Le jeudi 20 février, L214 a révélé de nouvelles images choc dans un abattoir en Dordogne. On pouvait y voir la mise à mort de veaux, pour certains encore conscients, sur la chaîne d’abattage. Lors de son enquête, l’association a noté plusieurs manquements aux règles : lors de l’abattage standard, la tête de certains animaux n’était pas maintenue avant qu’ils soient étourdis, les employés ne vérifiaient pas si les veaux étaient bien inconscients avant d’être saignés…
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L214 a demandé la fermeture de cet abattoir. Ce à quoi Didier Guillaume, ministre de l’Agriculture, avait rétorqué le 23 février sur Europe 1, que “les images et les faits n’étaient pas avérés”.
“J’ai diligenté immédiatement des contrôles et les contrôles montrent que le respect du bien-être animal est là”, avait-il déclaré. La préfecture de Dordogne avait également, de son côté assuré “qu’il n’y avait pas de mise en évidence de non-conformité à la réglementation”.
C’était sans compter sur un échange de mails entre des hauts fonctionnaires du ministère de l’Agriculture que L214 a reçu par erreur. L’association vient de dévoiler leur contenu dans un communiqué de presse.
Dès la veille de la publication des images de l’abattoir, le ministère s’active. Dans une boucle de mails où 17 personnes sont présentes, une conseillère du cabinet envoie : “Il nous faut des edl [éléments de langage, ndlr] bétons pour ce soir…”
© via le communiqué de presse de L214
Ces éléments de langage sont ensuite listés et envoyés aux différents services : aux services du ministère de l’Agriculture, mais également aux services du commerce extérieur puisque l’abattoir exporte notamment en Israël, en Égypte ou encore aux États-Unis.
© via le communiqué de presse de L214
Dans un échange datant du 20 février à 10 h 04, quelques heures après la diffusion des images de L214, l’un d’eux écrit clairement avoir “fait la liste des non-conformités indéniables, voire majeures, relevées”. Pourtant, trois jours plus tard, le ministre Didier Guillaume assurait que “les contrôles [à l’abattoir Sobeval, ndlr] montrent que le respect du bien-être animal est là”.
© via le communiqué de presse de L214
Suite à ces mails, l’association L214 a demandé la démission de Didier Guillaume. Brigitte Gothière, cofondatrice, a assuré : “Nous sommes confrontés à un ministre qui dissimule le non-respect de la réglementation, qui n’ira jamais à l’encontre des lobbies de la viande, jamais dans le sens de l’intérêt général, qui ne défendra jamais les animaux”.
Mise à jour du 28 février : Depuis cette polémique, Didier Guillaume a finalement annoncé la suspension de l’abattoir.
“La brigade nationale vétérinaire s’est rendue sur place car la qualification de non-conformité ne se fait pas sur des vidéos mais sur du concret. À la lumière des premiers éléments qui me sont remontés hier soir, les deux experts nationaux du ministère mettent en évidence des problèmes de formation des salariés de l’abattoir. J’annonce non pas sa fermeture mais la suspension de cet abattoir. Dès que des mesures correctives seront proposées par ses gestionnaires, cet abattoir pourra reprendre son fonctionnement.”