Lundi, la mère d’une Française détenue en Syrie, qu’elle avait ralliée avec son compagnon djihadiste, a entamé une grève de la faim pour obtenir son rapatriement. Elle accuse les autorités françaises de la laisser “dépérir sans jugement”, sa fille souffrant d’un cancer du côlon, selon sa famille.
En décembre dernier, Pascale Descamps expliquait son combat à Konbini news lors d’une interview :
Depuis son domicile du Pas-de-Calais, celle-ci a indiqué avoir arrêté de s’alimenter aujourd’hui, après des mois de démarches infructueuses pour obtenir le rapatriement sanitaire de sa fille et ses quatre petits-enfants.
“Si je me sens tiraillée par la faim, je boirais peut-être de l’eau sucrée”, ajoute cette femme de 55 ans, dont la fille aujourd’hui âgée de 32 ans, a quitté la France en 2015 après s’être convertie à l’islam, avec ses trois enfants et son compagnon djihadiste, tué quelques mois plus tard.
Remariée à un autre membre du groupe État islamique (EI), lui aussi tué, elle a eu un quatrième enfant, selon Pascale Descamps. Sa fille est aujourd’hui détenue avec ses enfants dans un camp kurde du nord-est syrien, avec des dizaines d’autres Françaises arrêtées après la chute de l’EI.
Elle fait l’objet d’un mandat d’arrêt international, mais “quand on recherche quelqu’un de potentiellement dangereux, on l’arrête et on le juge”, s’insurge sa mère, dénonçant “une volonté de les laisser dépérir sans jugement”.
“La démarche de la dernière chance”
Mi-décembre, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a demandé à la France de “prendre les mesures nécessaires” pour lui permettre d’accéder à des soins médicaux, “au vu des informations disponibles” sur son état de santé.
Une demande sans aucun effet, selon Pascale Descamps, qui affirme que sa fille s’affaiblit de plus en plus. “Les enfants ont tous des diarrhées chroniques parce que l’eau n’est pas potable”, ajoute-t-elle. Depuis l’interpellation de l’ONU, “zéro signe des pouvoirs publics français”, confirme son avocat, Me Emmanuel Daoud.
La grève de la faim constitue, selon lui, “la démarche de la dernière chance”. Pascale Descamps a aussi déposé une plainte la semaine dernière, pour la seconde fois, devant la Cour de justice de la République, contre le ministère des Affaires étrangères, pour omission de porter secours.
Environ 80 femmes et près de 200 enfants français vivent dans les camps du nord-est syrien, leurs proches, relayés par des ONG et des instances internationales appelant à leur rapatriement. Paris dit suivre une politique du “cas par cas” et a jusqu’ici rapatrié 35 enfants, orphelins ou dont les mères ont accepté de se séparer.
Konbini news avec AFP