Plusieurs dirigeants de Nouvelle-Calédonie ont souhaité jeudi le départ du commandant de la gendarmerie, après la révélation du site d’information Mediapart de sa condamnation en 2020 pour violences conjugales. Celui-ci, condamné fin mai 2020 pour violences conjugales, est passé en juillet 2020 numéro un de la gendarmerie en Nouvelle-Calédonie.
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“J’ai signalé cette nuit aux plus hautes autorités de l’État que cette fonction était incompatible avec ce type de délit et qu’il fallait au plus vite prendre la décision de renvoyer ce colonel en Métropole”, a écrit Sonia Backès, présidente de la province sud où se trouve Nouméa, sur sa page Facebook. L’élue non indépendantiste ajoute que “dans un pays où 22 % des femmes sont victimes de violences […] la décision de changer la tête de la gendarmerie en Nouvelle-Calédonie ne doit pas souffrir d’une hésitation”.
Dans un communiqué, les députés Philippe Gomès et Philippe Dunoyer, ainsi que le sénateur Gérard Poadja, tous membres du parti de centre droit Calédonie ensemble, ont considéré que cette condamnation “disqualifiait le colonel Éric Steiger” et ont demandé son “remplacement”.
Ils ont cité le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui a récemment affirmé que “tout gendarme condamné pour violences conjugales ne devait plus être en contact avec le public” et que “les traitements de ces violences seraient désormais prioritaires pour les policiers et gendarmes partout en France”.
Le président du Rassemblement-LR et ancien président du gouvernement, Thierry Santa, a pour sa part estimé “qu’aucun dépositaire de l’autorité publique ne peut continuer à exercer ses fonctions quand il se rend coupable de tels agissements”.
Faisant allusion au troisième référendum sur l’indépendance, qui se tiendra le 12 décembre, les indépendantistes du FLNKS ont, quant à eux, “exigé le remplacement immédiat du numéro un de la gendarmerie, qui ne saurait incarner la droiture et l’engagement de l’exercice des compétences régaliennes sur place qui, à ce jour, est encore aux mains de l’État”.
Des violences physiques et psychologiques
Ces réactions font suite à des révélations mercredi de Mediapart, selon lesquelles Éric Steiger, nommé commandant de la gendarmerie en Nouvelle-Calédonie le 8 juillet, a été condamné en mai dernier pour violences physiques et psychologiques sur son épouse.
Ce colonel de 48 ans avait écopé en première instance, en février 2020, de six mois de prison avec sursis pour des violences commises entre novembre 2017 et juin 2018, avant de voir sa peine réduite en appel à 6 000 euros d’amende par la cour d’appel de Paris, a rapporté le site d’investigation.
Le site précise que l’épouse d’Éric Steiger avait, dans sa plainte déposée début juin 2018, expliqué avoir été bloquée contre une armoire la tête violemment tordue et avoir été insultée “d’illettrée, saleté ou grosse conne”. La fille aînée du couple serait intervenue plusieurs fois pour venir en aide à sa mère.
Éric Steiger est arrivé en Nouvelle-Calédonie en août 2020, en qualité de commandant en second de la gendarmerie, avant d’être promu. Contactée, la gendarmerie en Nouvelle-Calédonie a fait savoir à l’AFP qu’il n’y aurait “aucune réaction ni commentaire”.
“Quasiment tous les fonctionnaires à problèmes sont mutés en Outre-mer…”
Sur les réseaux sociaux, les réactions ne se sont pas fait attendre : de nombreuses militantes féministes ont critiqué la décision de promotion du gendarme, mais également le silence des réactions politiques quant à ce qui devait être la “grande cause du quinquennat”, selon Emmanuel Macron, à savoir la lutte contre les violences conjugales.
D’autres internautes ont aussi critiqué la politique de “parachutage” des fonctionnaires ayant eu des problèmes avec la justice dans les territoires d’Outre-mer. “Toujours, on ramasse les gros déchets de la métropole”, s’est indignée une internaute sur Twitter. “Quasiment tous les fonctionnaires à problèmes sont mutés en Outre-mer…”, se désole un autre.
Dans l’enquête de Mediapart, l’ex-épouse du gendarme déclarait : “Entendre les discours du ministre de l’Intérieur ou de [Marlène] Schiappa est une deuxième violence. Ce sont des paroles sans aucune mesure derrière. Les auteurs restent impunis ou sont promus.” Selon l’association féministe #NousToutes, au 19 août 2021, 77 femmes ont été tuées par leur conjoint ou leur ex-conjoint cette année.
Konbini news avec AFP