“L’industrie de la mode est le deuxième secteur industriel le plus polluant au monde”, avertissait Brune Poirson, secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire, lors d’un sommet de la mode organisé à Copenhague en mai dernier.
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L’impact de la fast fashion – ce renouvellement permanent des collections vestimentaires – sur l’environnement est de plus en plus difficile à ignorer. “En France, c’est 600 000 tonnes qui sont mises sur le marché chaque année”, confiait Anaïs Dautais Warmel à Konbini news. Cette créatrice de mode parisienne fait de l’upcycling – comprenez qu’elle crée des vêtements en récupérant des tissus.
Les consommateurs sont de plus en plus nombreux à vouloir connaître l’impact de leurs habits sur l’environnement. Les sites de revente en ligne sont en plein boom, et les grandes enseignes de prêt-à-porter enrichissent leurs collections de pièces aux labels “écoresponsables”.
L’idée de mettre une note environnementale à nos vêtements, comme on le fait déjà pour nos voitures ou nos appareils électroménagers, n’a donc rien d’insensé. D’ailleurs, l’apparition d’une étiquette environnementale dans le textile était une promesse de la loi anti-gaspillage votée mi-décembre, comme le rappelle RMC.
Ce mardi 11 février, joignant le geste à la parole, Brune Poirson a donc réuni les acteurs de l’industrie de la mode pour “lancer les travaux sur un affichage environnemental sur les produits textiles”, rapporte 20 minutes. Ce premier travail de discussions devrait être suivi d’autres rencontres dans les 18 prochains mois pour un étiquetage prévu dans deux ans.
Selon RMC, une cinquantaine de marques vont participer à cette grande consultation, parmi lesquelles Super U, H&M ou encore LVMH.
Comment ça marche ?
Dans un premier temps, “l’affichage environnemental sera apposé sur la base du volontariat jusqu’à ce que l’Union européenne adopte une réglementation sur ce sujet”, indique l’entourage de la secrétaire d’État à 20 minutes. Comme le nutri-score en matière d’alimentation, cette note s’étendra de A, pour les bons élèves, jusqu’à E pour les pièces à la fabrication la plus polluante.
Elle sera calculée sur la base de neuf critères censés évaluer l’impact d’un vêtement ou d’un accessoire sur l’environnement : “Émission de gaz à effet serre, toxicité aquatique, consommation eau, épuisement de ressources minérales, impact sur les ressources énergétiques, acidité dans l’eau, pollution photochimique, eutrophisation et impact sur la biodiversité”, précise RMC dans le détail.
Si l’ensemble de ces critères n’apparaîtra pas sur l’étiquette, les marques devront rendre ces données accessibles quelque part, sur leur site Internet par exemple. Si cette étiquette est également censée prendre en compte les paramètres sociaux de fabrication de nos vêtements, plusieurs associations déplorent que le droit du travail ou que les conditions dans lesquelles travaillent les salariés ne fassent pas partie de la note finale.
En décembre dernier, nous rencontrions Daliya Akter, ouvrière textile à Dacca, la capitale du Bangladesh. Un vêtement sur deux qui est vendu en Europe est fabriqué là-bas. Elle nous révélait dans quelles conditions.