“Coucou, je suis de retour !” : dans un message publié aux alentours de 10 heures, lundi 15 mars, Mila a annoncé que son compte Twitter avait été réactivé, après sa suppression durant une douzaine d’heures dimanche. Le compte de la lycéenne, suivie par près de 22 000 personnes sur Twitter, avait été suspendu pour harcèlement, après qu’elle en a été elle-même la cible.
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Pour rappel, “l’affaire Mila” avait été énormément médiatisée au début de l’année 2020. Tout était parti de la publication sur les réseaux sociaux de vidéos de l’adolescente de 16 ans dans lesquelles elle formulait de vives critiques envers l’islam.
Elle avait alors reçu de nombreux messages de haine et des menaces de mort, et avait dû quitter son lycée. Interrogée quelques jours après sur TMC, Mila avait indiqué : “Je ne regrette absolument pas mes propos, c’était vraiment ma pensée”, ajoutant alors : “Je m’excuse un petit peu pour les personnes que j’ai pu blesser, qui pratiquent leur religion en paix, et je n’ai jamais voulu viser des êtres humains, j’ai voulu blasphémer, j’ai voulu parler d’une religion, dire ce que j’en pensais.”
“Là, ça allait très vite”
Après la publication d’une nouvelle vidéo très virulente en novembre dernier dans laquelle elle déclarait : “Surveillez votre pote Allah, s’il vous plaît. Parce que mes doigts dans son trou du cul, j’les ai toujours pas sortis”, la jeune fille avait à nouveau fait l’objet de nombreuses menaces. Cette fois, c’est la publication d’un dessin de pain au chocolat fait par Mila lorsqu’elle était enfant qui a engendré une vague de cyberharcèlement.
La lycéenne a expliqué au Point : “Je venais de retrouver de vieux dessins que j’avais faits quand j’étais petite et je me suis amusée à en publier un sur Twitter.” Quelques minutes après, elle indique avoir reçu “une dizaine de messages bizarres avec des messages glauques”, qui arrivent “par centaines, criblés d’insultes”. Elle poursuit :
“Je panique en me disant que mon compte a sans doute été spamé par de faux comptes destinés à commenter ma publication en masse pour me nuire. J’ai passé mon compte en privé, mais en ouvrant ma boîte, j’avais déjà reçu plusieurs messages insultants : ‘sale pute’, ‘islamophobe de merde’. Les trucs habituels, quoi… Sauf que là, ça allait très vite.”
Elle ajoute auprès de l’hebdomadaire : “Je l’avoue, [j’ai traité l’un d’eux] de ‘puceau frustré’, tout comme j’ai répondu aux deux types qui me promettaient de me violer en leur disant que c’est moi qui violais leur dieu.” Quelques instants plus tard, son compte était suspendu.
Twitter exhorté à “faire la transparence sur ses méthodes de modération”
Une suspension pointée du doigt par la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme), qui a réagi en déclarant :
“Mila poste un dessin d’enfant, se fait immédiatement conspuer et harceler. Twitter, n’écoutant que son courage qui ne lui disait rien, bloque le compte de la victime sous les applaudissements fanatiques des sycophantes haineux. Twitter, vous devriez avoir honte.”
Même son de cloche du côté de Marlène Schiappa. Dans un message publié sur Twitter, la ministre chargée de la Citoyenneté a déploré cet épisode et exhorté le réseau social à “faire la transparence sur [ses] méthodes de modération et sur le nombre de personnes [qu’il y affecte]”, ajoutant : “Laisser faire les raids numériques [interdits depuis la loi de 2018, ndlr] de cyberharcèlement est une faute en droit et en conscience.”
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“Trop tard”
Pour l’avocat de la jeune femme, Me Richard Malka, le rétablissement du compte de Mila “est un peu facile”. “Le réseau a parfaitement conscience de la sensibilité du cas de Mila depuis plus d’un an”, a-t-il argué auprès du Point, ajoutant :
“Ce réseau refuse obstinément de fournir quelque renseignement que ce soit quant au nombre de ses modérateurs. La faiblesse de sa régulation explique peut-être cet épisode scandaleux. Ce que nous voulons savoir à présent, c’est si les comptes de ceux qui sont à l’origine de ce harcèlement massif contre Mila vont être suspendus.”
Un point de vue que partage le secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques Cédric O, pour qui “le rétablissement du compte de Mila par Twitter intervient trop tard”.
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