En Inde, on a inventé des parapluies à énergie solaire qui purifient la pluie

En Inde, on a inventé des parapluies à énergie solaire qui purifient la pluie

La start-up indienne ThinkPhi commercialise une installation urbaine vraiment pas comme les autres. Prenant la forme d’un parasol inversé couvert de panneaux solaires, cette invention écolo permet de capter l’énergie solaire tout en collectant et en purifiant l’eau de pluie.

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Samit Choksi et Priya Vakil, deux entrepreneurs vivant à Mumbai, la ville la plus peuplée d’Inde, ont des idées plein la tête pour contribuer à l’avenir environnemental de leur pays. En 2015, après quelques années passées au Royaume-Uni et aux États-Unis pour leurs études, ce couple d’innovateurs n’a pas tardé à concrétiser l’une d’entre elles, une invention propre et intelligente permettant de capitaliser sur deux atouts climatiques naturels de leur pays : les moussons et l’ensoleillement.

Deux ressources indispensables et renouvelables jusqu’alors sous-exploitées. “L’énergie solaire et la collecte des eaux pluviales – bien que pratiquées depuis longtemps – n’ont pas réussi à s’imposer dans le paysage dominant”, explique Samit Choksi.

Pour inverser cette tendance, il a donc lancé avec sa compagne la start-up ThinkPhi, qui propose un produit durable capable de collecter et de purifier de l’eau, tout en produisant de l’électricité.

Une ombre payante !

Aujourd’hui baptisé “1080W”, le premier modèle a d’abord été affublé d’un surnom très évocateur : “Ulta Chaata” (“parapluie inversé” en indien). Concrètement, il ressemble à un grand parasol qui aurait été retourné par le vent. Mesurant 4 mètres de haut, son envergure conique de 4 mètres sur 4 permet de collecter les eaux de pluie (notamment en période de mousson), qui sont ensuite orientées vers le mât de la structure.

Le filtre à charbon de l’installation, plus gros mais identique à ceux que l’on trouve dans les supermarchés, va ensuite purifier la pluie récupérée et ainsi fournir à son propriétaire de l’eau potable – une ressource qui fait encore souvent défaut en Inde.

Chaque année, 48 000 litres d’eaux pourront ainsi être collectés et filtrés. Un service auquel s’ajoute la fourniture d’énergie. La surface de l’Ulta Chaata est en effet couverte de panneaux solaires permettant de produire jusqu’à 1,5 kilowatt-heure (kWh), soit l’énergie nécessaire à l’éclairage d’une pièce ou à la recharge partielle d’une voiture électrique. En outre, on peut suivre les données de production via une application dédiée, tout en étant alerté en cas de problème.

Après une année et demie de développement, le premier modèle a été commercialisé courant 2016. Chez les particuliers ou en ville, ce parasol peut s’intégrer à une terrasse, un parc ou un parking (ce qui pourrait être très pratique pour la recharge de véhicules électriques).

Lorsqu’on sait que les autorités indiennes ont annoncé qu’elles ne voulaient plus qu’il y ait de ventes de véhicules thermiques dans le pays d’ici 2030, le pari de Samit et Priya apparaît d’autant plus avisé. Pour l’heure, le Green Building Council en a installé plusieurs sur son campus d’Hyderabad, dans le Sud de l’Inde.

La première usine qui l’a acheté était Godrej Interio, le plus grand fabricant de meubles en Inde. Ils étaient à la périphérie de Pune et ils n’avaient pas d’approvisionnement en eau courante. Toute l’eau supplémentaire qu’ils pouvaient récolter était donc utile. Ils construisaient également un parking et voulaient y installer un produit comme le nôtre”, raconte Samit Choksi.

Fin janvier 2018, plus de 200 modèles 1080W étaient déjà déployés dans le pays, permettant de récupérer quelque 50 millions de litres d’eau par an et de générer 337 500 kWh d’énergie.

Une solution fonctionnelle pour des villes connectées et durables

Mais l’ambition du couple va plus loin. Ils ont ainsi mis au point une version plus grande de leur invention, le 1080XL, pour des applications de plus grande envergure dans les gares, les métros ou les péages.

Avec une “voilure” de 20 m2, ce modèle permet de collecter jusqu’à 1,2 million de litres d’eau par an et de générer jusqu’à 40 kWh d’électricité.

Pour le XL, notre premier client à acheter le produit est le métro de Nagpur, ville indienne voulant faire figure de modèle de ville verte. Son installation dans une première station est prévue dans les prochains mois”se réjouissent les fondateurs de ThinkPhi.  Une confiance que le couple compte bien obtenir auprès d’autres villes et organismes. Ils viennent ainsi d’achever une nouvelle collecte de fonds afin de développer leur entreprise.

Contribuer à la transition énergétique de l’Inde et à l’essor des smart cities est leur ambition : C’est pourquoi nous avons fait évoluer notre produit vers une version plus grande. On peut ainsi maximiser la couverture solaire. Et tandis que les villes diminuent leur empreinte écologique, elles peuvent embellir leurs espaces par la même occasion avec une structure élégante”, argue Samit.

Aujourd’hui certifiés par les plus autorités indiennes et garantis sur la durée, leurs produits devraient donc connaître un bel essor. À terme, les deux entrepreneurs souhaiteraient s’attaquer à la question de la collecte des déchets.