La lettre était attendue depuis 2017 mais ne pouvait être envoyée pour des raisons juridiques jusqu’à ce lundi : les États-Unis ont notifié les Nations unies de leur intention de se retirer de l’accord de Paris sur le climat, confirmant le déni climatique américain.
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“Aujourd’hui, les États-Unis entament le processus de retrait de l’accord de Paris. Conformément aux termes de l’accord, les États-Unis ont soumis une notification formelle de leur retrait aux Nations unies. Le retrait sera effectif un an après la notification”, a déclaré le chef de la diplomatie Mike Pompeo dans un communiqué.
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Les États-Unis sont le seul pays à se désengager de ce texte signé par 197 pays, jusqu’à la Corée du Nord. “L’heure est venue de quitter l’accord de Paris”, avait déclaré le 1er juin 2017 le président Trump, qui avait ajouté : “J’ai été élu pour représenter les habitants de Pittsburgh, pas de Paris.”
Depuis cette déclaration, en réalité, les Américains continuaient à occuper leur siège, discrètement, pour influencer les discussions techniques autour de l’application concrète de l’accord, dans le cas où, un jour, Washington le réintégrerait. Selon le texte négocié fin 2015 par Barack Obama, aucun pays ne pouvait sortir avant le troisième anniversaire de son entrée en vigueur, le 4 novembre 2016. C’est-à-dire lundi.
En outre, le délai d’un an repousse la sortie effective au lendemain de la prochaine élection présidentielle américaine, dans laquelle Donald Trump brigue un nouveau mandat.
D’ici là, les Américains enverront des délégations aux grands sommets climatiques de l’ONU, à commencer par la COP 25 de décembre, en Espagne, a confirmé à l’AFP le département d’État.
Le retrait américain ne change donc rien immédiatement, mais il est très symbolique, même si peu doutaient que la Maison Banche confirmerait cette étape.
Les conservateurs américains ont salué l’annonce. Mais la présidente de la chambre basse du Congrès, la démocrate Nancy Pelosi, y a vu “une nouvelle décision anti-science […] qui vend l’avenir de notre planète et de nos enfants”.
La France a de son côté dit “regretter” l’annonce américaine, qui était toutefois “attendue”. “Elle est mue par une vision obsolète datant du siècle précédent, quand on croyait que l’action climatique était coûteuse et détruirait des emplois”, a commenté Andrew Steer, président du World Resources Institute.
“Insulte à l’humanité”
La raison officielle du retrait est que Washington considère l’accord injuste pour les États-Unis, bien que la philosophie du texte soit que les pays fixent librement leurs objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le but alors annoncé par Barack Obama était d’ailleurs moins ambitieux que d’autres pays.
Dans son communiqué, Mike Pompeo a invoqué “le fardeau économique injuste imposé aux travailleurs, entreprises et contribuables américains”. Donald Trump pourra faire valoir à ses électeurs qu’il a tenu sa promesse.
Mais l’opposition démocrate, les ONG et les experts se sont offusqués de l’égoïsme du deuxième émetteur mondial, alors que la Chine reste engagée dans le processus. Le parti démocrate a dénoncé une “insulte à l’humanité”. “C’est honteux”, a tweeté Joe Biden, possible rival de M. Trump pour la présidentielle de 2020.
“Ce n’est rien de plus que la concrétisation d’une promesse de campagne cynique et insensée dans le seul but de gagner les faveurs de l’industrie des énergies fossiles”, a dit le sénateur démocrate Patrick Leahy.
La décision de M. Trump n’a pas créé l’effet domino que certains craignaient dans des pays comme l’Australie et le Brésil. Elle a même galvanisé de multiples acteurs américains non-fédéraux : les États gouvernés par les démocrates, ou les villes et entreprises qui se sont engagées à la neutralité carbone d’ici 2050 ou à d’autres actions. Cela compensera en partie l’inaction fédérale.
En définitive, l’accord de Paris ne s’est pas effondré, renforcé par la mobilisation des jeunes pour le climat observée depuis l’an dernier.
Mais le résultat de l’élection de 2020 pourrait être plus déterminant. “Si jamais on repart dans une administration Trump pour quatre ans, les conséquences seront très, très différentes”, dit à l’AFP David Levaï, du centre de réflexion Iddri. “La solidité de cette gouvernance [climatique] demeure, tant que le retrait américain n’est qu’une parenthèse”.
Tous les adversaires démocrates potentiels de Donald Trump se sont engagés à revenir dans l’accord, ce qu’ils pourront faire à leur éventuelle prise de fonction, le 20 janvier 2021.
Konbini avec AFP