessible 7 j/7 et 24 h/24, de manière anonyme et gratuite.