Un pas en avant, deux pas en arrière. Dans le département du Bas-Rhin, dans la région Grand Est, une initiative pour le moins surprenante a été lancée par Alfonsa Alfano, conseillère départementale déléguée en charge des inégalités femmes-hommes.
À voir aussi sur Konbini
Une “journée de l’homme”, donc, aura désormais lieu le 19 novembre, sur le modèle de la Journée internationale des droits des femmes du 8 mars. Les arguments mis en avant par la conseillère, rapportés par 20 minutes Strasbourg, sont les suivants :
“Ces dernières années, les femmes sont beaucoup mises en avant. […] J’ai toujours été confrontée à des hommes qui me disent : ‘Et nous, et nous ?’, parce qu’on ne s’occupe pas assez de leurs problèmes. […] Les inégalités sont présentes des deux côtés.”
Spoiler : ça ne passe pas
Chargement du twitt...
Des propos et une date problématiques aux yeux de plusieurs personnes. “Le 19 novembre, c’est une date qui est tout sauf anodine. Elle est devenue un objet de lutte pour toute la sphère masculiniste, qui se plaint d’un supposé manque d’attention”, a réagi la militante Stéphanie Lamy. C’est en effet le 19 novembre 2010 qu’a eu lieu la première journée internationale des hommes, qui n’était pas officielle.
Au-delà du jour choisi, ce sont les raisons évoquées et la symbolique de cette décision qui sont pointées du doigt. Les hommes, privilégiés depuis toujours, ont-ils vraiment besoin d’une journée qui leur serait consacrée ? L’historienne du féminisme Françoise Picq avance à son tour :
“Sous prétexte de défendre l’égalité, on met sur le même plan des discriminations érigées en système qui touchent les femmes, une réalité appuyée par des chiffres, et des histoires individuelles qui touchent des hommes mais qui ne sont pas systématiques.”
“Les ‘male tears’ ont gagné l’Alsace”
Le discours d’Alfonsa Alfano, jugé masculiniste et complètement à côté de la plaque et des réalités, a fait réagir au-delà de la sphère dite féministe. Pour le Huffington Post, “les ‘male tears’ ont gagné l’Alsace”, le site Auféminin pense “à une mauvaise blague”, et sur Twitter, de nombreux commentaires sidérés :
Chargement du twitt...
Chargement du twitt...
Chargement du twitt...
Chargement du twitt...
De son côté et pour justifier cette drôle de décision, le département du Bas-Rhin a servi la soupe : pour lui, il s’agit de “sortir d’une approche ‘défensive’ pour promouvoir l’équilibre et le dialogue et afin de valoriser l’égalité des droits dans le respect des différences”.
Alors, donner de la valeur au discours du lobbying masculiniste en lançant une journée dédiée aux hommes, est-ce vraiment la meilleure façon de promouvoir l’égalité que l’on souhaite toutes et tous ? Vous avez 4 heures, et si vous chouinez, vous aurez peut-être même droit à une journée en votre honneur.