Les violences conjugales, proclamées “grande cause du quinquennat”, ont augmenté en 2019. 146 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-compagnon, ce qui fait 25 victimes de plus que l’année précédente. La victime est en général une femme, de nationalité française, âgée de 30 à 49 ans ou de plus de 70 ans et n’exerce pas ou plus d’activité professionnelle.
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“Une réaction urgentissime”
“C’est une hausse effroyable, mais qui ne me surprend pas”, a réagi auprès de l’AFP Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes. Ça doit appeler une réaction urgentissime, le blabla ne suffit pas, il est nécessaire qu’il y ait des mesures fortes.” “Marlène Schiappa n’a pas fait ce qu’il fallait. Les principales mesures du Grenelle ne sont pas mises en place, les moyens ne sont pas mis pour protéger suffisamment ces femmes”, a-t-elle ajouté.
Le Grenelle contre les violences conjugales qui s’est tenu à l’automne “a permis une vraie prise de conscience et une mobilisation de toute la société face aux violences conjugales. Avant le Grenelle, 8 % de la population connaissait le 3919 [numéro d’aide, ndlr] : c’est désormais plus de 64 %”, a pourtant défendu Marlène Schiappa ministre déléguée chargée de la citoyenneté et ancienne secrétaire d’État chargé de l’Égalité entre les femmes et les hommes.
Pour Caroline De Haas du collectif #NousToutes, “ces chiffres correspondent à l’absence de politique ambitieuse”, “il y a un décalage entre l’affichage du gouvernement et ses résultats”.
“Mieux repérer et mieux protéger les victimes, mieux sanctionner les agresseurs constituent, dans le sillon du Grenelle des violences conjugales, mes priorités”, a assuré de son côté Élisabeth Moreno, ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes.
Bracelet anti-rapprochement en septembre
Le Parlement a adopté définitivement fin juillet une proposition de loi destinée à mieux “protéger les victimes de violences conjugales”. Ce texte introduit notamment une exception au secret médical en cas de “danger immédiat”. Une première série de mesures avait déjà été adoptée fin 2019, dont la généralisation du bracelet anti-rapprochement contre les conjoints et ex-conjoints violents qui devrait être mis en place en septembre.
Selon l’étude, la majorité (76 %) des homicides ont lieu au domicile du couple, de la victime ou de l’auteur, 31 % sont motivés par une dispute et 20 % par une séparation non acceptée. Selon les chiffres fournis par le ministère, 36 % des homicides ont été commis par arme blanche et 24 % par arme à feu.
“D’où l’importance d’une des nouvelles mesures qui est celle des saisies d’arme lorsqu’il y a plainte pour violences”, explique une source policière. Le détenteur d’une arme à feu légale est inscrit dans un fichier désormais systématiquement consulté si une victime dépose plainte pour violence.
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a pour sa part souligné “une mobilisation sans précèdent des forces de l’ordre sur la prise en charge des violences conjugales avec la mise en place de nouvelles méthodes et des formations renforcées pour tous les policiers et gendarmes”.
Le collectif “féminicide par compagnons ou ex” a recensé 152 cas en 2019. Sur cette base, l’AFP a opéré des vérifications pendant toute l’année 2019 auprès des services de police et gendarmerie, magistrats, avocats, maires ou proches des auteurs et victimes. Au total, l’AFP a décompté au moins 126 cas l’année dernière. Dans une dizaine de cas supplémentaires, les enquêtes n’ont pas permis de démontrer qu’il s’agissait bien de féminicide. Depuis janvier 2020, au moins 46 féminicides présumés ont été recensés, selon un décompte de l’AFP.
Le mouvement de lutte contre les violences sexistes et sexuelles #NousToutes a, de son côté, annoncé le 61e féminicide le 15 août et a recensé non pas 146 féminicides mais 152 pour l’année 2019.
Le collectif en appelle à des “politiques publiques aussi ambitieuses que celles menées sur la sécurité routière (par exemple). Cela demande des moyens. Et de la volonté politique”.
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